Bagan-Kalaw

Après une journée de minibus depuis Bagan, nous arrivons à Kalaw (1500m d’altitude) à l’est du Myanmar, dans l’état Shan.

La région est montagneuse. Ici les routes sont tout à fait correctes, de temps à autre des petits tronçons en cours de rénovation, mais rien à voir avec les routes népalaises ! Il nous faut quand même 8 h de bus pour parcourir 260 km, avec une unique pause de 30 min pour manger: petite gargote le long de la route au service rapide et efficace avec une nourriture plutôt moyenne! Au moins, ils n’utilisent pas de glutamate, cet exhausteur de goût utilisé très largement en Asie!

 



Pas d’exhausteur de goût dans ce resto, tant mieux!!

Au Myanmar, menu en alphabet birman, issu d’un alphabet brahmanique de l’Inde.

Kalaw, ancienne bourgade britanniques aux allures vosgiennes !

Les colons britanniques adoraient venir à Kalaw pour fuir les fortes chaleurs de l’été: petite bourgade paisible de 30 000 habitants. On y trouve de nombreux pins, d’où son surnom de « Pine City ». En fait, ces pins ont été apportés d’Europe par les britanniques, quand les forêts de teck ont été décimées par l’exportation.

 


Déposés au centre de Kalaw, nous trouvons assez facilement notre Guesthouse Golden Lily, à 300 m de là. L’auberge est très simple, chambre de 2 lits, fines parois de bois … du coup, on entend les voisins comme s’ils étaient dans notre chambre !
Salle de bain/ wc partagés sur le palier, petit dej inclus. Balcon avec vue sur la ville et montagnes. Bon rapport qualité / prix pour 9€ pour tous les deux.


Avant l’orage qui pointe et la nuit qui tombe, nous avons juste le temps de jeter un œil à la pagode Aung Chang Tar, récemment reconstruite … elle brille de mille feux car recouverte de milliers de petits miroirs … un peu kitsch, mais originale !

Maung Laung, notre Adorable guide 

Nous rencontrons Maung Laung, 34 ans, notre guide trouvé de fil en aiguille dans le groupe Facebook du groupe Tourmondiste. Il parle très bien l’anglais et d’emblée nous apparaît très sympathique. Il nous présente le parcours du trek sur une carte: nous allons marcher 3 jours pour rejoindre le lac Inle à une soixantaine de kilomètres de Kalaw. L’intérêt de ce trek réside dans la rencontre de diverses ethnies pour découvrir leur mode de vie et leurs activités agricoles. Au Myanmar, l’agriculture fait vivre 70% de la population mais les fermiers vivent pauvrement .

Toutes les bonnes raisons pour choisir un guide indépendant

Nous sommes vraiment contents d’avoir trouvé un guide indépendant, ceci pour diverses raisons:

  • Nous essayons le plus possible, lorsque nous voyageons, de régler directement les prestations à la personne qui les réalise. Car lorsqu’on passe par une agence, même locale, le personnel reçoit peu, comparativement au montant versé. D’ailleurs Maung Lang, qui a travaillé quelques années pour une agence nous explique que même les familles qui accueillent pour héberger et nourrir les trekkeurs reçoivent peu. Pour nous, il est important que tout le monde y trouve son compte.
  • Partir avec un guide indépendant permet beaucoup de souplesse. Il a conçu l’itinéraire du trek en fonction de nos demandes (rencontrer des écoliers, dormir chez l’habitant, régime végétarien) et a même accepté de porter ma tablette pour pouvoir l’utiliser dans une école! Mon sac à dos était déjà bien rempli!
  • Vivre ce trek à deux nous semblait aussi important. Nous avions besoin de nous retrouver dans une ambiance paisible et pas forcément envie de rencontrer d’autres touristes avec qui discuter. Le cœur n’y était pas après le décès de mon papa. Et par expérience, lorsqu’on se retrouve dans un groupe de touristes (les agences peuvent aller jusqu’à des groupes de 10 personnes), l’expérience de trek est totalement différente. On a tendance à bavarder avec les autres, ce qui peut être également très sympa, mais du coup, on s’éloigne du contact avec les locaux,  alors que c’est le but d’un trek!  Sans compter qu’arriver en groupe chez l’habitant ne permet pas la même qualité d’accueil.
  • Avantage aussi de la grande liberté pour le choix des sentiers pour le guide, de manière à ne pas croiser d’autres groupes de touristes
  • Dernier point :  avoir un guide pour nous exclusivement permet de respecter notre rythme de marche … entre mes arrêts photos et mes montées à vitesse escargot!


