Direction Chomolungma, Déesse Mère des neiges (mont Everest)
Nous ne pouvons quitter Shigatse sans être passés au poste de contrôle qui n’ouvre qu’à 10h le matin . On y attendra 2h pour récupérer le précieux laisser-passer Alien’s Travel Permit (Permis de circulation ALIEN ) qui nous autorise à poursuivre notre circuit pour le camp de base. Notre permis tibétain ne suffit pas. Une personne du groupe doit se porter garante pour les autres.
A se demander qui sont les Aliens ?
Autorisation et contrôles de police interminables…
Nous serons contrôlés 6 fois par la police. A chaque contrôle , notre guide doit descendre du bus, se rendre dans un bureau pour montrer nos passeports, permis tibétains et maintenant le précieux sésame « Alien ». Un policier vérifie toujours physiquement le nombre de passagers dans le bus. Il y a bien sur des caméras partout…Au Tibet, on ne peut pas se perdre, nous serions immédiatement retrouvés!
Surveillés de partout
Nous n’avons pas encore évoqué les caméras de notre véhicule: 2 qui nous regardent, une autre dirigée vers le chauffeur et une 3° à l’extérieur. Selon notre guide, une seule fonctionne et elle n’enregistre pas le son, c’est la loi…Nous sommes tous dubitatifs. Et puis, il est toujours possible de lire sur les lèvres!
D’ailleurs Bouta peut se laisser aller à parler politique au Tibet, mais il le fait en montagne, loin de toute oreille indiscrète et de caméra. Il nous demande d’ailleurs de ne pas évoquer nos discussions dans le bus…cela en dit long!
Parfois, on doit aussi descendre du mini-bus et montrer nous-mêmes nos passeports…il y a même des parapluies à dispo…tres prévenante la police chinoise!
L’entrée dans le parc national Qomolangma ( Mont Everest) créé en 1988 se matérialise par une arche et un droit d’entrée. Le long de la route, beaucoup de nouvelles maisons en dur ont été construites par le gouvernement chinois. Elles sont proposées gratuitement ou presque aux nomades, dans l’idée de les sédentariser pour un meilleur contrôle. Le mode de vie des tibétains était principalement nomade avec leurs troupeaux de yacks, il y a encore peu de temps.
Et les toilettes ? Retour à la maternelle!
Encore une nouvelle expérience, déjà repérer le sigle chinois pour Homme et Femme, et nous nous retrouvons en mode semi-ouvert avec une odeur pestilentielle et il vaut mieux fermer les yeux!
Nuit de pleine lune sur le Toit du monde, a 5200 m, au 1° camp de base de l’Everest
Après un total de 452 km, nous arrivons enfin à 21h au parking de Choesang à 4880 m d’altitude. Les 100 derniers kilomètres sont extrêmement sinueux et la route abîmée par endroit, nous sommes bien secoués!
Nous laissons nos bagages dans le minibus et rejoignons le camp de base en bus électrique situé à 20 km de là. Ces bus ont été mis en place pour remplacer les jeeps, il y a peu de temps, ce qui est une bonne initiative. Nous prenons juste l’équipement nécessaire pour dormir une nuit sous tente collective à 5200 m. Il ne fait pas encore très froid:13 degrés à l’extérieur, mais durant la nuit, la température va vraiment chuter.
Nous logeons dans la tente N°1. Ce sera notre nuit la plus haute jamais passée… une nuit de pleine lune sur le Toit du monde …ou presque …nous n’avons pas la prétention de grimper au sommet du Chomolungma à 8844 m, nom de l’Everest côté tibétain ou Sagarmatha coté népalais.
Everest est le nom donné en hommage à l’arpenteur de l’époque. Comme personne ne pouvait accéder au Népal ou au Tibet en 1865, il était impossible de connaître le nom local de cette montagne qui n’avait encore jamais été gravie…Edmund Hillary sera le premier à y parvenir avec son sherpa Tenzin Norgay en 1953.
A l’intérieur de la tente, le poêle chauffe bien, nous retrouvons l’atmosphère d’une yourte. Au menu, riz frit au légumes, thé ! Ce sont des familles de nomades qui les gèrent. Il semblerait que notre tente soit aussi le rendez vous des guides…au moment de se coucher, il y a 3 autres personnes qui discutent dans un coin de la tente et quand on sait qu’on va se réveiller à 5h30, on espère qu’ils ne vont pas s’attarder!
