Île de Pâques …Rapa Nui, le « nombril du monde »
Pour rejoindre l’île de Pâques au plus court, 2 possibilités: soit partir de Santiago au Chili, ou faire le trajet depuis Tahiti.
Nous avons 5h45 de vol depuis Papeete avec 5h de décalage … cette fois-ci, on avance dans le temps, nous avons décollé à 2h30 en pleine nuit pour attterir sur l’île mythique à 13h….fabuleuse île de Pâques qui fait rêver tout le monde par ses mystères!
Nous sommes accueillis à l’aéroport par les policiers qui portent un masque … c’est la première fois depuis janvier…(nous sommes mi-février).
Adios le miel acheté pour de futurs cadeaux ! Notre omission de déclaration n’échappe pas au détecteur Xray des douaniers pascuans. Ces fameux deux petits pots de miel australien avaient réussi à passer au travers des contrôles tahitiens mais malheureusement pas à ceux de l’île de Pâques. Enfin, nous ne pouvons pas leur en vouloir de protéger leur île!
L’aéroport est minuscule…il y a peu d’avions qui desservent l’île de manière à limiter le nombre de touristes sur l’île. Depuis Papeete, il y a seulement un vol par semaine et comme nous effectuons un aller-retour, nous avons ainsi une semaine pour découvrir Rapa Nui, c’est ainsi qu’est nommée l’île de Pâques par les polynésiens d’origine. La plupart des touristes font une escale sur leur trajet Santiago—Papeete et reste de 3 à 5 jours. Des bateaux de croisière déversent également leurs passagers au rythme de un à deux par semaine.
Les formalités administratives prennent beaucoup de temps.
IORANA
Notre hôte Carole nous attend à la sortie pour nous conduire dans le Airbnb que nous avons réservé. Accueil avec un chaleureux IORANA (bonjour en langue Rapa Nui) à la polynésienne avec un très joli collier de fleurs fraîches.
Notre gîte est à 30 min à pied du centre de Hanga Roa, l’unique ville de l’île… Notre maisonnette ici s’appelle «cabanas»; nous sommes dans un coin tranquille en pleine campagne avec 2 arbres aux magnifiques grosses fleurs: le pureau. Nous en avions déjà vus en Papouasie, on dirait que les fleurs portent une bougie en leur centre ! et le plus étonnant est qu’elles changent de couleur dans la journée au fur et à mesure qu’elles vieillissent: elles passent du jaune pâle à l’orange puis au rose rougeâtre quand elles tombent.
Nos voisins touristes chiliens nous donnent pas mal d’infos sur leur pays. La jeune fille est enseignante et elle me décrit le fonctionnement du système scolaire chilien. Encore un pays où il est très difficile de sortir de sa condition sociale sans argent, tellement la qualité d’enseignement est déplorable. L’école privée est malheureusement la seule voie possible pour trouver un emploi qualifié…et les frais sont tellement élevés que ce jeune couple se pose même la question d’avoir un enfant, tellement l’éducation entamera le budget familial…
Le coût de la vie étant très cher, tout ou presque étant importé du Chili, nous avons opté pour ce bungalow avec possibilité de cuisiner. Nous avons également 2 chiens et un chat qui nous ont adoptés …prêts à terminer tous nos restes …ils ont l’air d’apprécier notre régime de végétariens !
Une voiture s’avère néanmoins nécessaire pour découvrir tous les recoins de l’île et surtout pouvoir assister au lever de soleil quand bon nous semble! Une alternative pourrait être le cheval mais notre niveau de cavalier est trop modeste!
L’ile de Pâques…une île polynésienne …
Nous découvrons, acculturés que nous sommes, que l’Ile de Pâques est une île polynésienne. Hawaï, la Polynésie française et l’île de Pâques forment le triangle sacré partageant la même culture polynésienne.
Les premiers habitants sont des polynésiens arrivés sur l’île de Pâques autour du 8°siècle en provenance des îles Marquises, Îles Cook…l’île de Pâques était recouverte d’arbres. Les Rapa Nui ont établi une civilisation unique marquée par la construction des « ahu », sépultures et centres cérémoniels et l’érection des célèbres statues, les « moai », à partir du 11° jusqu’au 17° siècle environ. Autre caractéristique, le Rongorongo, écriture océanienne unique, encore jamais déchiffrée à ce jour. Au 17° siècle, l’île comptait 15000 habitants puis des guerres tribales ont eu lieu juste avant l’arrivée des colons au 18°siècle, qui conduisirent au renversement des moai.
Au 19°, la population Rapa Nui avait quasiment disparu. Une grande partie de ses habitants a été déportée en tant qu’esclaves au Pérou. En 1888, le Chili annexa l’île. Puis durant 50 années (1903-1953), une entreprise chileno -écossaise y implanta 70000 moutons pour produire de la laine, les Rapa Nui étaient alors cantonnés à Hanga Roa sans terres à exploiter. Les pierres des plateformes cérémonielles servirent à ériger des murs pour parquer les moutons, réel préjudice au patrimoine.
