Dans les très proches environs de San Cristobal se trouvent de nombreux villages peuplés par des communautés mayas d’origine Tzotzil.
Nous irons à San Juan Chamula, Lorenzo Zinacantan et San Pedro Chenalho pour s’imprégner de leur histoire. Nous sommes en mai, le coronavirus rode ou tout du moins, plutôt les peurs …Nous nous retrouvons les seuls touristes dans un village qui figure en principe sur tous les circuits de découverte du Chiapas. Et quelle chance, leurs églises ne sont pas fermées…à la différence des églises catholiques dans la ville de San Cristobal. Ces communautés ont défini leurs propres règles, situation qui nous convient bien, l’opportunité d’une « sortie » hors des murs de Madre Tierra…une porte ouverte sur une forme de syncrétisme évoquée régulièrement à travers nos discussions avec nos amis !
Paysages environnants de collines
San Juan Chamula
Nous nous rendons à San Juan Chamula un dimanche matin en espérant que le marché hebdomadaire aura bien lieu. A la station des collectivos (mini-bus locaux), on nous avait confirmé que l’église si unique dans son genre, était également bien ouverte.
Attention, dans cette communauté, les chamulas n’aiment pas les photographes et peuvent devenir virulents. En montant dans le mini-bus, notre regard accroche une affiche qui met en garde les touristes! En les photographiant, les mayas pensent qu’on leur vole leur âme. Le guide du routard précise même qu’il faut s’assurer des conditions de sécurité qui peuvent varier en fonction des tensions politiques du moment. Promis, nous resterons sages!
Nous traversons le marché, équipés de notre masque papier…mais après quelques mètres, nous nous interrogeons car personne n’en porte. Autour de nous, femmes et hommes s’activent dans le marché qui remplit les rues de Chamula. Nous sommes les seuls touristes, les gens sont indifférents mais avec nos masques, nous nous sentons de vrais extra-terrestres. Cela nous met mal à l’aise de ne pas pouvoir échanger au moins des sourires avec les personnes rencontrées…Et oui le sourire reste souvent le seul et meilleur moyen de contact avec l’autre quand on ne peut se comprendre!
Démasqués, nous descendons donc la rue principale qui conduit à l’église, principal point d’intérêt du village. Il règne finalement une sorte d’indifférence à notre égard, ce qui est plutôt mieux pour se promener. Mais nous savons aussi qu’ils peuvent devenir hostiles s’ils estiment que nous les regardons avec un peu trop d’insistance.
L’absence de babioles ou souvenirs sur le marché montre d’ailleurs qu’ils préfèrent ignorer le tourisme.
Les paysans étalent leur récolte et la laine fraîchement tondue de leurs moutons. La rue est remplie de stands d’articles en plastique pour la vie quotidienne, tissus, vêtements…Le marché regorge de fruits et légumes des environs, mais généralement trop beaux pour être bios! Le Mexique est malheureusement inondé par les engrais chimiques, pesticides et nous sommes mêmes très surpris de voir des poivrons, tomates, concombres, courgettes aussi gros, lisses et sans défaut…triste réalité du marché américain de l’agrochimie qui a pris le dessus…Il y a énormément de vendeuses de fil à broder de toutes les couleurs…des dizaines de bobines de fils sont alignées au sol. Magnifique cette palette de couleurs!
Toutes les femmes de Chamula portent encore une tenue traditionnelle. Elles ont une jupe en laine de mouton noir grossièrement filée. L’épaisseur de cette « fourrure » est proportionnelle à la richesse de la famille…un réel signe extérieur de richesse. Ici les brebis sont sacrées, traitées et protégées. On ne rase que la laine nécessaire aux besoins de la communauté. Les femmes portent ces jupes tous les jours de l’année. L’hiver, pour sa chaleur qu’elle procure et en été, pour son effet régulateur de température! Nous sommes quand même à 2300 mètres et le climat est tempéré et humide, avec une moyenne annuelle de 14 °C et des pluies fréquentes en été. Nous nous renseignons auprès d’une vendeuse pour connaître le prix d’une jupe traditionnelle…7000 pesos soit 350€ , ce qui est énorme par rapport au niveau de vie locale…Je passe mon chemin, de toute façon je n’aime pas la couleur noire !
Nous rencontrons quelques hommes, plutôt les « anciens » vêtus d’un genre de chasuble fabriqué traditionnellement également en poils de mouton.
