Cure Ayurvédique

L’ expérience de mes cures ayurvédiques au Kérala

Dès que j’ai eu connaissance de mon diagnostic du cancer du sein, j’ai aussitôt voulu intégrer l’ayurvéda comme une  médecine complémentaire aux traitements prévus. Après réflexion et discussion à la fois avec des médecins allopathiques et le médecin de l’hopital Anjanayam(au nord du Kérala), j’ai pris la décision de suivre, dans un premier temps, le protocole allopathique, devant le caractère alarmant du type du cancer triple négatif, à savoir:chirurgie, chimiothérapie en doses denses sur 6 mois et 33 séances de radiothérapie.

Il existe effectivement en ayurvéda des plantes qui peuvent être utilisées localement pour réduire, voire faire disparaître les tumeurs par application locale.J’ai longuement hésité devant la violence des traitements chimiques qui m’attendaient. Jusqu’alors, je me soignais presque exclusivement par homéopathie. Une fois sur place en Inde, j’ai mesuré comment il m’aurait été difficile, voire impossible de « lâcher prise » dans une confiance absolue. Comme la plupart des occidentaux, j’ai besoin d’explications pour comprendre et mon mental serait resté trop en effervescence, avec des doutes probablement sur l’efficacité du traitement ayurvédique. J’ai pu observer les patients indiens et constater comment ils se « remettent » au médecin Ayurvedique, sans poser de questions, avec foi dans leur guérison appuyée par les paroles du médecin.De ce fait, ils ne laissent pas la moindre place aux interrogations et cette confiance absolue va devenir  un des piliers de leur guérison.

 

Anjanayam est un petit hôpital d’une trentaine de lits, situé en pleine nature, situé entre 2 petites villes au nord du Kérala. Le bâtiment a été construit selon les principes du « vastu » (équivalent du Fengshui ) dans la pure tradition ayurvédique et l’ensemble du personnel: médecins, masseurs, cuisinières, femmes de ménage… contribuent à créer une ambiance paisible, où la bienveillance est le maître mot. La majorité des médicaments est également fabriquée sur place à partir de plantes, racines, écorces issues des environs, ou du jardin. botanique juxtaposant l’hôpital.

La cure commence par un bilan ayurvédique par la prise du pouls ayurvédique afin de définir les soins à réaliser.Au vue de ce bilan, le panchakarma prévoit des soins de purification nécessaires qui visent à nettoyer en douceur mais en profondeur le corps afin de le libérer de ses toxines (amas), le revitaliser et rééquilibrer les doshas. La disharmonie dans le corps s’installe à cause de l’accumulation de toxines d’ordre psychique, biochimique, psychique, environnementales, karsmiques…Il s’agit d’une cure detox qui cherche à purifier l’organisme en profondeur et à rétablir l’équilibre optimal.

 

 

 

 

Massages ayurvédiques quotidiens

Quotidiennement, j’étais massée à l’huile tiède (personnalisée) à 4 mains: massage abhyanga . Ce massage traditionnel d’une trentaine de minutes est loin d’être des patouilles. Il se fait de la tête aux pieds sur une table de massage traditionnelle en bois. Le massage est effectué plus ou moins intensément en fonction de l’état de santé de la personne. Lors de ma première cure de 4 semaines, juste après mon année de traitements de chimios et radiothérapie,  mon état de fatigue à l’arrivée a imposé des massages très légers.Ces massages ne sont pas toujours sans douleurs car  quand apparaît un point de blocage, la masseuse peut être amenée à exercer beaucoup de pression pour les faire partir ! Ces massages améliorent la circulation des fluides, la digestion, agissent également sur les articulations et le tonus musculaire. Ils apportent également sérénités et plénitude sur le plan émotionnel.

Généralement s’ensuivait un massage (toujours à 4 mains) avec des tampons secs chauffés  ou humides (remplis de plantes) trempés dans de l’eau tiède .

L’après-midi, en fonction des points sensibles qui apparaissent ou non, des cataplasmes (mélange de terre et blancs d’œufs) étaient appliqués au niveau dos, nuque, cuisses, mollets, bras…durant 1h. Parfois, il m’est aussi arrivé de garder la nuit entière des cataplasmes bandés au niveau des bras. En séchant, cela forme une vraie carapace, le cataplasme durcit .Et se laver au seau d’eau chaude et à la cruche occupait bien mes journées!