Bien qu’il se soit adapté au mode de vie occidentale, le peuple Rapa Nui reste néanmoins très attaché à son histoire, culture et traditions. La danse traditionnelle reste une des formes d’expression les plus vivantes de la culture polynésienne. Nous avons pu assister à un spectacle: le fondateur de Kari Kari a expliqué qu’il avait créé cette académie de danse dans le but de transmettre les traditions du peuple Rapa Nui aux plus jeunes.
Les danseurs sont tous des musiciens, chanteurs, apprennent à graver le bois, à utiliser des plantes pour se soigner, à parler le rapanui, connaître la nature…Les spectacles, certes, sont conçus pour les touristes pour leur présenter les légendes locales à travers chants et danses. Mais ils sont l’aboutissement d’un processus plus global de préservation de la culture rapa nui. Les hommes sont les plus impressionnants dans leurs mouvements du bassin… Jetez un œil à la vidéo pour vous faire une idée !!
Tatouages
La plupart des rapa nui arborent de magnifiques tatouages sur leurs bras, jambes , dos … ce sont de magnifiques représentations en lien avec des symboles ethniques …une très grande finesse de dessin , le résultat est de toute beauté, une réelle œuvre d’art … sur une peau ambrée et un corps généralement body sculpté … Regardez bien la vidéo pour vous en rendre compte !!
Un confetti isolé au milieu du Pacifique
A plus de 3700 km des côtes chiliennes, 4000 km de Papeete, il y a de quoi se sentir isolés! Aucune terre en vue ! Enfin presque , l’île de Pitcairn avec ses 50 habitants est plus proche à 2000 km…Alors ne parlons pas d’internet … 2 zones de wifi publiques gratuites ont été mises en place à Hanga Roa, la seule ville de l’île qui compte 9000 habitants. Mais le signal est tellement faible que nous n’arrivons même pas à faire de recherches internet! Même avec une carte téléphonique locale, le signal se limite à la ville d’Hanga Roa et ne permet pas de connecter au blog par exemple !
Pas grave, nous ne sommes pas là pour être sur internet! Allons découvrir ces Moais (nom donné à ces immenses statues) qui étaient là bien avant cela et qui ont beaucoup à nous apprendre!
Une semaine déconnectés pour profiter pleinement de cette fabuleuse île de Pâques et de son « aura mystique », véritable musée à ciel ouvert.
A la recherche de pesos chiliens
Mais avant de pouvoir découvrir ces colosses, nous avons besoin de pesos chiliens pour pouvoir acheter notre billet d’entrée pour le parc national (valable pour tous les sites archéologiques et le petit musée de l’île ). Seul du cash en pesos ou en dollars est accepté . Mais les 2 distributeurs ne fonctionnent pas, peut être dans 24h ! Heureusement un polynésien nous indique où changer des euros … à l’unique station service de l’île! A nous maintenant la découverte de cette île si mystérieuse avec le pass!
Délicieux ananas !
Les ananas de l’île de Pâques sont petits mais extrêmement sucrés. Les fermiers viennent les vendre au centre de Hanga Roa, ils les épluchent et ces délicieux ananas se mangent comme une sucette! Nous avons pris l’habitude d’en manger un tous les jours!
Location d’un vieux 4*4 , un Jymny
... dire que l’agence nous proposait de nous louer une citadine blanche ….Alors que la route est truffée de gros nids de poules et l’accès à notre « cabanas Purau Iorana» se fait par un chemin de terre! Et il faut savoir qu’au Chili, il n’existe aucune assurance avec les véhicules de location …. d’ailleurs pas de réel contrat ! S’il arrive quoique ce soit, nous n’avons que nos yeux pour pleurer et régler les réparations! Du coup, on se retrouve avec le seul 4*4 qui reste, le plus pourri de tous, rayé , cabossé, rouillé et sale… à se demander s’il n’y a pas eu de l’huile renversée sur le tableau de bord et au sol … c’est gras partout ! Mais ça roule … au moins, si on accroche quelque chose, cela ne se verra pas !! La citadine était flambant neuve !
Après 6 semaines en Australie, il faut se réhabituer à conduire à droite … un certain flottement les premières heures ! Et sur l’île de Pâques pas de risque de voir débouler un kangourou mais plutôt des chevaux et vaches qui sont en liberté !
Le plus gros danger reste les nids de poule … ils ont la taille de nids d’autruche voire de baleine, si elles pondaient des œufs ! Attention à ne pas casser un essieu parce que l’on n’est pas assuré ! Sur les routes, les habitants roulent avec des voitures dans un tel état…on qualifierait cela d’épaves chez nous !…Nous croisons les doigts pour qu’il n’y ait aucun accrochage, ni accident !
