NOLA = La Nouvelle Orléans en Louisiane

 

 

Papeete – La Nouvelle Orléans, un long voyage de 9390 km

Le voyage s’annonce très long: 9390 km en 30h entre avion et bus ! 

Première étape, avec 7h40 de vol entre Papeete et Los Angeles au dessus du Pacifique … …6630 km !!!  Nous survolons la ville tentaculaire de Los Angeles, 3° aéroport du monde .

 

Nous avons 2h de transit avant de reprendre un avion pour Houston. Ici, les américains ont réglé les problèmes de transfert de bagages! Nous devons  nous-mêmes les récupérer et les déposer dans un autre terminal sur des convoyeurs, sans repasser par un enregistrement en comptoir . Au moins ils ne s’égareront pas !

Et le Covid ?

A l’arrivée à l’aéoport, une partie seulement du personnel porte un masque. Pas de contrôle de température, une petite affiche pour inviter les gens qui sont allés en Chine dans les 15 derniers jours à le déclarer sur une feuille de papier ! On ne ressent aucune psychose dans les couloirs ! Cela change de Papeete et tant mieux ! Jusque-là,  nous ne nous préoccupions effectivement pas trop du coronavirus par rapport à notre itinéraire, mais le chauffeur du taxi à Papeete nous avait ramené à la réalité ! Il nous a asséné d’informations très sombres sur ce virus, en craignant la fermeture prochaine des îles polynésiennes. Et actuellement (Mi-mars 2020), un débat médiatique s’est installé entre le  gouvernement  de Tahiti qui clame haut et fort qu’il n’y a aucun cas de coronavirus sur son territoire et les médias qui relatent qu’on leur ment…En nous déposant  à l’aéroport de Papeete, le chauffeur nous lance un dernier  « Il ne fait pas bon voyager en ce moment! »…

L’ aéroport est super moderne et vaste. Les contrôles policiers sont automatisés grâce aux machines de reconnaissance numérique …sauf que dans mon cas, la machine ne reconnaît jamais mes empreinte digitales…j’ai déjà eu le même problème en Chine: apparemment, mes empreintes ne sont pas très marquées…une « alien » comme aime le dire Francis…en tout cas, je suis bien la fille de mon père qui avait le même souci..et pourtant il s’agissait encore d’empreintes à l’encre de chine pour lui ! Du coup,  je dois passer au contrôle traditionnel! Heureusement, nous avons le temps !


2° étape avec le vol: Los Angeles – Houston  -2200 km 

Cette fois-ci, 3 h30 de vol à survoler les paysages désertiques de l’Arizona et le Texas avec ses grandes fermes et collines.

Changement d ‘État, changement d’ambiance. Beaucoup de personnes portent un masque à l’aéroport, des annonces récurrentes dans les haut-parleurs rappellent les règles d’hygiène pour se protéger du coronavirus !

Houston, grande métropole du Texas, liée au centre spatial de la NASA

3° étape en bus de nuit Houston-La Nouvelle Orléans 560 km

En tout cas gros changement de température. Nous devons attendre 30 min à l’extérieur de l’aéroport pour prendre un premier bus pour gagner le centre ville de Houston … Nous avons perdu 10 degrés , il ne fait que 20° et le ciel est bas et gris, il pleut quelques gouttes …Nous sommes gelés !  Ah, nous regrettons déjà Bora Bora, Maupiti, Moorea…

Il fait nuit et nous déambulons dans la ville de Houston dans ces immenses avenues (« blocks ») aux tours écrasantes  à la recherche du point de rendez-vous de FlixBus, compagnie de bus low-cost. Une bande de jeunes un peu louche, rassemblés à la lumière d’un réverbère nous renseigne. Nous avons 4 heures d’avance …Le bus n’arrive qu’à minuit, il faut que nous nous trouvions un endroit chaud où attendre et manger car cela fait bientôt 24h que nous voyageons avec seulement quelques biscuits à grignoter!

Nous nous réfugions dans un bar où les fans de sport se retrouvent. Nous sommes entourés d’écrans géants diffusant simultanément plusieurs chaînes de sport différentes…quelle cacophonie, mais nous sommes bien contents d’être là, il n’y avait que cela dans le quartier!