Pour vous donner une idée , voici la photo d’une femme chamula prise en photo au marché de San Cristobal avec son accord ! En effet, nous ne sortirons quasiment pas l’appareil photo pour respecter les règles locales. On nous a expliqué à postériori que lorsqu’ils surprennent un touriste en train de les photographier, ils font appel à leur « service d’ordre interne » et cela peut exposer à la confiscation de l’appareil, une amende voire la prison pour quelques heures…on ne plaisante pas!
Les Chamulas appartiennent à une communauté relativement riche.Ils vivent sur une terre très fertile. Et avec leur sens du commerce plutôt aiguisé, ils gèrent les collectivos, ces moyens de transports locaux. Il s’agit socialement d’une communauté plus aisée qui ne représente pas la réalité moyenne des peuples indigènes du Chiapas généralement beaucoup plus pauvres.
Une des communautés réputée pour être parmi les plus conservatrice de la région
Les Chamulas s’organisent selon leurs propres rites et codes sociaux.Ils disposent de leurs propres lois, leur propre police. Ils sont les témoins vivants d’une civilisation qui n’a pas disparu sous la botte des conquistadors. Les indiens Tzotziles ont été de tout temps largement réfractaires à la colonisation. L’ Eglise catholique n’a pas réussi à totalement convertir ce peuple indigène du Chiapas qui n’a jamais pratiqué le catholicisme tel qu’on le connait. Les missionnaires ont du accepter la coexistence de rites chamaniques et animistes.Dans le système religieux des Tzotziles, coexiste un mélange de croyances mayas pré-colombiennes avec des éléments de la religion catholique, à la fois un culte des saints catholiques et la présence des guérisseurs.
L’ église trône fièrement au centre du village comme dans n’importe quel village mexicain mais la comparaison s’arrête là!
Une église qui n’a de catholique que ses murs !
Pour pouvoir entrer dans l’église, les Chamulas ont mis en place un droit d’entrée de 30 pesos (1,10€) pour les touristes…ils ont bien le sens du commerce! Et on nous explique qu’il est STRICTEMENT INTERDIT de prendre des photos à l’intérieur de l’église, mais pas de problème pour l’extérieur, bien sur sans la population locale..
Devant l’église se dressent 3 croix vertes. La croix n’a pas eu de mal à être acceptée. Ce sont en réalité des croix mayas et la barre verticale figure la voie lactée qu’intercepte horizontalement, la course du soleil. Elles sont peintes en vert, symbole de fertilité et de la vie. Y sont peintes des fleurs de couleur rouge (pour le soleil et le sang versé par les ancêtres), du jaune (richesse des terres) et blanche (pureté). Des branches de sapin ornent généralement les croix mayas qui sont souvent au nombre de 3.
Pour les mayas tzotziles, la Terre et la Pluie sont des éléments sacrés. La croix représente également les 4 points cardinaux et Ceiba, l’arbre de vie. La Terre est la Mère de la vie Universelle. Elle contrôle les forces cosmiques: le feu, le vent, la pluie, les éclipses et les tremblements de terre.
A côté de la place de l’église
Passés le porche vert orné de symboles colorés, nous entrons dans un autre monde!
Entrons dans l’Eglise et laissons-nous emportés par ce monde étrange
Nous plongeons dans un autre univers étrange…où une intense ferveur règne. L’ambiance est saisissante .Il fait sombre et la lumière ambiante vacille au gré des flammes des centaines de bougies allumées.
Le décor…Tout d »abord nous sommes saisis par l’odeur âcre de ces bougies qui brûlent. Saints et symboles chrétiens sont associés au culte des esprits et des mythes mayas. Le Christ a été remplacé par San Juan qui porte dans ses bras un mouton, l’animal sacré des tzotziles. L’église a été vidée de ses bancs. Des aiguilles de pin sacrées jonchent le sol. Leurs effluves embaument.Toutes les statues des saints sont alignées le long des murs, à l’abri dans des vitrines posées sur des tables. Ils sont habillés de vêtements traditionnels. Une partie des cloches (6) a même été descendue dans la nef! D’énormes bouquets de fleurs sont disposés dans de gros vases devant chaque saint. Des guirlandes de fleurs ornent certaines statues. L’ensemble forme un bel univers paisible.
Le dernier prêtre catholique a quitté le village de Chamula en 1867 et l’évêque n’a le droit d’entrer dans cette église qu’une seule fois par an pour les baptêmes! Les photos ci-dessous ont été trouvées sur le net (agence).