Première rencontre avec les moai
Les moai sont des sculptures massives de personnages représentant les ancêtres du clan qui mesurent entre 1 et 10 m de haut, et peuvent peser jusqu’à 80 tonnes. Leur visage est très particulier avec un long nez, sourcils épais, oreilles rectangulaires, yeux profonds. Ils étaient dressés dos à l’Océan Pacifique et une hypothèse est qu’ils veillaient sur leurs habitants dont les villages se tenaient généralement au pied. En fait beaucoup de moai ont été mis à terre suite aux guerres claniques et d’autres ont aussi été renversés lors d’un tsunami en 1960.
Le culte des ancêtres était commun à toute la Polynésie. Ils croyaient que le mana (énergie spirituelle) des personnes importantes continuait d’exister après la mort, avec la capacité d’influer sur le cours des évènements bien après leur décès.
Depuis les travaux de restauration au 20 siècle, certains moai ont été complètement restaurés et remis debout .
MOAI, image emblématique de l’île de Paques
Coucher de soleil à Tahai pour notre première soirée sur l’île de Pâques …point de rendez-vous incontournable pour tous les touristes! Mais l’endroit est vaste et l’ambiance est propice à la sérénité… un peu comme dans une cathédrale à ciel ouvert !
Le lieu est fascinant, une plateforme avec 5 moai, un autre au centre et sur la droite un autre moai qui observe de ses yeux de corail cette petite foule a ses pieds.
Les appareils photos crépitent, les selfies s’enchaînent… le spectacle est si grandiose que nous cherchons à l’immortaliser ! Le soleil déclinant à l’horizon à l’arrière de ces géants ne fait que rehausser la grandeur du lieu mythique !
Extraordinaire arc en ciel, un cadeau du ciel !
Nous avons eu la chance un matin d’apercevoir cet extraordinaire double arc-en-ciel parfait au dessus de ces moai…un truc incroyable !
Le bonheur de journées plus longues
Nous savourons notre soirée avec un soleil qui se couche vers 21h… cela fait 7 mois depuis notre départ de la France que nous n’avions plus connu une soirée aussi longue ! Et ici on peut aller au resto à 21h30 et être servis ! Changement de rythme de vie … En Asie à 18h le soleil était déjà très bas et la vie s’arrêtait vers 21h … par contre à 5h du matin , les locaux s’activaient … En Australie, dès que la nuit était tombée vers 18-19h, en plein bush pas de bar ou resto pour sortir, pas de wifi, ni réseau pour regarder un film … repli dans le camping-car à l’abri des moustiques et «extinction des feux » comme les « poules »!
Nous fêtons notre changement de continent et par la même occasion la Saint Valentin dans un petit resto qui surplombe ces moai au loin dans la nuit! Cerviche très goûteuse !
L’île de Paques, un triangle volcanique
Vue du ciel, l’île dessine un triangle avec un volcan éteint à chaque angle. L’île s’étend sur 100 km2 soit 24 km de long pour 12 km de large avec le Maunga Terevaka qui culmine à 507 m. L’île est parsemée également de multiples cônes volcaniques de plus petite taille.
En traversant ces grands espaces complètement déboisés, on peut se croire tantôt en Bretagne avec des falaises jusqu’à 300 m de dénivelé, des côtes déchiquetées noires et tantôt en Écosse avec ses étendues herbeuses d’un joli vert. Mais nous restons impressionnés par la couleur bleu cobalt intense de la mer… contrastant avec le vert des herbages, le noir de la roche volcanique, le ciel bleu …et bien sur, une température qui doit tourner autour de 26 degrés en journée et qui descend à 20 degrés la nuit. Un paysage radicalement différent de celui très désertique et chaud de nos 6 dernières semaines en Australie Occidentale.
Rano Raraku, la carrière de tuf
Nous déambulons dans la carrière de tuf, au pied du volcan où ont été sculptés près de 900 moais. Tous les moai de l’île proviennent de cette carrière.
Certains n’ont même pas été excavés de la roche, ils ressemblent à des gisants qui se sont endormis. Le tuf est une roche volcanique tendre qui résulte de la consolidation de débris volcaniques. Quand la sculpture du visage et la face avant étaient terminées, les ranapui creusaient des fosses pour pouvoir mettre sur pied ces géants de pierre de 12 tonnes.
Puis ils continuaient les sculptures du dos. Tous les moai ont un corps pourvu de bras et de mains aux doigts curieusement effilés, qui se rejoignent sous le nombril. Les ouvriers utilisaient un toki, outil en pierre, pour sculpter leur mégalithe.
Le dos des statues présentent également des pétroglyphes de formes diverses.