Coût du trek 

60€ par personne pour 2 nuits et 3 jours nourris, logés et transportés de l’hôtel de kalaw à Nyang Shwe au bord du lac Inle. Si cela vous dit un jour de découvrir un petit coin de Birmanie traditionnelle, voici ses coordonnées :

Maung Lan
Mail: 
maung.lan11@gmail.com / 

Tel: 09252192585  

https://www.tripadvisor.com/12256875?m=19907

 

 

 

Prêts pour partir en trek…


A 8h30, prêts à partir, après un bon petit déjeuner copieux à base de pastèque, crêpe à la banane et confiture ! La nuit était moyenne avec les effets du décalage horaire du voyage  (5h30) … difficulté à s’endormir ou réveil en pleine nuit! En plus l’orage a été violent, la pluie tapait violemment les tôles du toit de l’hôtel ! Heureusement, tout semble se calmer !

Maung  lan est venu nous chercher avec une sorte de moto-tricycle à 3 roues, dans laquelle nous nous asseyons à l’arrière pour gagner le point de départ du trek à quelques kilomètres de Kalaw. Nous avons  rassemblé quelques affaires dans nos petits sacs à dos, nous retrouverons le reste de nos bagages à l’hôtel à l’arrivée, dans 3 jours.



A travers une forêt primaire « Rain Forest »

Le soleil fait son apparition et c’est tant mieux car nous pouvons envisager de traverser la forêt primaire « rain Forest », les chemins ne devraient pas être trop boueux. Il y a néanmoins des passages supers glissants… Bien qu’équipée de bâtons de rando, j’ai quand même réussi à glisser,  mais je me suis rattrapée en « embrassant » un arbre! Pas de mal, juste de la boue partout !

Cette forêt est gardée par un esprit (nat). Au Myanmar, 90% de la population est bouddhiste, ce qui n’empiras une profonde croyance aux nâts. Les nats sont des esprits qu’il faut respecter, à qui il faut faire des offrandes pour que les choses se passent bien, que l’on soit protégé. A l’entrée de la forêt , il y avait un petit autel.  En tout cas, le nat de la forêt a du veiller sur moi, car j’ai faillit marcher sur un serpent venimeux assez fin qui s’est faufilé juste devant mes chaussures …histoire de nous rappeler qu’on est en pleine jungle et  pas dans la forêt haut-marnaise!


Bucolique

Cette forêt montagneuse recèle de nombreuses sources et ruisseaux. Les britanniques avaient construit en 1920 des petites retenues d’eau pour permettre l’irrigation des champs et rizières. Nous longeons un joli petit lac, des arbres avec des lianes aux formes enchevêtrées, des papillons de toutes les couleurs qui virevoltent autour de nous, de belles fleurs … balade très bucolique et pas très difficile car pas de dénivelés comparables à ce que nous avions connus au Tibet et Népal!


Au fil de la marche, notre guide nous explique les différents bienfaits des plantes médicinales. Dans les campagnes, longtemps il n’y a eu aucun autre moyen que celui de se soigner par l’utilisation des plantes et ce savoir se transmettait de génération en génération.


Maung  Lan a été moine pendant 12 années. Cadet d’une famille de 4 enfants, il est allé dans un monastère après sa scolarité d’école primaire. Ses parents fermiers étaient très pauvres et la seule solution pour offrir une éducation de qualité à un de leurs enfants a été de l’envoyer à l’école dans un monastère. L’enfant est ainsi pris en charge gratuitement à 100% . En pratique, au Myanmar, les jeunes moines vont dans les villages mendier leur repas et la population se fait un honneur de leur remplir leur « gamelle», rien de tel pour améliorer leur karma. Maung  Lan a ainsi pu poursuivre ses études jusqu’à l’université. Sinon, comme nombre de ses compatriotes, il aurait arrêté l’école à 10 ans et serait allé aider ses parents aux travaux de la ferme. En tant que cadet, il nous explique que c’est son rôle de rester aux côtés de ses parents et de pourvoir à leurs besoins jusqu’à leur mort. Quand il se mariera, sa femme viendra vivre chez ses parents. Les coutumes sont ainsi au Myanmar dans toutes les familles.