Coca cola à volonté et hamburgers végétariens ! Nous sommes bien arrivés aux Etats- Unis !

 

Flixbus de nuit pour se rendre à la Nouvelle Orléans , à 560  km de Houston.

L’hôtesse « Pitbull » du bus 

Nous restons interloqués comme tous les autres passagers  par l’accueil de l’’hôtesse Flixbus . Elle hurle ses ordres comme si elle avait affaire à un régiment. Elle exige que nous soyons tous bien rangés en file indienne pour contrôler nos tickets. Et une fois à l’intérieur du bus, elle veille à ce que chacun ait bien respecté la consigne de ranger  ses bagages à main au dessus des sièges. Notre voisin s’est fait verbalement agressé car il avait laissé son sac sur le siège vide, à côté  de lui! Elle n’a vraiment pas le sens de l’humour…Un vrai caporal chef ! Autant essayer de dormir au pus vite !

Enfin nous essayons de dormir,comme nous pouvons. Pas top,  on a toujours l’impression de voyager en camion frigorifique tellement la clim est excessive et nous frigorifie !  A 6h du matin,  le bus nous dépose à la gare de bus centrale au cœur de La Nouvelle Orléans. Le temps de prendre un café, de profiter du wifi pour commander un taxi par Uber..il n’y a effectivement pas de vente de carte SIM pour téléphoner dans la gare. Premier contact avec la réalité américaine de La Nouvelle Orléans: quasiment que des afro-américains dans la salle d’attente.

Enfin arrivés à bon port chez notre fils

20 min de taxi plus tard, nous retrouvons enfin notre fils ! Il habite en colocation dans une maison traditionnelle de la Nouvelle Orléans. Il n’est que 7h du matin, nous veillons à ne pas réveiller les 3 autres colocataires!

Après un bon petit dej, nous nous écroulons de fatigue dans le lit de notre fils qui part en cours. Il y a 2 mois et demi qu’il est arrivé à La Nouvelle Orléans pour faire son 2 ° semestre de master 1 jusque fin mai, en échange universitaire avec son école.

La maison est sympa et typique d’une maison néo-orléanaise: en réalité, il s’agit de deux maisons jumelées qui ont été réunies pour créer plusieurs chambres.

 

 

Première balade autour de l’Université de notre fils

En fin de journée, reboostés après un bon somme, nous prenons la  direction d’un joli parc près de l’Université de Tulane. C’est une université privée américaine, prestigieuse et très sélective, fondée en 1834. Il émane de ces anciens bâtiments une ambiance à la Harry Potter. 

 

 

Dépaysement assuré par ces maisons typiques en bois

Les maisons sont souvent construites tout en longueur  et les pièces sont distribuées en enfilade à l’intérieur. Ceci est lié au système de taxes qui sont calculées en fonction de la largeur de la façade.

 De magnifiques arbres le long des rues

 

La Nouvelle Orléans, son histoire

La Nouvelle Orléans est située sur les bords du Mississippi. Avec son agglomération, elle compte 1 300 000 habitants. Berceau du jazz, La Nouvelle-Orléans est marquée par l’héritage colonial français, que l’on retrouve aussi bien dans l’architecture ou les traditions locales.

Fondée en 1718, elle prend ce nom en l’honneur du régent Phillipe, Duc d’Orléans. Cédée en 1762 à l’Empire espagnol puis reprise par la France pour 3 années, La Nouvelle Orléans est définitivement vendue aux États-Unis, avec la Louisiane, par Napoléon Bonaparte au début du 19 °. Son port a eu un rôle majeur dans la traite des esclaves.

Peuplée à plus de 65 % d’Afro-Américains, La Nouvelle-Orléans est devenue dès 1910 un lieu de bouillonnement artistique et musical. Foyer de la musique afro-américaine, elle voit émerger de nombreux artistes de blues et de jazz, comme Louis Armstrong et Sidney Bechet, nés dans la ville, mais aussi de musique dite cadienne. À partir de 1916, il est interdit d’utiliser le français dans les écoles et en 1921,la Constitution louisianaise n’autorise l’usage que de la seule langue anglaise

 

 

 

Laissez les bons temps rouler”… Slogan Cadien

Nous nous déplaçons dans la ville avec le streetcar, ancien tramway ou à vélo .