Médicaments à base de plantes

La prise de potions fabriquées à partir de plantes et autres végétaux est répartie en 5 fois sur la journée : 6h-11h-15h-18h – 21h

Les préparations ne sont pas toujours agréables au goût !!Il s’agit de décoctions de plantes à l’état brut sous diverses formes: liquide, solide à écraser au pilon ou en poudre à avaler avec de l’eau tiède, en huile…. Amertume, odeur particulière , saveurs épicées, aucun enrobage, pas de sucre…bref  des expériences de cocktails étonnants voire détonnants !

En milieu de cure, il y a une purge (Virachana), qui contribue à favoriser l’élimination des toxines récoltées aux quatre coins de l’organisme par l’oléation. Le matin, au réveil, à jeun, on boit un breuvage qui crée une diarrhée (sans douleur), tout en s’hydratant très régulièrement : un verre d’eau chaude toutes les 15 min pendant 4 heures. Puis quand la purge est terminée, on consomme du « petit-lait » avec du riz bouilli.Dans mon cas, elle s’est s’accompagnée de maux de têtes plus ou moins intenses, mais qui se sont résorbés dans la journée, fort heureusement!  C’est une journée de repos sans autres massages, ni activités, juste du repos.

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L’alimentation

Elle joue un rôle très important dans la médecine ayurvédique. Pendant la cure, elle est simplifiée, pour faciliter l’élimination des toxines.Nous mangions principalement du riz blanc, des légumineuses (haricot mungo), des légumes accompagnés d’une sauce aux épices variées plus ou moins pimentée, à base de coco, et quelques spécialités Kérala : puttu (à base de noix de coco), doshas (sorte de crêpes à la farine de riz)…en tout cas toujours du riz ou un aliment à base d effarons de riz à chaque repas ! J’avoue que cela peut devenir lassant .. j’ai de cela chance, j’adore le riz …mais Francis un peu moins.

Jamais de sucre, viande, œufs, laitages..un régime vegan en somme ! Nous le complétions avec quelques fruits autorisés  (bananes-pommes) achetés lors de nos rares sorties à l’extérieur de l’hôpital.

Yoga

Chaque matin, après la première prise des médicaments, et avant le petit déjeuner, le moment était propice pour faire une séance d’asanas (postures de yoga) adaptées aux besoins physiques et physiologiques de chacun. Des exercices de respiration nous étaient proposés pour aider à prendre soin de notre énergie vitale :pranayama. Et la méditation vient compléter cette approche ayurvédique. La beauté végétale de l’environnement de l’hôpital  avec arbres , fleurs et jardin botanique favorise le repli intérieur, contribue à trouver l’harmonie avec ce qui nous entoure, véritable pilier vers la guérison.

Quel bonheur également de profiter de ce temps ralenti pour échanger avec les autres patients indiens, certes de façon plus ou moins facile en anglais ou par gestes. Mais nos échanges étaient avant tout des échanges de coeur à coeur, ce genre de rencontres qu’on vit moins en France avec des inconnus.

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Et après la cure ?

Le pacha Karma n’est pas toujours de tout repos, il reste néanmoins un moment éprouvant, fatiguant pour le corps.  On termine la cure, certes purifié, équilibré  mais fragilisé et le repos est important.

Au retour de la cure, il est vraiment important de prévoir un temps de repos à la maison:  4 semaines de cure = 4 semaines sans efforts physiques pour laisser au corps le temps de sa régénération. La prescription des médicaments à base de plantes se poursuit encore 3 mois après le retour. Et continuer à pratiquer le yoga, permet d’entretenir le lien vers cette bulle de bien être!

La première fois, lorsque je suis rentrée à la maison , j’ai vraiment ressenti une très grande fatigue pendant 3 semaines…qui me rappelait mes états traversés durant mes traitements. Puis les bienfaits sont progressivement apparus dans les 2 à 3 mois qui ont suivi. J’ai commencé à retrouver mon corps plus souple, à pouvoir me baisser , m’accroupir , faire certaines postures de yoga avec beaucoup moins de douleurs. Ma digestion s’était nettement améliorée. Et ce qui est le plus difficile à décrire, c’est cette sensation de vitalité intérieure qu’on sent renaitre petit à petit .

1 Comment

  • Patricia De Val Real - Boutin
    Posted 12 octobre 2020

    Bonjour, j’ai le même cancer que vous, j’aimerai aussi aller faire la cure en Inde.

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