Nous traversons à flanc de montagne, les champs de thé vert, sorte de petits arbustes. Les femmes sont en train de le récolter en prélevant les jeunes feuilles qu’elles mettent dans leur hotte ! Elles m’invitent à essayer; à première vue cela ne semble pas très éprouvant mais après une journée entière penchée sur ces arbustes en dévers,  je pense que je verrais cette cueillette bien différemment!
2 façons de consommer ces feuilles: soit en infusion comme on connaît. Les feuilles sont alors grillées dans une sorte de gros wok avec un peu d’eau puis roulées à la main et séchées à l’extérieur. Les feuilles peuvent aussi être consommées en salade: elles sont cuites 20 min dans de l’eau bouillante puis conservées dans des gros sacs plastiques pour qu’elles fermentent.Nous en avons goûté et le goût ressemble à une  sorte de salade cuite.
Pour info, le thé vert séché se vend 6000 kyats le kg , soit 3,50€/kg.

Premier contact avec une école birmane

A l’entrée du village, un petit monastère nous accueille et quelques mètres plus loin, l’école. Avant même d’atteindre les classes, des élèves viennent à notre rencontre nous saluer en frappant dans nos mains. Il y a de l’excitation dans l’air ! Le guide nous invite à aller dans les classes, cela ne pose aucun problème. Je pense que les enseignants ont l’habitude . Les portes sont de toute façon grande ouvertes. Dans une classe, des élèves sont en train de nettoyer l’eau qui a inondé la pièce, suite à l’orage de la veille. Dans les autres classes, des élèves font des travaux de copie, ou répètent en chœur en autonomie leur leçon. Les effectifs tournent autour d’une quinzaine d’élèves par classe, tous issus du village. Il y a des enfants moines facilement reconnaissables à leur tenue. Ils vont à l’école primaire et reçoivent l’éducation religieuse au monastère.

Halte bienvenue autour d’un bon repas chez l’habitant

Repas au village dans une famille : avocats, chapatis avec un mélange de maïs, pommes de terre et compotée de tomates. Au dessert poire, bananes, fruit du dragon à la magnifique couleur rose … comme la betterave, il déteint sur les mains.
A côté de la maison, un petit élevage de cochons au groin sympa!

 

Le marché-Gare de  Myin Dain

Nous reprenons notre chemin qui emprunte à un moment une petite voie de chemin de fer construite par les britanniques début 20ieme. Il n’y a que 4 trains qui passent par jour.


Nous arriverons à la gare de Myin Dain au même moment que le train ! Génial car devant nous se déroule le marché -Gare !


Il faut voir accourir toutes les vendeuses et vendeurs sur le quai,  dès l’arrivée du train. Les affaires vont bon train: on y trouve du gingembre, chou fleur, avocats, oignons, bananes, oranges, coriandre, pommes de terre, pois, haricots, bouquet de fleurs… les fermiers viennent vendre leur production chaque jour aux passagers du train,  qui arrivent de Yangon et se rendent à Kalaw. Les fruits et légumes sont bien moins chers qu’au marché de Kalaw, d’où cette activité importante. Le wagon-marchandises est également chargés de gros sacs de divers légumes.

Très intéressant d’observer toute cette effervescence!   Nous pouvons remarquer que beaucoup de femmes et hommes fument le churros, petit cigare birman, fabriqué à la main près du Lac Inle.

Notre guide en profite pour acheter des fruits pour nos repas à venir.

Village de  Shar Pin

Nous reprenons une piste pour gagner notre village-étape pour cette nuit. Il se situe en haut de la colline qui nous fait face. Et comme il est déjà 16h, Maung Lan a trouvé un pick up qui transporte des sacs de feuilles de thé fermentées pour nous avancer un peu sur notre chemin…on a pris du retard avec notre arrêt en gare ! La balade est confortable, calés sur les sacs, avec les lueurs d’un soleil couchant voilé.