 

En compagnie de notre fils, nous flânons à travers le centre historique, le Carré Français et il nous fait découvrir les délicieux  beignets au « Café du Monde », une « vraie tuerie » !


Nous partageons notre table avec une “ Néo-Orléanaise“ locale qui avait vécu une grande partie de sa vie dans la ville. Elle était de passage pour rendre visite à ses amis. Echanges inopinés toujours intéressants,  mais il faut «s’accrocher » pour comprendre son accent…très différent de l’australien, notre oreille n’est pas encore habituée!

 

Un autre « café-Beignets » avec très souvent un petit groupe qui joue du jazz pour agrémenter la discussion!

 


Le Mississippi

Le Mississipi a une longueur de près de 3800 km et traverse le centre des Etats-Unis. Avec son affluent le Missouri, le Mississipi est l’un des fleuves les plus importants du monde. Il vient former le delta du Mississipi où se trouve La Nouvelle Orléans et il se jette dans le Golfe du Mexique. 10% des marchandises américaines transitent par le fleuve.

A vélo, nous longeons le fleuve. . Le Natchez, bateau à roues à aubes, est amarré à quai. Il propose aux touristes des tours sur le fleuve Mississippi .

 

Cathédrale Saint- Louis

La cathédrale Saint louis se dresse fièrement avec le Cabildo musée d’état de Louisiane, ancien lieu du gouvernement espagnol d’un côté et de l’autre le Presbytère.

 

En face de la cathédrale, l’esplanade qui mène au Mississipi

Les magnifiques balcons en fonte

 

 

 

Bourbon Street

 

Lampes à gaz

Au détour d’une ruelle, nous entrons dans l’entreprise artisanale Bevelo Gas & Électricité lights, l’occasion de regarder un artisan fabriquer ces magnifiques lampes en cuivre. A La Nouvelle Orléans, il y a encore beaucoup de maisons qui ont un éclairage extérieur à partir de gaz naturel. La nuit, on peut voir les façades éclairées.

 

 

Au fil des  rues…

 

 

Les énormes mastodontes de voitures !

 

Mais aussi, pour les nostalgiques de la France…

 

 

Le Downtown De La Nouvelle Orléans

Le Downtown rassemble de grands immeubles et correspond au district des affaires, traversé par le tramway.

 

 

Le quartier Tremé, vieux quartier de NOLA

À l’époque de l’esclavage, le quartier Tremé est le quartier des personnes de couleur libres.Il est considéré comme le plus ancien quartier afro-américain des Etats-Unis. Nous avons aimé marcher dans ce quartier authentique, beaucoup moins fréquenté par les touristes que le quartier Français.

Le quartier Tremé a subi d’importants dégâts durant Katrina en 2005. La partie du quartier que nous découvrons semble très pauvre et de nombreuses maisons témoignent de la catastrophe .

Maisons de type créole

 

 

 

A l’opposé, le quartier chic du  Garden District

Dans ce quartier s’installèrent les américains après le rachat de la Louisiane par les Etats-Unis en 1803. Ils y construisirent des demeures majestueuses au style varié, de cottages de plain-pied aux manoirs historiques. Le défilé du Mardi Gras passe toujours sur Saint Charles Avenue.

Beau quartier très paisible, ombragé avec ses allées de chênes centenaires.

 

 

 

 

Passage près du cimetière Lafayette où les tombes sont construites en surface à cause de la faible profondeur de la nappe phréatique. Ceci est récurrent pour tous les cimetières historiques qui sont remarquables pour leurs cryptes en surface .

 

Sur la route des plantations de Louisiane

Avec notre fils, nous louons une voiture pour partir explorer pendant 4 jours les environs de La Nouvelle Orléans. Il nous a concocté un circuit pour découvrir les banyous et sa faune étonnante, l’histoire de l’esclavage à travers les plantations et les rives du Mississippi.