Nous nous asseyons au fond de l’église sur le côté et restons à observer ce bruissement continu d’incantations et prières. Le chamanisme est plus fort ici qu’ailleurs. Les personnes viennent surtout consulter les esprits en cas de maladie ou de problème. Des familles entières arrivent, s’installent au sol et commencent à disposer les bougies à même les pavés en les scellant avec la cire. Le choix des couleurs, la quantité de bougies, leur taille va dépendre de l’objet de la demande. La dame qui est près de nous dresse patiemment 8 rangées de 12 bougies blanches puis 4 rangées de bougies noires. Elle aligne des bouteilles de soda devant elle, dont le fameux Coca Cola. Même au plus fort des croyances mayas, la marque rouge a réussi à s’imposer…. L’absorption de la boisson provoque des rots destinés à extirper le mal de son corps.
Elle commence à faire des prières à haute voix tout en allumant les bougies. En réalité elle discute avec le Saint qu’elle a choisi d’implorer lors de la mise en place des bougies. A ses côtés, une dame plus âgée et un homme sont assis et suivent le protocole.. Nous nous demandons si cette femme n’est pas en train d’officier pour ces 2 personnes en tant que chamane. Car à d’autres endroits, nous pouvons observer des familles accompagnées d’un chamane guérisseur. On le voit réciter des incantations et régulièrement il pose sa main sur le poignet de la personne concernée pour prendre son pouls. Et fait beaucoup plus étrange, les familles apportent très souvent un poulet vivant dans un panier qui est utilisé pour la cérémonie. Nous craignions le pire après avoir assisté à des rituels hindous au Kérala avec des poulets qui avaient fini par se faire arracher la tête vivants…Ici, le poulet est tenu par les pattes par le chamane et promené tout autour du corps de la « patiente-patient » pendant que le guérisseur psalmodie. Nous ne serons pas témoins directement du sacrifice du poulet mais en principe le guérisseur lui tord le cou. Ce rituel est répété pour chaque membre de la famille: toutes les bougies consumées sont retirées et à nouveau des bougies sont savamment disposées pour la personne suivante.
Beaucoup d’indigènes posent au sol un oeuf. Nous n’avons pas l’explication précise. En tout cas l’humeur est plutôt bon enfant. Comme c’est dimanche, jour du marché, les familles sont chargées de leurs achats. Pendant que l’on procède aux cérémonies, les enfants sont également impliqués. Au fond de la nef, au pied d’un saint, il y a même un homme endormi allongé sur le sol…les effets du soin ?
Des informations glanées au musée de médecine maya de San Cristobal
Nous avons pu recueillir des informations complémentaires, que nous vous partageons ci-dessous, lors de notre visite au musée de la médecine maya à San Cristobal.D’autres informations sont détaillées vers la fin de l’article.
La chapelle ou église est un espace thérapeutique, sacré et vivant.
Le guérisseur ou chamane guérit des patients et réalise des purifications. Le patient doit se tenir debout ou à genoux ou assis tandis que les bougies sont placées au sol. Les couleurs dépendent de la maladie. Elles doivent être brûlées intégralement car elles sont considérées comme la nourriture de Dieu et des Saints. Ensuite le guérisseur prie d’une voix forte pour entrer en contact avec les esprits et les saints. Il prend de profondes respirations et expire fortement. Du basilic, des aiguilles de pin, parfois un oeuf ou un poulet sont passés au dessus du corps des pieds à la tête . Le chaman jette du Posh, alcool de maïs sur le patient, devant, derrière et sur les côtés pour chasser les mauvais esprits afin de purifier la personne.
Le soda peut remplacer le Posh car cela est plus facile à trouver et le gaz contribue, en faisant roter, à chasser le mal.
L’usage des bougies en fonction de la maladie à guérir
Le traitement de la MUCTA CHULELAL: « maladie de la grande âme »
1 bougie blanche pour Dieu qui est au ciel
2 bougies de couleur or, 2 bougies jaunes, 2 bougies noires, 2 bougies rouges contre la jalousie et les mauvais sorts
Pour demander une vie longue et meilleure
13 bougies blanches pour supplier Dieu, La Terre Mère et tous les saints et anges.
Pour guérir et empêcher les maladies
13 petites bougies blanches, 13 petites jaunes, 13 petites rouges, 13 petites de couleur or, 13 petites noires pour supplier Dieu qu’il soulage le corps et qu’il ne raccourcisse pas la vie.
Pour la Milpa, technique agricole de 3 cultures complémentaires: courges, haricots et maïs dite des « Trois soeurs »
Avec 13 bougies, on prie 2 fois lorsqu’on laboure pour ne pas se blesser en travaillant, puis une 2° fois pour supplier la Terre Mère pour que le vent ou la grêle ou les vers ne viennent pas détruire la milpa.