Les orbites du Moai n’étaient pas taillées tant qu’il n’avait pas été érigé sur la plateforme. Tailler les orbites équivalait à ouvrir les yeux du moai et faire revenir son « mana » (esprit) à la vie. Nous en croisons certains au dos inachevé, d’autres partiellement engloutis par les alluvions , déchets de gravure, érosion de ces derniers siècles.
Le plus grand moai de 20 m jamais terminé
Ce moai ci-dessus mesure près de 20 mètres .
En 1916, Catherine Routledge est la première à effectuer une excavation pour démontrer que la partie visible n’est que le haut de statues plus grandes.
Certains moais étaient prêts à prendre le chemin pour «avancer » vers l’ahu ( plateforme de pierre) selon la légende qui veut que les moai marchaient pour se déplacer …. c’est d’ailleurs l’un des grands mystères de l’île de Pâques. Comment ont-ils été déplacés ? Certains moai devaient parcourir au moins 15 km!
Le mystère de ces moais
Beaucoup de théories existent à propos du déplacement du molosse: soit couché face contre terre sur des rondins, ou en position verticale, tiré avec des cordes comme on peut imaginer aujourd’hui le déplacement d’un frigo lors d’un déménagement : ceci est la dernière technique testée sur une centaine de mètres. Toutes les hypothèses sont relatées au musée d’Hanga Roa, même celle d’extra-terrestres En qui auraient aidé. En tout cas, ce convoyage quelqu’il soit, ne devait pas être facile quand on voit le nombre de moai au sol cassés le long du chemin.
Véritable photo d’une civilisation qui s’est brutalement arrêtée au 16-17°
Nous nous promenons entre tous ces moai à différent stade d’avancement. Drôle d’impression. Pourquoi tout s’est subitement arrêté ? Une sorte de ville fantôme …tous ces moai abandonnés…
Une guerre des clans ? On nous explique que chaque Moai était érigé en honneur d’un chef de clan, mais le nombre de 900 moai en voie d’achèvement interpelle! Il n’y avait pas autant de clan, des estimations situent la population à 10000-15000 habitants … De nombreuses hypothèses: sont évoqués des problèmes climatiques, disette en raison d’une population trop élevée par rapport aux ressources de l’île, guerres civiles, séisme et tsunami, changement de culte…toutes ces questions sans réponses expliquent que l’Ile de Pâques reste aussi mystérieuse.
Quand on aime, on ne compte pas!
Nous avons eu la chance de pouvoir retourner une deuxième fois dans cette carrière. Normalement le pass ne permet qu’une entrée sur ce site, de manière à limiter le nombre de visiteurs. Mais la première fois, nous n’avions pas pu tout voir, notre guide nous avait montré les points les plus importants et ce jour-là, la luminosité n’était pas terrible.
Nous tentons, le ranger est compréhensif et nous autorise exceptionnellement à y entrer une 2° fois…en plus, il y a très peu de touristes à 16h, les petits bus de croisiéristes sont repartis et l’effet coronavirus commence à se faire sentir sur l’île avec une réduction du nombre de réservations.
Nous nous attardons dans le cratère que nous n’avions pas vu la première fois, où 70 moai se dressent à moitié enfouis ou debout près d’un petit lac quasiment asséché. Nous sommes seulement avec 4 autres touristes.
Unique Moai agenouillé!?
La forme de cette statue diffère, elle est arrondie et est dotée de jambes repliées !
Prêts à se relever ?
Carrière de basalte rouge pour les Pokao
Des coiffes cylindriques rouges ornent la tête de certains moai . Elles représentent une coiffure masculine répandue dans les temps anciens, avec un chignon. D’ailleurs beaucoup de rapanui ( locaux) sont ainsi coiffés.
Ces coiffes ont été taillées dans la roche volcanique rouge du petit cratère Puna Pau. Les moai se voyaient ainsi coiffés une fois érigés sur le lieu de destination finale. La pièce s’emboitait sur le haut de la tête comme une pièce de lego.
Du haut de la carriere, superbe vue sur l’île.
Lever de soleil à TONGARIKI
Ici le soleil se lève plus tard qu’en Asie … 7h50… plus confortable ! On nous a conseillés d’arriver à Tonjariki pour 7h20, heure d’ouverture du site et comme il y a 30 min de route, se lever à 6 h reste quand même difficile à cause du décalage horaire!
Découvrir le site de Tongariki, à l’est de l’île, est magique: très impressionnant … il fait encore nuit, nous ne voyons rien et progressivement 15 Moai prennent forme devant nous au fur et à mesure que nos yeux percent l’obscurité … ils nous apparaissent très massifs en rangs bien rangés scrutant l’horizon bien au delà de nos têtes!
