Bonne nuit dans notre hôtel The three Seasons. Le propriétaire du lieu parle très bien anglais et nous aide à organiser les jours à venir! Il a beaucoup d’humour.

Nous avons pu récupéré de nos 60 km de trek depuis Kalaw. Il y avait longtemps que l’on n’avait pas dormi dans un lit aussi moelleux!

Balade à vélo

Aujourd’hui, je loue un vélo (3€ la journée) pour explorer les alentours du lac Inle. Francis préfère se reposer. J’ai repéré sur un blog la présence d’une grotte remplies de petits bouddhas. Ce n’est pas Pindaya, la grotte renommée aux 8000 bouddhas à 2 h de route, mais ça me conviendra parfaitement !J’arrive à un petit village, environ 1 km avant la grotte où se trouve un monastère où résident des enfants: des petits garçons moines et des petites filles en internat.

Je fais un tour sur le site , une jeune fille de 13 ans me montre le dortoir des filles. Plus haut à côté du stupa se trouve celui des garçons moines.

 

11h, heure du dernier repas pour les jeunes moines

A 11h, une farandole d’une cinquantaine de moinillons drapés de rouge vermillon descend les escaliers pour aller manger sous un abri au centre du village. A la queue leu leu, ils passent se laver les mains au point d’eau de la rue et reçoivent du riz blanc dans leur gros bol individuel. Ce sera leur dernier repas de la journée: riz, chili, légumes et melon vert.

 

Ils ont bon appétit, les louches de riz servies à plusieurs reprises sont impressionnantes ! Tout le monde est indifférent à ma présence … aussi bien adultes et enfants. C’est pas mal, j’ai ainsi moins l’impression de me sentir touriste! De nombreux chiens et chiots traînent tout autour dans l’attente d’éventuels restes…les chiots font la joie des jeunes moines, un vrai compagnon de jeu. Le repas se passe dans le calme. Certains mangent avec leur main mais la plupart utilise la cuillère.


Au tour des filles

Puis c’est au tour des filles. Chacune a déposé ses tongs à l’entrée de manière très organisée! A la différence des garçons, elles mangent toutes avec leur main. Le riz est déjà mis dans des bols sur la table.


L’école est juste à côté, avec un jardin potager. L’ensemble est soutenu financièrement par une ong allemande. Les enfants ont leur famille dans les environs mais ils ne rentrent qu’aux vacances d’été (3 mois de mars à juin). Les enfants fabriquent des objets artisanaux pour soutenir leur école : 2 petites poupées en tissu viennent rejoindre mon sac! Le petit moinillon qui les a réalisées m’explique que sa maman travaille en Chine et qu’il n’a pas de papa.


 

Éducation religieuse au monastère

Comme nous l’a expliqué notre guide du trek, être moine enfant n’est pas facile. Loin de sa famille, une éducation stricte , ce n’est pas une colonie de vacances !

Généralement toutes les familles envoyaient un de leurs enfants (garçon ou fille) au monastère pour lui permettre de recevoir une éducation scolaire, certes limitée à l’apprentissage des textes religieux mais au moins un moyen d’apprendre à lire. Depuis une quinzaine d’années, les écoles gouvernementales gratuites sont apparues, ce qui permet une éducation plus large ( maths, sciences, histoire…). On trouve ainsi de plus en plus de moines qui fréquentent l’école publique et reçoivent par ailleurs l’éducation religieuse au monastère. Ce sont les familles qui choisissent.

La grotte de Htet Eeain Gu aux multiples Bouddhas

Après ce premier arrêt, direction la grotte Htet Eain Gu. Il commence à faire chaud et ça grimpe un peu. Entre la fatigue des jours précédent et un vélo pas terrible, je pousse ma monture pour y parvenir !

J’apprécie la fraîcheur de la grotte que je découvre pieds nus. En Birmanie, l’entrée dans les endroits sacrés se fait toujours sans chaussures, ni chaussettes. Je suis accueillie par des dizaines de bouddhas qui se cachent dans les moindres recoins de la grotte. Il y en a de toutes les tailles et de différentes couleurs: des blancs, des dorés…


Au fond de la grotte, des escaliers permettent de descendre, il fait nuit noire, la lampe torche est nécessaire… J’ai l’impression d’être une exploratrice car j’ai oublié de vous préciser que je suis seule,  enfin presque avec tous ces jolis bouddhas ! Aucun touriste ou personne locale. Je crains juste de réveiller des chauve-souris !
Il règne dans cette grotte une réelle atmosphère de paisibilité, propice à la méditation. A l’extérieur, j’explore les environs : jolis stupas dorés, bananeraie , petite rivière avec des beaux papillons multicolores qui virevoltent autour de moi. Le cadre est bucolique et je m’y attarde, j’ai besoin de ces moments en solitaire pour me retrouver intérieurement et «apprivoiser» l’absence de mon papa.