Nous assistons ainsi paisiblement au ballet incessant de différentes familles qui s’installent dans un coin de l’église. Il y a même un homme dont la tâche est de racler la cire fondue après que la cérémonie ait eu lieu pour faire place nette pour les dévots à venir.
A un moment donné, des homme vêtus de blanc, des mayordomos, entrent dans l’église avec un coffre en bois. ils se retrouvent alignés face à un des saints. S’ensuivent des prières et les pièces de tissus ornants ce saint sont retirées, pliées et rangées à l’intérieur de ce coffre. Le majordome occupe pendant une année une « charge » , rôle au niveau civil ou religieux. On les reconnait par leur vêtement traditionnel de fourrure blanche ou noire, serré par’une ceinture .Ces mayordomos ressortiront en procession de l’église, chargés de ce précieux coffre pour le rapporter dans leur village où il sera « vénéré » dans leur église.
Interdiction d’écrire…
Il y a également une personne de la communauté chargée de la surveillance. J’étais en train de prendre des notes sur mon téléphone et ce dernier m’a rappelé que cela était interdit…pourtant je ne prenais aucune photo! ..D’ailleurs quand j’ai ensuite pris une feuille de papier et un stylo pour continuer à écrire, il est revenu et m’a dit que cela aussi était interdit!
En tout cas, nous sommes souvent salués par des hommes âgés lorsqu’ils sortent de l’Eglise en passant à nos côtés. Un vieux monsieur s’est même assis près de moi pour entamer la conversation …mais il ne parlait que Tzotzil ! J’ai déjà du mal en espagnol …alors en Tzotzil ! Finalement, les Chamulas nous laissent une très bonne impression et nous ressentons de la bienveillance à notre égard…loin des clichés de notre guide touristique papier!!! Bien sur, il faut accepter leurs règles !
Des liens universels au delà des frontières
Cette incursion dans le monde chamanisme maya nous rappelle à certains égards l’approche chamanique vécue en Mongolie. La chamane mongole que nous avions rencontrée utilisait aussi un alcool fort pour purifier: la vodka …Elle aussi se mettait en transe pour entrer en contact avec les esprits pour guérir ses « patients ».
Que ce soit le chamanisme maya, mongol, l’animisme africain, nous retrouvons le concept de cette Terre-mère que l’on sollicite pour favoriser la guérison, les récoltes…Chaque tradition a instauré ses propres rituels pour entrer en communication avec cette Energie Universelle…
Ici à Chamula, la situation est plutôt cocasse …nous n’imaginerions même pas une seconde que nos rites païens et catholiques puissent coexister au grand jour dans nos cathédrales.Nous sommes restés au moins une heure assis en silence, immergés dans cette étrange atmosphère très spirituelle. La magie du lieu finit par opérer, on se laisse gagner par cette ambiance mystique.Ce syncrétisme religieux maya reste fascinant et fait partie des découvertes insolites de nos pérégrinations mexicaines!
Le petit musée de médecine Maya OMIECH à San Cristobal
Le petit musée de l’OMIECH de San Cristobal nous a permis de mieux comprendre cette médecine maya. OMIECH est une ONG : Organisation des Médecins Indigènes de l’Etat du Chiapas, l’ONG OMIECH; elle permet de promouvoir et développer la médecine indigène pratiquée par les mayas tzotziles et tzetales. Elle rassemble plus de 800 membres: sage-femmes, herboristes, guérisseurs…Dans certaines communautés, la Terre et la Pluie ont un aspect sacré et sont considérées comme la Déesse de la Vie Universelle.
Au coeur de ce musée, les vertus médicinales des plantes, minéraux et animaux sont expliquées.
Certains chamanes sont spécialistes « Connaisseurs de plantes », c’est à dire herboristes. Ils se rendent dans les montagnes pour couper des plantes qui sont classées en plantes « chaudes », « froides », « fortes », « douces », de « courte ou longue durée » . Il sait lesquelles utiliser selon le type de patient, homme, femme ou enfant et de sa pathologie. Et en fonction, il prescrira l’utilisation de la tige, racine ou feuilles, les modalités de préparation.
Nous retrouvons des connaissances analogues aux médecins ayurvédiques, ou chamans mongols, ou encore chez les aborigènes..Drôle de sensation, l’impression que le puzzle se reconstitue au fil de notre voyage…Nous ressentons profondément que notre Terre fait un TOUT… que les connaissances sont finalement universelles, déclinées en fonction des conditions climatiques locales. Tout le vivant qui nous entoure est à notre disposition pour nous permettre de nous soigner.