Le soleil en arrière-plan finalement surgira derrière les nuages plutôt tardivement mais la scène reste envoûtante … 15 géants placés sur cette plateforme pour représenter les 7 clans de l’île et qui jouent le rôle d’une zone neutre dans cette baie . C’est la plateforme cérémonielle la plus grande de l’île avec ses 200 m de long.
En fait un tsunami lié à un puissant séisme de magnitude 8,8 au Japon les avait tous balayés en 1960…pourtant situés à plus de 10000 km! Ces moai avaient survécu aux guerres civiles à la différence des autres moai de l’île renversés par la rebellion. Le Japon entreprit en 1992 de financer la restauration de ces moai. Par contre leur « pukao“ ( chapeau) très fragile n’a pu être remis , seul un moai est à nouveau chapeauté !
Plus loin on peut encore voir un moai emporté par la vague de 11 m qui est cassé et n’a pu être remis à sa place !
Ce lieu m’a tellement fascinée que j’y retournerai une deuxième fois pour assister au lever de soleil et nous y repasserons en journée et en soirée, 4 occasions pour observer cette plateforme avec un éclairage qui diffère en fonction de la lumière du moment !
Le luxe quand on peut passer une semaine sur l’île … la plupart des touristes n’y reste en moyenne que 3 jours, cette île mérite vraiment davantage !
Le Moai Voyageur
En 1992, les japonais ont même fait don d’une énorme grue pour lever ces mastodontes, le plus lourd pèse la bagatelle de 88 tonnes! En retour, un des moai avait été prêté pour être exhibé dans des foires-expositions au Japon. A son retour, les insulaires le dénommèrent le « Moai Voyageur » et aujourd’hui, c’est lui qui accueille les touristes à l’entrée du site de Tongariki.
Le mystère demeure quand à comment ces colosses ont pu être hissés sur la plateforme au …et plus spectaculaire encore quand on sait que le Pokao était mis un la tête du moai, une fois ce dernier mis debout!
Spectaculaire cratère de Rano Kau
Il y a deux millions et demi d’années, une éruption volcanique spectaculaire laissa un cratère impressionnant aux allures d’amphithéâtre naturel d’un kilomètre de diamètre. Le versant qui donne sur l’océan présente une brèche « Kari Kari » avec les vagues qui viennent se briser au pied de la falaise.
Un lac recouvre le fond du cratère et la Totora, joncs d’eau douce, tapisse la surface, présentant un superbe écrin pour la biodiversité.
Le village d’Orongo
Orongo est un village cérémoniel perché entre les bords du cratère et les falaises de 325m de haut qui plongent dans les eaux bleu cobalt de l’Océan Pacifique. Il surplombe 3 motus (îlots).
Le cadre est spectaculaire, nous prenons notre temps pour en savourer la magie aux couleurs incroyables…et toujours presque seuls, en fin d’après-midi…Des maisons basses sont construites en pierres plates de basalte empilées et ont une toute petite entrée. En fait durant la période des moai, l’endroit était un centre cérémoniel où se tenaient principalement des rites d’initiation de passage à l’âge adulte. Puis Orongo trouva sa véritable importance vers la fin du 17° quand l’île de Paques se déchira à travers des guerres tribales. Un nouveau système de croyance religieuse fut mis en place par les nouveaux chefs guerriers, basé sur l’existence d’un dieu créateur Make Make .Ils instaurèrent la compétition de l’homme-oiseau.
Orongo, site de pétroglyphes le plus important de l’île
1700 pétroglyphes recensés comme des représentations de l’homme-oiseau, komari (fertilité), le dieu Make Make…mais ils sont difficiles à distinguer car nous ne pouvons approcher et certains sont en partie effacés à cause de l’érosion et des premiers visiteurs qui ont marché dessus !
Tout dépend aussi de la luminosité!
Culte de l’Homme-Oiseau
Chaque chef de clan choisissait son Hopu Manu, un jeune homme qui allait concourir en son nom. L’épreuve, qui se tenait en septembre, consistait à dévaler le cratère sur sa crête et descendre la falaise à-pic jusqu’à la mer, nager les 2 km sur une planche faite de joncs, qui séparent le plus grand motu de l’île. Puis les concurrents s’installaient dans les grottes de l’îlot pour attendre qu’une sterne veuille bien pondre. Le premier à ramener à Orongo l’œuf qu’il transportait dans une sorte de bandeau autour de la tête devenait l’homme-oiseau. Cela lui permettait d’accéder à une position importante dans la société, et lek chef du clan vainqueur pouvait régner sur l’île.
Cette épreuve était un vrai triathlon ! Mais elle a été abolie en 1866 quand les missionnaires l’interdire au prétexte d’une croyance basée sur l’existence du dieu créateur Make Make.