Rizières à perte de vue

C’est l’heure du bain des buffles !



Et surprise, le véhicule nous dépose au pied d’un sentier qui grimpe fortement pour atteindre le village, nous qui avions cru que la rando était terminée pour aujourd’hui ! Et bien non! Et il fait toujours chaud ! On transpire bien! Nous arrivons juste avant la nuit au village! Bien exténués par cette dernière grimpette .. une vingtaine de kilomètres au compteur pour ce premier jour!


Au cœur d’une famille de l’ethnie Danu 

La famille nous accueille très gentiment, installe 2 matelas au sol avec de grosses couvertures. Personne ne parle anglais et peu birman. Ils utilisent leur dialect propre aux Danus. Notre guide dort directement à nos côtés au sol sur la natte, comme tous les fermiers du coin, c’est leur standard!


La maison est construite traditionnellement sur des pilotis en bois, plancher en bois fabriqué en bambou… Francis est surpris de la solidité. Il y a 3 pièces à l’étage avec des murs de bambous tressés. Une petite pièce pour la cuisine. Et là, étonnamment le feu se fait à même le sol… alors que tout est en bois. Sur le plancher, un carré d’argile isole le foyer du plancher en bois et permet de faire un feu à l’âtre ouvert.  À côté de la cuisine, il y a une autre grande pièce utilisée pour les fêtes et un petit autel pour honorer Bouddha; généralement des photos de famille y sont accrochées. Elle nous servira de chambre Pour cette nuit.  La 3 pièce est plus petite et sert de stockage et « chambre ».


Petite cabane au fond du jardin pour les toilettes.


Coin salle de bain à l’extérieur avec de l’eau de pluie récupérée.

 

Comment de laver en toute intimité?

Une des filles de la maison m’éclaire avec sa lampe torche et me guide sur comment procéder, où poser mes pieds, comment utiliser la petite bassine inox pour se laver. Elle est adorable et va jusqu’à me prêter un « dothi » pièce de tissu cylindrique qui se replie comme une très longue jupe pour que je puisse faire sécher mon pantacourt bien humide ! Quel sens de l’hospitalité.  C’est la dernière fille qui n’est pas encore mariée d’une fratrie de 10 enfants, elle a 40 ans. Ce sera elle, qui veillera sur ses parents âgés.

Photos de la famille qui nous accueille

Concert improvisé d’un petit groupe d’enfants musiciens

En arrivant au village au crépuscule, nous avions entendu au loin des bruits de gong et tambour . Nous sommes allés voir de plus près, avec la petite fille de la maison qui nous y conduit. Maung lan nous conseille de prendre la tablette pour partager la vidéo des écoliers de Schaffhouse. Un vrai concert, 5 gamins d’une douzaine d’années tout au plus, en train de jouer des morceaux de musique traditionnelle et d’autres enfants qui les écoutent !

Il y a un gong tenu par 2 enfants, un «clac clac » en bambou, un genre de tambour de forme similaire à un djembé et une paire de cymbales. C’est très beau à entendre, même les adultes du voisinage sont spectateurs.


A mon tour…

Puis, je leur propose de regarder la vidéo des écoliers de Schaffhouse…et en fait comme personne autour de nous ne parle anglais, les enfants pensent que l’on veut les filmer … du coup ils se mettent à jouer à nouveau de plus belle, certains se joignent à eux pour danser. Quel sérieux, nous en sommes « scotchés » …et quelle ardeur ! Après un bon moment, j’essaie de me faire comprendre pour qu’ils arrêtent de jouer de manière à pouvoir visionner les petits écoliers français! Ça y est, le message est passé. Regroupés devant l’écran, ils ne font plus de bruit, fascinés par les images. Quand les écoliers de Schaffhouse entonnent le chant « Ma petite planète» de Pierre Chêne, une vague d’émotion m’envahit. Cet échange spontané, en pleine rue d’un petit village birman reculé me donne le vertige. Être témoin de tous ces yeux d’enfants équarquillés, bouches bées, oreilles tout ouïe durant le chant est époustouflant. Même les adultes se rapprochent pour suivre la vidéo. Nous vivons ce moment unique comme un cadeau! Un vrai échange complètement improvisé avec tellement de spontanéité et sincérité … nous ne sommes pas prêts de l’oublier! La nuit est tombée, il est l’heure pour chacun d’aller prendre son repas.