Encore un contrôle de la police pour vérifier si nous sommes bien dans la tente!
Le lever de lune à minuit au dessus de la montagne est envoûtant …Je ne résiste pas au plaisir de faire l’enchaînement de yoga: « Salutations à la lune » sous cette éclairage magique au milieu des tentes fouettées par le vent.
Côté confort, cela reste très sommaire mais des toilettes communes ont été aménagées à différents endroits du camp. Pour le reste, eau froide à discrétion pour se brosser les dents.
Vaincre nos propres Everest
Respect pour ces majestueux pics, s’imaginer à 5000 m, y être, le ressentir… se remémorer les exploits de tous ces alpinistes qui ont démarré ici pour se hisser sur le toit du monde absolu ! Penser à ceux qui y ont laissé leur vie. Replonger dans la biographie de Gérard Bourrat « L’Everest, le cancer, la vie » qui tenta à 2 reprises de gravir l’Everest, 3 semaines après avoir été opéré d’un cancer du rein … et qui maintenant à rejoint ce monde de l’invisible.
Un livre qui nous invite vraiment à vaincre nos propres Everest.
3 ans, jour pour jour après le diagnostic de mon cancer
Je n’arrive pas à m’endormir. Je mesure tout ce qui s’est passé depuis septembre 2016…Jamais je n’aurais imaginer me retrouver ici à 5012 m d’altitude. Que je suis heureuse d’y être, 3 ans jour pour jour après le diagnostic de mon cancer …j’avais comparé mon parcours de traitements à celui d’une montagne à gravir …Aujourd’hui en pleine rémission, je suis fière d’avoir réussi à parvenir jusque là, sur les hauts plateaux himalayens.
Beaucoup d’émotions et le message de ce jour d’une amie en récidive, m’invite à la porter dans mon cœur pour ce moment magique.
Réveil à 6 h, la nuit a été froide. Nous avions enfilé 2 polaires, bonnet, collant, chaussettes, cache-cou, drap de soie et sac de couchage et enfouis sous de grosses couvertures! Francis et moi ressentons un léger mal de tête qui est apparu progressivement dès que nos nous sommes retrouvés allongés. Il faut être vigilant quand on dort à 5000 m d’altitude avec le syndrome du Mal Aigü des Montagnes (MAM). Ne pas laisser installer un mal de tête. Vive le Diamox pour nous soulager!
Petit clin d’œil avec les draps qui recouvrent les matelas: Dior et le cochon…certainement des draps chinois avec l’année du cochon! Je m’imagine acheter ces draps aux Galeries Lafayette !
Nous sommes prêts à affronter le froid de l’aube et marchons 45 min pour se retrouver face au Maître de la montagne…tout le monde a armé son appareil photo et attend patiemment que le soleil se lève et commence à faire rougeoyer la montagne…
Attention, encore une interdiction:
Ne pas franchir la limite matérialisée par la pancarte. On n’avait pas remarqué, mais Francis était assis juste devant! Pour avoir le droit de s’aventurer plus loin, il faut une autre autorisation…tout est vraiment sous contrôle!
7h30…. le Chomolangma (Everest) ne nous montrera que le bas de son élégance et sa coiffe mais il restera emmitouflé en partie dans les nuages.
Nous sommes quand même super heureux d’avoir pu l’entrevoir…la veille, le ciel était tellement bouché qu’on pouvait craindre le pire.Nous allons matérialiser notre passage par un coup de tampon sur notre passeport, à la poste vraisemblablement la plus haute du monde.
Monastère de Rombuk, le monastère le plus haut du monde
Chose inhabituelle, ce petit monastère assez intimiste abrite à la fois des moines et des moniales (38).Il est juste à côté du camp de base. Visite assez intimiste au son des mantras d’un moine et de son tambour.
4 Comments
Joëlle
Vos récits m’enchantent, vos exploits me fascinent et vos sourires me font le plus grand bien
Bises
@dmin
Je suis très heureuse de te faire ainsi voyager ! Plein de gros bisous 😘
huguette
Bonjour merci mille fois pour ce beau voyage que je fais en votre compagnie,soyez prudents à bientôt de vos nouvelles aventures,fais tourner les tambours de prières pour nous bises
@dmin
Merci Huguette de nous accompagner, notre bonne étoile veille sur nos ! Plein de gros bisous