L’ami volé, Hoa Hakananai’a
Un moai avait été trouvé enfoui dans une de ces maisons d’Orongo et a été ramené en 1868 par les britanniques au British Museum . Les insulaires aimeraient voir ce moai réintégrer son ile…c’est l’unique moai avec un dos orné de sculptures de l’homme-oiseau et des symboles de fertilité, reflet d’un syncrétisme entre la période des moai et celle de l’homme oiseau.
Rencontre très inattendue avec le roi de l’île de Rapa Nui
Nous avions commencé nos recherches pour trouver un guide afin de visiter les sites majeurs de l’île, quand apparaît remontant du cratère de Rano Kau, Christopher avec 2 touristes . Un échange pour se saluer et affaire conclue 15 min plus tard , Christopher sera notre guide indépendant … l’homme de la situation, un « vrai » rapanui pour nous raconter son île … il arbore un énorme sourire permanent, il rayonne de joie ! On ne pouvait pas mieux espérer !
Pourquoi le roi de l’île en 2017 ?
Chaque année, Hanga Roa organise un concours basé sur la connaissance de la culture rapanui pour élire la reine et le roi qui seront les ambassadeurs de l’île. De plus, de sa propre initiative, il a accompli à 2 reprises une performance inouïe à savoir descendre avec mains et pieds nus la falaise de 325m, gagner à la nage le plus grand des motus, grimper à son sommet et revenir au pied de la falaise pour l’escalader à nouveau… Et tout modestement, il nous explique que c’est le cœur qui doit d’abord être convaincu et après le mental suit facilement! Après une profonde méditation au centre du cratère de Ranau Kau, il a ainsi réussi à accomplir son objectif ! Une forme de rituel de l’homme-oiseau, tradition d’un nouveau temps!
Christopher réfléchit d’ailleurs à mettre en place une compétition de ce genre pour 2021. Les concurrents démarreraient en amont du cratère et devraient parcourir une première distance chargée d’un régime de bananes, puis traverser ce cratère vaseux, y replanter certaines espèces végétales, descendre la falaise, nager et atteindre le plus haut des motus! Son idée est d’attirer les journalistes du monde entier, négocier avec eux l’enregistrement vidéo de la compétition par drone pour qu’elle puisse être retransmise à tous les insulaires sur écran géant au coeur de la ville de Hanga Roa. A suivre!
Le site de Ahu Akivi
Il s’agit de la première plateforme de l’île restaurée en 1960, qui date du 15°. 7 moai qui mesurent chacun 4 m représentent les premiers explorateurs de l’île avant l’arrivée du roi Hotu Matu’a au 8° siècle.
Ahu Akivi est fascinant car il est aligné avec les points par où se lève le soleil lors des équinoxes.
Anakena, lieu du débarquement des polynésiens au 7° siècle
Anakena est un site fabuleux qui allie la plage la plus importante de l’île, idéale pour se baigner.
Il y a plus de 1300 ans débarquèrent 2 grandes pirogues avec les premiers polynésiens. Ils colonisèrent cette île qui deviendra le 3 ° point le plus éloigné du triangle polynésien. Cet endroit allait devenir le centre religieux de la tribu des Miru. Nous pouvons observer les fondations de l’ancien village, on distingue encore les fours à pain (formes arrondies).
Actuellement la plage est bordée de magnifiques palmiers plantés dans les années 60 importés de Tahiti , ce qui lui confère un cadre idyllique de plage du Pacifique Sud!
Nous en profitons pour nous baigner même si la température de l’eau n’est que de 24 degrés. Nous sommes habitués avec l’Asie et l’Australie à des eaux qui avoisinent les 30 degrés!
Belle eau bleue, quel paysage unique pour se baigner au pied de 7 moais avec des palmiers en décor. Les moai nous tournent certes le dos, car ils sont toujours dirigés vers le village.
Nager face à cette rangée de colosses fait partie des surprises du voyage, juste inimaginable ! Et toujours si peu de monde ! Anakena se situe au nord de l’île. Nous sommes arrivés vers 8h30 sur le site, nous étions les premiers….Seul un chien était déjà là, habitant probablement le camping voisin. Alors que nous étions en train de prendre des photos, une horde de chevaux est passée devant nous au galop…magnifique chevauchée sauvage avec en arrière-plan ces 7 géants!
Ces moai qui avaient subi le même sort que tous ceux de l’ile se sont retrouvés au sol et progressivement ensevelis dans le sable au cours des siècles. En 1978, un archéologue de l’île, Sergio Rapu les restaura et ces moais présentent encore à ce jour un degré de finesse de sculpture incomparable au niveau des orbites, nez, lèvres, oreilles car ils ont été préservés de l’érosion . On peut observer leurs mains aux ongles très longs et le détail du nombril ! Certains portent dans le dos des dessins semblables à des tatouages.
C’est ici qu’un œil de corail exposé au musée a été retrouvé. Tous les autres ont disparu à une époque où tout le monde se servait malheureusement de pièces archéologiques !!