Côté électricité,  pas de réelle source pour me permettre de recharger les batteries de l’appareil photo. La maison dispose juste d’un panneau solaire qui permet d’éclairer le soir.

 

Dîner gargantuesque au cœur d’un petit village reculé du Myanmar

Repas délicieux, gavés par tous ces produits locaux : salade avocat-cresson, haricots verts, maïs, aubergines, mélange de piments, pousses de soja-tofu, frites et riz… le thé vert est la boisson proposée partout, normal! Une nourriture saine, quasi bio et fraîche ! Que demander de plus avec une famille souriante, accueillante même si l’on ne se comprend pas du tout . Personne ne parle l’anglais, ils ne sont quasiment pas allés à l’école, jusqu’à 10 ans tout au plus. Et chaque ethnie a son dialecte .

Maquillée au Thanaka

Après une nuit bien au chaud , nous prenons un super petit déjeuner à base de fruits, chapatis et une sorte de curry de haricots mungo. Nous nous régalons.


La jeune fille de la veille souhaite me« maquiller » avec le Tanaka: pâte à base de bois frotté sur une pierre pour protéger la peau du soleil et aussi destinée à embellir le visage ..Francis me surnomme Avatar…je lui rappelle les personnages du film au teint blafard! En tout cas, je serai protégée du soleil pour toute la journée… de quoi réfléchir… un produit naturel non polluant et très peu cher … mais trop encombrant pour mettre dans mon sac : une pierre de ponçage et un morceau de bois! Et côté esthétique, il faudrait créer une mode !

 


Photo de famille

 


Et nous voici repartis pour une 2 ieme journée de trek. 21 km en 7h de temps. Les couleurs sont magnifiques. Nous traversons les champs jaunes de sésame, champs de gingembre, de chili, maïs, pois, oseille, choux fleurs…

 

Pause repas au cœur d’un village tapissé de rouge

Maung Lan nous cuisine, comme il sait si bien le faire,  un super repas avec une salade d’avocats, un gros bol de nouilles chinoises dans le bouillon accompagné de légumes éminces . Poire, pastèque et orange viennent clore le tout.

 

La propriétaire âgée de 66 ans explique qu’elle est veuve et entretient sa ferme avec ses enfants. Elle fabrique également des sacs en bandoulière pour hommes et femmes qui permet de transporter leurs affaires. Je craque pour 2 sacs très colorés … le prix de l’unité de 2,50 € donne une idée de leur niveau de vie,  quand on sait qu’il lui faut une journée de travail pour le fabriquer.

Le village est actuellement tapissé de chilis rouges qui sèchent au soleil devant chaque maison. La récolte rouge bat son plein, en partie destinée au marché indien qui en consomme beaucoup.

 « Défilé de mode » au cœur du pays Shan 

Nous reprenons notre trek à travers des champs de maïs et de rizières: il y en a de 2 types: riz de montagne qui pousse sans eau de moins bonne qualité et le grain de riz habituel qui a les pieds dans l’eau. Le terrain est montagneux avec des vues magnifiques. Au détour des sentiers de terre rouge, nous pouvons observer les fermiers au travail: récolte du gingembre, du riz, des piments, des choux, labour avec de beaux buffles. Parfois, nous nous retrouvons à marcher derrière les carrioles de paille tirées par 2 zébus. Les attelages se suivent en file indienne, la journée se termine, les paysans rentrent au village avant la nuit.

Défilé d’hommes et femmes très élégants en route pour un festival
Comme 
il y a un festival dans le monastère voisin, nous croisons une cohorte de jeunes filles et femmes de l’ethnie Pa-O. Elles sont magnifiques dans leurs tenues traditionnelles: vêtements noirs, foulard coloré en éponge noué sur la tête , avec leurs ombrelles … toutes au sourire généreux, complices pour la prise de photos car elles  adorent se regarder ensuite ! Les rires fusent!