Nous en profitons pour s’arrêter dans un magasin de multimédia…j’ai repéré un nouvel appareil photo car pas de chance, mais notre deuxième appareil ne fonctionne vraiment plus. Ce serait dommage de ne pas pouvoir continuer à prendre des photos de ce que nous découvrons…

Il y a plusieurs plantations ouvertes au public. La plupart  se trouve entre la Nouvelle Orléans et Bâton Rouge. Nous empruntons la Great River Road qui longe le Mississippi où se dressent les plantations qui font la fierté de la Louisiane. Nous en visiterons deux: la plantation Whitney qui met volontairement l’accent sur l’histoire de l’esclavage et qui est un lieu de mémoire de l’esclavage,  à la différence des autres qui insistent moins sur « l’envers du décor ».  Et nous irons voir la plantation Oak Alley, célèbre par sa magnifiques allée de chênes, située à Vachery, entre la Nouvelle Orléans et Bâton Rouge.


Sur les pas d’Anne, une esclave …dans la plantation Whitney

Chaque visiteur se voit remettre un collier avec la carte biographique d’un ou une esclave ayant vécu à la plantation Whitney. Ann Hawthorne était une jeune esclave  ayant vécu ici et ayant été affranchie À l’âge de 10-12 ans. Elle est décédée à 85 ans. 

 

Quelques éléments sur l’histoire de l’esclavage:

Au début de la colonisation, les espagnols se sont vite rendus compte qu’il leur était impossible de transformer ces terres en terres cultivables sans aide. Ils ont d’abord utilisé les indigènes locaux pour mettre en place des plantations d’indigo. Ces dernières ont été converties en plantations de canne à sucre suite à la révolution haïtienne (1791-1804). Des réfugiés haïtiens sont venus en Louisiane avec leur connaissance du process d’extraction du sucre et ont permis le développement de ces plantations.

Entre temps, les espagnols ont commencé à faire appel aux esclaves africains plus faciles à contrôler que les américains natifs. La traite de l’esclavage a duré près de deux siècles de 1641 jusque 1808 qui signe la fin de l’importation des esclaves. Mais la réelle fin de l’esclavage est effective en 1863. Les esclaves sont alors émancipés.

Mais la plupart des esclaves sont restés pour travailler chez leur « ancien maître » qui leur payait un petit salaire journalier.. Qu’auraient-ils d’ailleurs pu faire d’autre ? Illettrés, acculturés …Avec leur faibles revenus, ils ont du faire face aux dépenses de nourriture, santé, vêtements. Le propriétaire procédait alors par avance sur salaire, et ce système de crédit rendait très difficile la possibilité de changer de lieu. Ces esclaves affranchis étaient rémunérés avec une monnaie uniquement utilisable dans la seule boutique qui appartenait au propriétaire…la boucle était ainsi bouclée…De ce fait, la plupart sont restés vivre dans de petites maisonnettes en bois à côté des plantations.


Jusqu’en 1975, les conditions de travail ont évolué et la plupart des travailleurs de ces plantations était des descendants directs d’esclaves.

C’est le cas de notre guide dont la grand-mère et ancêtres ont travaillé dans la plantation Whitney.


Le Code Noir

La population africaine a rapidement augmenté à partir de 1724 avec la mise en place du Code Noir français qui régule entre-autre le traitement des esclaves. Il fixe le statut patrimonial des esclaves comme des biens meubles, autorise la vente des enfants. Il décrit les châtiments des fuyards comme couper les oreilles, marquer au fer rouge d’une fleur de lys, couper la jambe et la condamnation à mort en cas de 2°récidive.

 

Il a fallut attendre 150 ans pour avoir un lieu dédié à la mémoire de l’esclavage

Cette plantation a ouvert ses portes aux visiteurs il y a seulement 5 ans pour la première fois en 262 ans! Elle est effectivement la 1° plantation à focaliser son contenu uniquement sur l’esclavage à travers ses reconstitutions, petit musée et statues d’esclaves, en mémoire des souffrances de ceux qui y périrent.

Le musée a été financé par un riche avocat blanc de La Nouvelle Orléans, John Cumming et découle d’un long travail d’investigations d’un historien sénégalais vivant aux USA depuis 2001. Il a notamment  retrouvé les noms des 354 esclaves qui ont travaillé sur la plantation. On retrouve ces noms sur le mur d’honneur de la plantation.