Le moai Ahu Arure Huki,, premier moai à avoir été redressé
Premier moai de l’île à avoir été redressé en 1956 par Thor Heyerdahl qui voulait prouver sa théorie selon laquelle les moai étaient érigés en calant des pierres sous de solides pieux dont les locaux se servaient pour faire levier . Il leur fallut 18 jours pour le redresser.
Envoûtés par les paysages sauvages du nord de l’île de Rapa Nui
De superbes paysages très sauvages au nord de l’île où les bus de touristes ne vont pas …Nous prenons la route d’Anakena, direction Tongariki. Et tout le long du chemin s’égrènent une autre belle crique d’Ovahe avec sa plage de sable rose, des pétroglyphes à Papa Vaka, plateformes et moai au sol, pierre puissante…
Puro Hiho, pierre de fertilité « souffleur »
Thalasso au centre du cratère du volcan Rano Kau…
Fort heureusement, le volcan Rano Kau est éteint depuis 2,5 millions d’années.
Avec Christopher, notre guide adoré rapanui , nous empruntons le sentier bien abrupte et plutôt très glissant de la caldeira qui nous mène au fond près du lac. Il est interdit d’emprunter ce chemin sans être accompagné d’un guide. Il y règne un microclimat qui favorise la croissance de figuiers, bougainvillées, vignes et beaucoup d’autres arbres fruitiers, plantés par l’homme. Christopher nous fait passer à travers cette forêt et nous dégustons avocats, pommes roses, fruits de la passion au pied des arbres…un bonheur divin, ces fruits sont si goûteux, probablement encore plus savoureux dans un tel paysage !
Rapamycine, antibiotique prometteur…
Christopher nous parle de la rapamycine, cette substance isolée en 1975 par une équipe de chercheurs à partir d’une bactérie provenant du sol du cratère Rano Kau. Elle est actuellement mondialement connue et est utilisée dans les greffes de rein et pour certaines formes de cancer.
Puis notre guide, nous conduit auprès de différents rochers sur lesquels nous retrouvons de très beaux pétroglyphes.
Fait intéressant, les joncs qui recouvrent quasiment toute la surface du lac sont du même type que ceux que l’on trouve sur les iles Uros sur le lac Titicaca au Pérou. Il y poussent depuis plus de 30000 ans, ils ont du se disséminer naturellement…Ces joncs flottent sur une l’eau profonde d’une dizaine de mètres et en dessous se trouve une couche sédimentaire d’épaisseur inconnue. Christopher explique que des plongeurs ont essayer de sonder les fonds mais c’est très dangereux et cela n’a pas été probant.
Nous atteignons les rives du lac, nous enfilons notre maillot de bain et nous enfonçons à travers les joncs qui forment comme un lit flottant moelleux. Plus on progresse, plus de temps à autre, nos jambes s’enfoncent jusqu’aux genoux dans une sorte de tourbe noirâtre…nous nous retrouvons à quatre pattes pour atteindre notre « spa privé » !
Une petite piscine d’eau noirâtre dont Christopher nous vante les mérites médicinaux: cette eau est chargée d’oligo-éléments et très bonne pour l’organisme. Nous nous baignons, j’en bois plusieurs gorgées – Francis ne veut pas prendre de risque !…cette eau brunâtre n’a même pas de goût particulier…ensuite nous nous enduisons de cette tourbe et le clou de cette « thalasso improvisée » s’allonger sur un doux matelas de joncs pour sécher au soleil et laisser le cataplasme agir…face au ciel, étendus, si petits au plus profond du cratère…irrésistible sensation de bien être ! L’idéal pour laisser vagabonder son intérieur et plonger dans un état de relaxation profond.
Le plus rigolo sera le nettoyage car Christopher ne nous avait pas prévenu que retirer la tourbe séchée serait difficile …nous frottons avec des tiges de joncs puis on s’essuie avec des feuilles! Mais on remonte du cratère plutôt noirs, en fait !
Encore une expérience inattendue qui restera inoubliable dans ce tour du monde …se laisser flotter seuls au coeur de la caldeira, sur ce confetti d’île la plus isolée au monde …nous sommes à plus de 14000 km de la maison ! Fabuleuse sensation de Robinsons au coeur des mystères de l’île de Pâques….envoûtant ! Quelle chance d’avoir croisé Christopher…rencontre imprévue mais les synchronicités sont là pour rendre ce voyage unique…il n’y a que lui qui amène les touristes se baigner dans le lac!