Les hommes également ne sont pas en reste, avec leur pantalon noir et chemise blanche, petite besace colorée en bandoulière.

 

Étape au village ???

En fin de journée, vers 17h30, nous approchons du village avec tous les paysans qui terminent leur journée de travail: certains à pied, d’autres en carrioles et d’autres marchant avec leur buffle attaché à une corde. Il faut savoir que c’est un animal sacré et respecté car « collaborateur » du fermier dans son quotidien .


Que c’est agréable de randonner en bavardant avec notre guide sur divers sujets, un rythme adéquat pour apprendre diverses choses sur le Myanmar. Nous découvrons comment le hasard du calendrier a bien fait les choses pour le trek car novembre, premier mois de l’hiver, est idéal pour la météo et permet de randonner au cœur des récoltes.

Comme la veille, la dernière partie est raide et nous sommes vraiment contents d’arriver à notre hébergement car nous sommes épuisés. À peine arrivés, la pluie se met à tomber … quelle chance!


Le luxe d’une salle de bain à ciel ouvert!

Et ce soir grand luxe, il y a une salle de bain … enfin, je veux dire un carré en bambou à ciel ouvert. Un rideau obture l’entrée. Un seau d’eau froide nous attend. Dans ce genre d’endroit, c’est toujours un casse-tête pour accrocher ses vêtements au sec, ne pas laisser glisser le savon au sol …ce qui bien sur, m’est arrivé …et là, en prime, le toit en tôle laisse goutter régulièrement de grosses gouttes d’eau de pluie glaciale … il faut être courageux car le cumulus n’a pas été branché ! Mais on se sent tellement mieux…moi qui transpire rarement , j’avais tous mes vêtements trempés … encore pire pour Francis! Il doit faire 28 degrés mais l’humidité de l’air accentue la chaleur.

Toujours pas de réelle source d’électricité… nous nous adaptons! Pas de perte de temps sur le portable, lecture au programme: « Zawgyi, l’alchimiste de Birmanie » me plonge dans les réalités birmans politiques et spirituelles de 2007.

 

Clichés de cette superbe journée

 

Encore mieux qu’au resto, bien meilleur !

Notre guide nous a encore fait un repas gargantuesque…on ne risque pas de maigrir!

 

Dans la chambre, en fait la pièce principale pour les cérémonies, un matelas est au sol avec grosses de couvertures, et cette fois ci une moustiquaire… pas contre les moustiques mais d’autres insectes type blattes … La nuit a été réparatrice et plus chaude que la précédente car le village est moins élevé.

Échanges virtuels entre écoliers birmans et français

A ma demande, notre guide a prévu d’aller découvrir l’école primaire du village. A 8h30, nous nous y rendons donc. L’école  regroupe environ 200 élèves entre la classe 1 et la classe 9 . Maung Lan explique à la directrice mes intentions, le courant passe aussitôt et elle nous accueille très gentiment …elle ne parle pas l’anglais, mais heureusement notre guide fera le traducteur!


La journée birmane d’un écolier commence par le lever de drapeau à 9h. Les élèves sont en rang, entonnent l’hymne national, puis un chant qui rappelle les règles à respecter pour les écoliers cotoyens birmans, comme le respect de leur pays, de la planète…. Ambiance très militaire…Peu surprenant dans un pays de dictature…on aurait tendance à l’oublier au sein de ces villages reculés et pourtant le pays Shan est un des endroits qui a le plus souffert de la répression de la junte dans les années 80.
Ensuite chaque classe regagne son bâtiment. Je suis accueillie dans la classe 8, avec des élèves de 13 ans . Ils prennent place et pendant 10 min plasmodient des prières bouddhiques yeux fermés, mains jointes.

 


Oú est la France ?