 

 

L’église

 


Visite des « cabanes » d’esclaves, maisons en bois au confort rudimentaire

 

« Big House », la maison des maîtres

L’habitation date du XIX° siècle, remeublée avec des objets de l’époque. Quel écart entre les deux mondes, les deux modes de vie, celui confortable des maîtres et celui si démuni des esclaves…

Vue depuis la maison sur une belle allée de chênes.

Mais ne nous laissons pas charmer par le décor, la réalité était bien différente pour les esclaves…

La plantation

 

Lieu de mémoire pour 107 000 esclaves de Louisiane

Un grand monument à la mémoire des esclaves: des stèles de granit gravées avec les prénoms de 107 000 esclaves ayant vécu en Louisiane avant 1820. Il y figure également des citations recueillies auprès d’anciens esclaves dans  les années 30.

 

Nous n’arrivons pas à comprendre tout ce que nous dit le guide car il a un fort accent américain! Mais nous pouvons percevoir à travers ses paroles son ressenti. Fils d’anciens esclaves, ses mots nous glacent, nous avons l’impression que c’est la voix de ses ancêtres qui crient à l’injustice…Il explique que l’espérance de vie en moyenne d’un esclave après son entrée dans la plantation était de 7 à 10 ans, en raison à la fois d’un travail très difficile, des risques de malaria sur place, de leur non-résistance aux maladies importées d’Europe par les colons.  Le prix d’un esclave variait entre 24 000 et 40 000 dollars d’aujourd’hui,  en fonction de ses capacités physiques et de son âge. Ceci est incroyable…Le guide nous explique qu’en 5 à 6 mois le coût d’un esclave était amorti…A cette époque, le sucre « valait de l’or », il était exporté dans les cours européennes qui commençaient à découvrir sa saveur.

 

Lieu de mémoire pour les enfants esclaves

 

Lieu de mémoire pour les adultes

Plantation Oak Alley à Vacherie !

La plantation a été fondée en 1837 par Jacques Roman, frère du gouverneur de Louisiane et beau-frère du propriétaire du «Petit Versailles », une autre grande plantation de la paroisse Saint James , l’un des plus grands planteurs de sucre américains.La famille élargie possédait près de 900 esclaves, hommes, femmes et enfants. Les domaines de la plantation  bordaient la rive ouest du Mississipi. Une partie de ces esclaves déchargeait des ravitaillements et du matériel des bateaux à vapeur et chargeaient des tonneaux de sucre et mélasse à destination de La Nouvelle Orléans. Les esclaves des champs étaient exposés à une vie encore plus rude et pouvaient travailler jusqu’à 18h d’affilée pendant la récolte de la canne à sucre. Chaleur écrasante, humidité, moustiques rendaient ces tâches extrêmement  pénibles…

Jacques Roman, fils d’une famille d’origine française,  y fit construire par ses esclaves une magnifique demeure en dépensant sans compter. Il fit de nombreux emprunts et utilisait ses esclaves comme garantie. De style neo-classique, la maison en impose avec ses 28 impressionnantes colonnes toscanes et ses larges galeries, influences du sud: vision parfaite du luxe louisianais.

 

Mais l’homme ne jouissait pas d’une bonne santé et 10 ans plus tard, il décède de tuberculose, à l‘âge de 48 ans. Celina, sa femme prend alors le titre de planteur et débourse des sommes faramineuses pour améliorer la plantation. Trop d’edettements, l’époque Roman se termina avec la fin de la guerre de sécession et la fin de l’esclavage sur les plantations. Les derniers propriétaires des lieux Les Stewart léguèrent leurs biens en créant une fondation qui permit la survie de la propriété.


Deux femmes Meanna et Célina, une même pièce et deux vécus aux antipodes…

La guide nous transporte dans la vie de l’époque à travers la vie de 2 femmes, Célina, l’épouse de Jacques Roman et Meanna, une des esclaves qui servait le couple dans cette majestueuse demeure… 2 perspectives complètement opposées …qui soulèvent beaucoup de questions …

Très souvent Jacques et son épouse Célina recevaient du monde dans leur salle à manger. La famille, les partenaires d’affaires discutaient finances,  politique, vente d’esclaves, plantations durant les repas. Célina occupe le devant de la scène, vêtue élégamment d’une robe de soie. Ses enfants sont dans la pouponnière à l’étage. Meanna, vêtue d’une simple robe de coton,  qui a 5 jeunes enfants se déplace autour de la table pour faire le service. Elle entend toutes ces conversations et doit rester de marbre face à ces discussions qui la concernent ainsi que tous ses compatriotes.