Grottes de l’île de Pâques
L’ile de Pâques étant volcanique, il y a pas mal de grottes formées par des tunnels de lave. Celle d’Ana Kakenga est la plus intéressante car il s’agit d’un tunnel de lave formé par une coulée volcanique à deux bouches donnant directement sur la mer, nommée également « grotte aux 2 fenêtres ». C’est la première fois que nous nous retrouvons dans un tunnel de lave…Lorsque nous étions sur les volcans indonésiens, on avait pu voir sortir des coulées de lave s’épancher sur les flancs …mais en fusion ! Francis brave l’entrée étroite de la grotte car il n’est pas à l’aise avec la sensation d’enfermement. La lave s’est refroidie laissant un sol plein d’aspérités.
Mystère de la plateforme de Vinapu aux allures incas
Les 6 moai et leurs coiffes, ici, n’ont pas été redressés. C’est le mur arrière de la plateforme qui intrigue tous les archéologues. Il a été construit de manière très semblable aux murs incas, ce qui laisse penser qu’il y a eu des contacts entre l’île de Pâques et le continent sud-américain. Cela nous rappelle effectivement les murs de Cuzco.
Mais n‘oublions pas que le Pérou se trouve quand même à 4000 km de navigation. Le peuple Rapa nui a la réputation d’avoir eu de très bons navigateurs ..utilisant des pirogues étroites avec un flotteur (mêmes embarcations que les va’a polynésiens de Tahiti), se guidant avec les étoiles …
Peintures rupestres d’ Ana Kai Tangata
Au pied de la falaise, avec une mer déchaînée , nous découvrons des peintures déjà bien effacées par le temps à l’abris sous des rochers
L’église de Sainte Croix de Hanga Roa
Nous sommes allés assister à une messe un dimanche matin pour entendre la magnifique chorale rapanui, accompagnée par les instruments traditionnels. La façade de l’église présente un mélange de motifs catholiques et d’inscriptions rongo rongo, mystérieux système d’écriture de l’île de Pâques.A l’intérieur, de belles statues de représentations autochtones.
Cimetière pittoresque
Ce petit cimetière est très pittoresque par sa diversité de stèles combinant motifs chrétiens et rapanui.
Petit port de pêche de Ranga Roa
Détente dans les piscines naturelles
Après une bonne journée de découvertes, cela fait du bien de se relaxer dans une de ces nombreuses petites criques abritées, de vraies piscines naturelles!
Que retiendrons nous de cette fascinante Île de Paques?
Cette semaine nous a permis de parcourir beaucoup de recoins de cette île fabuleuse, de contempler ces différentes plateformes et leurs moai…tout cela sous différents éclairages du lever au coucher de soleil. Nous avons été séduits par les explications de notre guide et celles du petit musée de Hanga Roa. Néanmoins, il reste beaucoup de point obscurs autour de ces colosses, de leur nombre, comment ont-ils été manipulés, érigés? Même genre de questionnement que la construction des pyramides d’Egypte. La carrière de Rano Raraku était-elle réellement une carrière d’extraction ou plutôt un site sacré comme le laissent entendre certains archéologues ?
Nous repartons convaincus que cette aura de mystères qui pèse sur l’île n’est pas encore prête à se dissoudre !
Des moai mais pas que ….
L’île de Pâques nous a également émerveillés par ses paysages aux couleurs extraordinaires:
BLEU: bleu cobalt pour le Pacifique Sud, bleu lagon pour les eaux près des côtes. … Ici, pas de barrière de corail autour de l’île car la mer n’est pas assez chaude (20 degrés) et le ressac bien trop violent selon les saisons, ce qui ne permet pas une croissance du corail. Bleu azur du ciel tacheté de magnifique nuages blancs … à se demander si Tomi Ungerer, écrivain illustrateur de l’album pour enfants «Un nuage bleu » ne s’en serait pas inspiré !!!
BLANC de l’écume des vagues
VERT Tendre, éclatant de l’herbe d’une telle intensité qu’on pourrait croire que les photos ont été retouchées ! Vert des avocats !
NOIRE de toutes ces bombes volcaniques vieilles de plus de 3 millions d’années
ORANGE, VIOLET, ROSE… des fleurs
JAUNE des ananas, ROUGE du fruit de la passion
Couleurs de l’ARC EN CIEL entre averses et soleil
Bref un feu d’artifice de couleurs pour nos pupilles européennes qui se déclinent sur un paysage vallonné de parfaits petits cônes volcaniques! Idéale pour randonner !
Une destination à vous recommander les yeux fermés!
2 Comments
yolande trinite
ça c’est de la video qui donne des couleurs et des envies de bouger en plein confinement 🙂 Il y a quand même des peuples à la sensualité plus extravertie que d’autres 🙂
Merci pour ce grand pan de rêve pascal….même si nous la recevons bien après les fêtes 😉
Ravie de vous retrouver , en espérant que vous allez toujours bien au Mexique actuellement?
Gros bisous virtuels c’est permis
Yo
@dmin
Coucou Yolande, oui essaie de pratiquer la danse polynésienne…une idée pour se bouger en période de confinement ! Ici tout va toujours bien ! Bises