Ils ne savent pas la situer. En les aiguillant, ils arrivent à trouver sur le globe que j’ai apporté : globe gonflable bien pratique car il n’y a qu’un planisphère dans la classe. De même qu’au Népal, je leur présente notre pays, ses spécificités . Puis la vidéo des écoliers de Schaffhouse … Et comme d’habitude, les enfants sont fascinés. Leur réaction  m’époustoufle à chaque fois… permettre une rencontre virtuelle par l’image entre enfants de 2 bouts du monde est juste génial !
La directrice fait la traduction car leur niveau d’anglais est très faible. Je me régale de leurs grands yeux qui fixent l’écran. Je leur explique le contenu du chant des enfants de Schaffhouse au sujet de notre planète à préserver. La maîtresse m’explique qu’ils ont également un chant sur l’environnement, chant que j’enregistre.


1h s’est déjà écoulée, ce n’est pas possible d’envisager de jouer et expérimenter le jeu du béret. Les élèves ont un programme à suivre! Je suis très reconnaissante auprès de la directrice d’avoir répondu à ma demande à l’improviste.

2 ieme petit dej à 10h30 pour fêter un anniversaire !

Au moment de partir, d’autres enseignantes nous font signe de rester et nous nous retrouvons à déguster de bonnes nouilles sautées aux légumes, des pois chiches frits, des épinards  à 10h30 . En fait la sœur de la directrice fête son anniversaire et a cuisiné  une énorme marmite pour tous les écoliers !


Nous assistons à la distribution pour tous les élèves ! Incroyable cette convivialité et sens du partage car la sœur de la directrice n’est même pas une enseignante de l’école …

Nous nous demandons si ceci est fréquent…car si tous les anniversaires de chaque enseignant (une douzaine) et de leur famille est fêté ainsi … cela peut vite faire un grand nombre d’occasions !

Puis, sur notre chemin, nous visitons un vieux monastère en bois. Il n’y a que quelques moines et 2 enfants qui sont en train de prendre leur dernier repas de la journée à 11h. Nous aurions pu y dormir sur des matelas,  ce qu’au départ on avait imaginé, mais avec du recul, les rencontres chez l’habitant étaient très sympathiques!

Direction le Lac Inle pour ce 3° et dernier jour de trek

Le temps file, 20 km nous attendent. Le 3 ° jour nous permet d’atteindre le lac Inle à travers un paysage aux plus grandes parcelles : cultures de pommes de terre, maïs, plantations maraîchères dont les tomates à l’approche du lac. Nous empruntons une piste et pour rattraper le retard, nous faisons quelques kilomètres accrochés à l’arrière d’un petit camion! Nouvelles sensations et il vaut mieux bien se tenir.


La descente vers le lac se fait à travers des sentiers de terre rouge sang ! C’est très humide et glissant, on s’ y engage au pas en se cramponnant aux arbres ou racines…tout en étant vigilant à ne pas réveiller un serpent qui ferait sa sieste, où se frotter aux énormes cactus. Pour la première fois, nous  traversons des bambouseraies…très agréable et et enfin, le lac Inle apparaît au loin.

Arrivée à l’embarcadère de Thaung Daun

Le trek se termine à un embarcadère sur une rivière qui permet de rejoindre le sud du lac, où une taxe d’entrée sur le lac de 9€ est demandée; nous espérons que cette taxe est bien destinée à la protection de l’environnement du lac, comme c’est annoncé …et pas dans les poches de la junte militaire!

 

Après un bon repas dans un petit resto, mais pas aussi bon que ceux préparés par notre guide, nous embarquons sur une pirogue à moteur. Il est déjà 16h!

Nous descendons la rivière étroite qui se faufile entre les cultures maraîchères et les habitations sur pilotis. Le paysage est radicalement différent de ces 3 jours  que nous venons de vivre. Après 30min, nous atteignons le lac. Le ciel se voile et prend des teintes assez sombres mais néanmoins fabuleuses. Nous nous laissons bercés par le ronronnement du moteur (un peu violent certes!) et le clapotis de l’eau. Passer de la moyenne montagne au ras de l’eau après 65 km de trek est bienvenu pour se reposer!


A l’embouchure du lac, nous croisons les pêcheurs  du peuple Intha réputés pour leur façon de pêcher en enroulant leur jambe autour de leur rame. Avec un mouvement très gracieux de leur corps, ils font ainsi avancer leur embarcation. Ils prennent la pause pour la photo!
Après 45 min, de navigation sur le lac, nous gagnons Nyang Shwe, la petite ville en bordure du lac, par un long chenal. Le temps devient de plus en plus menaçant, mais nous échapperons à la pluie.