La guide est beaucoup plus nuancée dans ses propos que le jeune guide noir de la plantation Whitney. Il ne transparaît aucune émotion dans ses dires, elle raconte la vie de Meena sans empathie…et insiste plutôt sur le fait que les esclaves ont du être fiers d’avoir construit cette maison???

2 femmes nées à deux endroits différents de la planète qui se retrouvent à partager le même espace, l’une asservie à l’autre…parce qu’il avait été décrété que les noirs n’étaient pas des êtres humains…

Dans un angle de la pièce, un autre esclave était chargé d’activer l’énorme éventail Punkha fixé au dessus de la table: 2 mondes qui vivent côte à côte, un qui profite de la brise et l’autre qui rend possible cette brise …

Les photos à l’intérieur sont interdites…j’en ai trouvé une sur le net.

Vêtements des esclaves

 

Magnifique allée de 28 chênes verts tricentenaires

Cette double rangée de 28 chênes s’alignent sur 250 mètres et présentent une très belle perspective depuis la maison ou sur la maison. Ces arbres tricentenaires sont magnifiques et ont donné le nom à cette plantation: un couloir de verdure protégeant es ardeurs du soleil…une des images symboliques de la Louisiane qui associe la paradoxale douceur de vivre dans le sud des Etats -Unis et la misère de l’esclavage dans les plantations.

 

 

 

Lafayette, ville de 120 000 habitants

Lafayette, capitale du pays acadien, de culture et tradition francophone est une ville de fêtes et sorties nocturnes. Nous avions prévu une soirée musique cajun dans un bar local mais cela a été annulé pour cause de coronavirus ! Doucement mais sûrement, nous sommes en train d’être rattrapés par le virus…Soirée mexicaine en remplacement….un avant- goût de ce qui nous attend pour la suite de notre voyage . Cela change des hamburgers frites !

« Ball-trap à Lafayette »

A 23h30, nous entendons un échange de tirs à quelques rues de notre Airbnb  … sirènes de police… C’est une fusillade ! Et oui on est bien aux USA. Notre fils avait déjà fait cette expérience près d’un bar fréquenté par les étudiants de son université, à peine une semaine après son arrivée en janvier …

Voilà le genre d’affichage qu’on peut d’ailleurs trouver un peu partout !

 

Le quartier pourtant paisible d’apparence !

 

 

Les acadiens en Louisiane

Les cadiens forment un groupe ethnique en Louisiane qui compte les acadiens comme ancêtres. Le petit musée de Lafayette nous éclaire sur l’histoire des acadiens. Les acadiens sont descendants des premiers colons français établis en Acadie au 17° (province canadienne). Ils étaient établis à la frontière des territoires français et britanniques et l’Acadie est passée à plusieurs reprises d’un camp à l’autre, en adoptant la neutralité. Puis près des trois quarts de la population furent expulsés (maisons brûlées et terres confisquées) et déportés au 18°, entre autre, vers la Louisiane.

Pause déjeuner sur les bancs aménagés à la porte du petit musée

Les vêtements des acadiens

 

Les banyous et leurs alligators à gogo

 

Près de Breaux Bridge, ville acadienne,  nous passons 90 min à explorer les bayous et swamps en bateau. Le lac Martin est une réserve naturelle dans les bayous de la Louisiane. La végétation est spectaculaire et regorge de nombreuses espèces animales. Le paysage est fantastique. Suivant la luminosité, la forêt aux pieds dans les marais prend an air plus ou moins fantomatique ! 

 

 

Oiseaux à l’horizon

 

 

Tortues à profusion

 

 

 

L’eau est infestée d’alligators … de toute façon l’eau est tellement brunâtre que c’est facile pour eux de se dissimuler . Beaucoup lézardent au soleil sur des troncs flottants.