D’ailleurs, les groupes pharmaceutiques l’ont bien compris. l’OMIECH lutte contre la biopiraterie de ces multinationales qui veulent breveter certaines plantes aux vertus médicinales. Ce combat me rappelle aussi la même problématique en Inde avec l’Ayurveda. Les médecins ayurvédiques doivent retrouver des écrits de plusieurs centaines d’années (souvent sur des papiers de feuilles de riz) pour démontrer que le « médicament » est connu depuis des centaines voire des milliers d’années sur le plan oral (5000 ans pour l’ Ayurvéda) et qu’il ne peut donc être breveté!
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« La Terre est la mère de toute vie. Elle est la déesse de la montagne et gère les forces cosmiques. La faim et la colère sont des manifestations de son mécontentement. Le mal et la mort attaquent des 4 points cardinaux de La Croix, associés à des couleurs: rouge pour l’est, noir pour l’ouest, blanc pour le nord et faune pour le sud.
Guerre de religions au sein de la communauté de Chamula…
Depuis les années 1970, un violent conflit oppose les Chamulas « traditionalistes » à ceux convertis aux églises évangéliques ou optant pour un catholicisme progressif. Ces derniers contestent la main-mise locale des chefs traditionalistes longtemps liés au parti qui domina la vie politique mexicaine pendant près d’un siècle. En représailles, 40 000 évangélistes et catholiques progressistes ont été expulsés de ces communautés tzotziles, avec régulièrement des morts…Une manière de s’accaparer les terres !
Eglise de Zinacantan
En traversant ce village, nous nous sommes arrêtés pour jeter un oeil à l’église qui était ouverte. Il s’agit également d’une communauté Tzotzile mais plus tolérante …J’y ai pris quelques photos.
Toujours les trois croix vertes mayas…
Ici l’intérieur de l’église est moins spectaculaire qu’à Chamula. Les bancs sont toujours là. On retrouve une église remplie de fleurs, ce qui est magnifique. Saint San Lorenzo remplace le christ sur la croix. Et de nombreuses statues de saints sont disposées dans la nef.
A l’entrée de l’église sur un des murs est adossée cette croix verte avec des poteries d’animaux à ses pieds.
Le drame de San Pedro Chenalho
Nous avons traversé la communauté de San Pedro Chenalho (37 000 habitants) avec Héléna et Julio. Ce lieu est le village d’appartenance de la jeune femme dont l’histoire est racontée dans un livre que je vais lire prochainement: « When a Woman rises » (Quand une femme se lève) écrit par l’anthropologue Christine Eber. Elle raconte le chemin de vie d’une jeune fille maya qui décide de s’émanciper de sa communauté.
A Chenalho, des formations « Las Abejas » (Les Abeilles) avaient été mises en place par l’ Eglise catholique avec une vision de la Théologie de la Libération. Lors de l’insurrection indigène en 1994, cette communauté n’a pas pris les armes, mais a soutenu les mêmes objectifs que ceux des zapatistes, en organisant plutôt une lutte sociale. Mais le gouvernement mexicain a créé des groupes paramilitaires en recrutant des jeunes chez les évangéliques formés par l’armée. Ces jeunes étaient rémunérés et on leur fournissait même de la drogue pour les envoyer tuer.
Incendies de maisons, vols, agressions contre des femmes, meurtres ont poussé 2000 à 5000 personnes à fuir sans nourriture, sans eau avec des bâches pour se protéger de la pluie. Certains avaient trouvé refuge à Actéal, un village des environs.
Massacre d’Actéal
Le 22 décembre 1997, des dizaines d’hommes vêtus d’uniformes noirs et armés ont pénétré dans la chapelle. Le groupe paramilitaire a ouvert le feu sur ces réfugiés catholiques de la communauté qui étaient en train de prier pour la paix. 45 hommes, femmes et enfants ont trouvé la mort dans des conditions atroces, mutilations des corps, éventrations des femmes enceintes…Les auteurs de ces actes n’ont jamais été réellement inquiétés…La police d’Etat était pourtant seulement à quelques centaines de mètres de l’endroit de l’attaque….
La colonne de l’Infamie
Interpellés par la nature…
Au moment de reprendre la route, nous sommes tous fascinés par ce phénomène d’anneau…En fait il s’agit d’un nuage …