A Nyang Shwe, nous pouvons trouver des hôtels abordables (15€ la nuit) . Directement au bord du lac, de grands complexes hôteliers très chers  ont été construits à l’initiative du gouvernement pour répondre à l’accroissement de touristes chinois.

Bientôt va se poser la question de la gestion des déchets, l’écoulement des eaux usées, la circulation sur le lac, apporté par le tourisme de masse. Avec le réchauffement climatique, le lac a déjà perdu 20 % de sa surface .

Les Aristochats

A peine débarqués, nous testons un nouveau mode de déplacement, un genre de side-car, qui rappelle à Francis le film des Aristochats! Petite variante, les passagers sont assis dos à dos, et non côte à côte.

 

En 10 min à peine, nous nous retrouvons devant notre hôtel « Three Seasons ». Nous nous y installons pour 3 nuits … grande lessive au programme ! Nous disposons d’une chambre agréable avec salle de bain attenante, et un bon petit déjeuner inclus (crêpes, œufs, fruits) pour 15€/ nuit … la vie est décidément peu cher au Myanmar!

 

Un de nos meilleurs moments de notre Tour du Monde

Ce trek fera partie de un de nos meilleurs moments de notre tour du monde. Se retrouver au milieu de nulle part avec des habitants d’une immense hospitalité, au cœur énorme, nous a procuré  une joie infinie! Loin des sites touristiques, au cœur de l’authenticité, expérience extrêmement enrichissante. Et je mesure l’immense « privilège » d’avoir pu intervenir dans une classe birmane d’un petit village reculé!  Un très grand merci à notre charmant guide!

 


Pays Shan

S’enivrer des odeurs moites du petit matin
Se faire surprendre par les enfants joueurs
Se laisser charmer par les oiseaux rieurs
Frissonner devant un serpent malin

Eblouis par les cascades de rizières
Grimpette à bout de souffle
Crépuscule de bains de boue pour buffles
Champs de thé vert en dévert

Tapis de chilis rouges en farandole
Parterre jaune de sésame
Larges sourires des belles dames
Gerbes de paille sur les carrioles

Hospitalité unique des Pa-Oh
Bienveillance de leurs regards
Femmes et hommes fumant le cigare  
Magie de ces instants gravés à Kalo

 

 

à

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4 Comments

  • Joëlle
    Posted 12 décembre 2019

    Chaque jour passe comme l’éclair et chaque nuit file comme une étoile filante ; c’est affolant comme noël approche à pas de géant
    Et depuis quelques jours l’inquiétude grandissante quant à votre silence me chatouillait et gratouillait et mes pensées ne cessaient de voler vers vous
    Me voilà rassurée, ravie et enchantée de ce très long et riche résumé et ces splendides photos
    Merci merci merci
    Bises

  • Brouassin mylene
    Posted 16 décembre 2019

    quel bel échange au coeur de l’école!! Tu as du te régaler Catherine, tous ces enfants bouche bée devant ta tablette..un beau cadeau..
    quelle beauté toutes ces photos pendant que nous courons les magasins pour les fêtes de Noel !!Continuez de vivre tous ces moments avec toujours plein d’étoiles das les yeux ..
    bises
    mylene

  • gisele jeulin
    Posted 20 décembre 2019

    Merci à tous les deux pour ce partage de votre belle escapade!!! que de belles photos !!! Merci aussi pour ce partage de la vidéo des enfants musiciens et danseurs de ce petit village! Merci pour tout; on a l’impression de vivre un petit peu de votre grande aventure!!! et toi Catherine tu racontes si bien…
    Beau cadeau de Noël pour nous! je crois que vous allez bientôt rejoindre vos enfants; profitez bien et poursuivez votre rêve réalité !!! Bises
    Gisèle

    • @dmin
      Posted 9 janvier 2020

      Merci Gisele, tant mieux si nous te faisons un peu voyager à travers les articles, belle et heureuse année 2020! Bises

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