 

L’alligator n’est pas dangereux, nous pourrions nous baigner si on le souhaitait ! Ce qui explique que l’on puisse louer des kayaks pour explorer le lac ou pêcher.

Dans la boutique de souvenirs, on trouve des tas d’objets à base de crocodile!

Natchez, ancienne colonie francaise, dans l’état du Mississipi

La route traverse le bayou et sur certaines longues portions, la double-voie a été construite sur pilotis au dessus des marais.

Aux US, c’est appréciable de faire le plein ici: 0,47€ /litre! Mais c’est aussi pour cela que les américains roulent sans complexes avec des énormes monstres sans préoccupation pour la planète.


Nous avons changé d’état … après avoir longé le Mississippi, nous quittons la Louisiane pour l’Etat du Mississippi et nous passons la nuit à Natchez.
Natchez est à elle seule un condensé de l’histoire américaine avec la fin de la civilisation indienne lors de l’arrivée des explorateurs français en 1716. Ils ont installé la première colonie et ont construit un fort « Fort Rosalie » sur les rives du Mississippi. Natchez, ville de 15 000 habitants tient son nom de la tribu des indiens Natchez, qui honorait le soleil et qui vivait dans cette région. Au début les relations entre indiens et français étaient cordiales. Puis les colons décidèrent de les exproprier pour en faire une plantation de tabac. Il s’est ensuivi une attaque des indiens qui a détruit le fort et la riposte des français dans un second temps a décimé la tribu Natchez.

 

Cette ville voit la prospérité des plantations de coton grâce à l’esclavage jusqu’à la guerre de sécession (1862).  Du temps des barons du coton, la ville était la deuxième ville la plus riche après New York. Les bateaux à roues à aube naviguaient sur le fleuve. Les somptueuses demeures Antebellum des riches propriétaires de l’époque ont traversé les années. Il en resterait 500 et une quarantaine sont ouvertes à la visite avec un tarif très élevé de 25 dollars pour chaque demeure. Nous nous conterons d’en visiter une seule ! Dans la ville, il règne comme une forme de nostalgie du Sud qui a tendance à passer sous silence la mémoire de l’esclavage. Et il ne reste bien sur plus rien des indiens.

 

Aux abords de la ville, de petites maisons voire de misérables bungalows en bois délabrés côtoient ces quartiers, le Mississippi étant un des états les plus pauvres avec la Louisiane des États Unis.

Le bluff, falaises au bord du Mississippi

Nous empruntons le sentier qui surplombe le fleuve et qui dessert à la fois de belles demeures mais aussi de grosses maisons en état de délabrement…

 

 

Avec notre fils, nous commençons à discuter avec un natif de Natchez âgé de 91 ans, qui était en train de se relaxer sur sa terrasse. Il prend un énorme plaisir à nous raconter son enfance, sa vie.

Il nous explique comment le propriétaire de cette maison rose mégalomane en décrépitude est mort malencontreusement dans le glissement de terrain au pied de sa maison. En 1979, la falaise l’a écrasé dans sa voiture. Depuis ses descendants n’ont pas eu les moyens d’entretenir la maison qui revêt aujourd’hui un aspect réellement désolant.

 

 

 

Il est fier également de son petit-fils qui a réussi la sélection pour piloter les avions dans l’US  FORCE. Tout en l’écoutant, nous observons le soleil décliner sur le Mississipi.

 

 

Soirée au Blues & Biscuits

Nous passons la soirée autour de plats rustiques comme la peau de pomme de terre farcie ou encore un po’boy ….Super, il y a un chanteur de blues qui anime le bar.

Le Po’boy de l’anglais « poor boy » , est un sandwich servi dans un pain baguette dérivé du pain français.


Messe à l’église noire de Trinity Church annulée pour cause de coronavirus

J’avais repéré cette église noire, et oui il y a encore des églises dédiées aux noirs et d’autres aux blancs, pour pouvoir écouter des gospels …Nous sommes le 15 mars, la communauté a décidé de suspendre les messes.


A Longwood house… chez un planteur de coton

Haller Nutt, très riche propriétaire de plantations de coton a eu « les yeux plus gros que son ventre » quand en 1860, il voulut construire cette  énorme maison de 6 étages .C’est la plus grande maison octogonale des Etats-Unis, style inspiré de l’architecture orientale. Il n’a jamais pu l’achever car ses champs de coton ont été incendiés par les nordistes qui étaient contre l’esclavage.Ironie du sort,  il meurt à 48 ans d’une pneumonie et laisse sa femme et ses 8 enfants qui resteront vivre dans le sous-soubassement de la maison, avec peu de moyens. 

La visite est guidée par une femme en tenue de l’époque. Ici, on a le droit de prendre des photos. Seules les pièces sombres du rez de jardin sont meublées avec un mobilier très sobre. Dire qu’il devait y avoir 6 étages. Il n’y a que la charpente et les murs mais on peut imaginer ce qu’aurait pu être le résultat…trop vaste à notre goût !! Le parc de 36 hectares est par contre magnifique.

 

La salle à manger avec le ventilateur manuel actionné par un esclave

 

Les étages inachevés

Le plan de la maison

 

 

La vue depuis le salon qui aurait du situer à l’étage:

 


Chez William Johnson, esclave affranchi à 11 ans

William Johnson, le barbier de Natchez, a été affranchi à 11 ans, par son patron dont on pense qu’il était son père. Il ouvrit un salon de coiffeur et montra vite ses talents de commercial en en ouvrant d’autres. Ce qui lui a permis de faire construire cette grande demeure en 1840. Son journal intime est un témoignage très intéressant de la vie d’un affranchi.

 

Dernier pub local avant de reprendre la route pour La Nouvelle Orléans

Nous terminons notre petite virée avec un dernier stop dans un pub très local au bord du Mississipi. Puis nous rentrons sur La  Nouvelle Orléans tardivement, le temps de ranger nos sacs,  notre vol pour le Mexique étant très tôt le lendemain.

 

Poussés par le coronavirus à poursuivre notre voyage…

Nous écourtons effectivement notre séjour en Louisiane. Nous avions prévu de rester deux semaines chez notre fils, mais le coronavirus gagne du terrain. Nous craignons que les frontières ne ferment et ne nous permettent plus d’atteindre le Mexique. Notre fils, de son côté vient d’apprendre que l’Université Tulane anticipe les dispositions nationales et applique le principe de précaution. Les cours seront donnés dorénavant par vidéo conférence. Il est en train de s’organiser pour rentrer en Europe …À quoi bon rester, payer un loyer, devoir rester à la maison, alors autant rentrer en Europe !

Une des colocataires de notre fils, enseignante dans une école française,  m’avait proposée de venir dans sa classe. Mais pas de chance, elle venait d’apprendre également que son école avait décidé de fermer pour quelques jours dans l’attente de savoir comment la situation allait évoluer.

Ce court séjour d’une semaine nous a déjà bien permis de nous imprégner de cette ambiance louisianaise. L’ histoire des plantations et de l’esclavage nous a bousculés ….Nous avions déjà vu au Sénégal et au Togo les portes de non-retour par lesquelles les esclaves embarquaient ….maintenant la boucle est bouclée …Nous nous sommes immergés dans leurs conditions de vie …pour ceux qui avaient survécu à l’enfer du transport en bateau …

 

 

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1 Comment

  • yolande trinite
    Posted 1 juin 2020

    Coucou les trotteurs,
    Comme j’ai mis un peu de temps à vous lire, déconfinement oblige (retour au salon de coiffure, chez la kiné, les petits- enfants , les boutiques pour soutenir le petit commerce, les parcs pour nous sentir part de la foule même si à distance, les copains pour les apéros en jardins…etc…) je viens de me rendre compte qu’il n’y avait pas de « comment » prévu chez les Mayas (alors que cette civilisation me fascine depuis mes 12 ans qui n’en voyaient alors que le mythe sans la cruauté des rites!) Du coup je reviens à la Nouvelle Orléans pour faire le parallèle entre les vieux quartiers de là-bas avec ceux d’Alexendria à Sydney (derrière Redfern): même palissades et rebords sculptés , les uns en bois, les autres en métal, et les mêmes briques rouges pour les plus grands édifices!
    Décidément la planète est ronde et les peuples se touchent!
    En espérant que vous allez bien et que vous pourrez bientôt de nouveau reprendre la route
    gros bisous
    Yo

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