Slow travel pour la suite du voyage en Birmanie

De retour à l’hôtel, nous organisons la suite de notre voyage… un peu casse-tête car nous n’avons que 12 jours au total avant de retrouver Océane à Bangkok. Nous savions que c’était court, mais nous voulons tellement découvrir ce peuple birman dont nous ont parlé tant de personnes!
Finalement, nous faisons le choix du slow travel, hors des sentiers battus. Nous resterons  dans les environs du lac Inle plutôt que de se rendre à Mandaley, comme on l’avait imaginé au départ. Ce serait trop court de faire 10h de bus pour ne pouvoir passer que très peu de temps sur place, devoir courir et prendre un avion assez coûteux pour aller à Bangkok…ça n’a vraiment pas de sens! On laisse tomber la capitale royale Mandaley…une destination qui restera toujours possible pour le futur…

Notre plan: nous irons à Kakku, site surprenant par ses innombrables stupas, puis nous rejoindrons Taunggyi où se tient le festival annuel des montgolfières. Et retour à Yangon au sud par le train… le train birman, on en rêvait..il paraît  qu’en soit,  c’est une aventure!  28h de voyage en perspective puis un avion pour rejoindre Bangkok.

En attendant, nous avons organisé une journée sur le lac Inle pour y découvrir le mode de vie des Inthas.

Découverte du Lac Inle et ses artisans à pirogue motorisée

Le lac Inle se situe à 900m d’altitude avec une vaste étendue de 20 km de long sur 8 à 10 de large, mais sa profondeur ne dépasse pas 6-8 m. Il est habité par les Inthas, « fils du lac » qui ont bâti leurs villages sur pilotis. Ils pratiquent une culture originale sous forme de jardins flottants.Nous y voyons beaucoup de cultures de maraîchages, notamment des «champs » de cultures de tomates à perte de vue.

Ramer avec une jambe

Une des originalités du peuple intha est leur façon de ramer: debout sur leur pirogue, ils manœuvrent la rame avec une seule jambe et ont ainsi les mains libres pour manipuler le filet. Cette technique de rame à la verticale permet de se déplacer dans des canaux étroits sans s’empêtrer dans la végétation: geste d’une très belle élégance, en prime! La pêche à la nasse conique plus ancestrale est néanmoins de moins en moins pratiquée.

 

 

Incroyables jardins flottants

Les jardins flottants sont une grande curiosité, faits de jacinthes d’eau, roseaux et herbes aquatiques entrelacés sur une hauteur de 1 m, qui se forment naturellement au fil du temps. Les inthas les tirent sur le bord du lac, les découpent en bandes d’un mètre, les recouvrent de terre et algues du fond du lac. Cela forme un beau tapis à ensemencer arrimé à des poteaux en bambou. Ils y cultivent toute sorte de primeurs: choux fleurs, salades, concombres, potirons, courgettes, haricots et fleurs ( chrysanthème, fleurs de lotus.. ) destinées aux offrandes pour Bouddha.


Lever de soleil sur le lac Inle

Au vue de la météo de ces jours-ci, mieux vaut démarrer la journée de bonne heure car vers 15h, les nuages arrivent et la lumière sur le lac est beaucoup moins belle. C’est décidé nous partirons à 5h30! Encore un lever aux aurores, on commence à s’y habituer !
Francis qui s’était réveillé à 4h du mat, était dépité et s’était recouché car il pleuvait à verse ! Finalement à 5h, tout est rentré dans l’ordre!  Le piroguier vient nous chercher à l’hôtel et nous rejoignons sa pirogue à 2 km à pied.
Aujourd’hui, jour de marché à Nyaung Shwe. Pour se rendre à l’embarcadère, nous traversons la ville qui commence à s’activer. Nous assistons à la mise en place des villageois venus des environs qui installent au sol leurs récoltes à vendre.


Il faut plutôt frais quand nous démarrons avec le bateau …contents d’enfiler notre coupe-vent.

 

6h30 les premières lueurs …les pêcheurs sont déjà à l’œuvre! le soleil est voilé …mais l’avantage d’être matinaux va nous permettre d’arriver sur les différents points de visite avant les autres touristes ! 


Marché de Nam Pan au sud du lac, 

On arrive à l’embarcadère de Nam Pan après avoir sinué entre les maisons sur pilotis et  les fleurs de lotus aux extraordinaires couleurs rose vive. Ce marché est le plus gros du lac, aussi animé que coloré.

 

Viande, poisson, fleurs, textiles, légumes, quincaillerie, bijoux … le marché regorge de marchandises .. même des bambous de 10 m pour construire les maisons sont à vendre.

 

Chiquer le Bétel

Au Myanmar, comme dans beaucoup de pays d’Asie, les hommes principalement, passent leur journée à chiquer du bétel, un mélange de noix d’Arec et de tabac qui colore les dents en rouge. Ils en deviennent accros. Sur tous les marchés, à chaque coin de rues, des vendeurs s’activent à la chaîne pour fabriquer ces drôles de chewing-gum vert. Ils enroulent les ingrédients dans des feuilles fraîches de palmier à bétel et les vendent pour 200 Kyats, soit 0,15 €. Non seulement leurs dents, gencives et lèvres deviennent orangées au fil de l’addiction mais chiquer le bétel augmente le risque de cancer de la bouche…Attention à ne pas se trouver dans la direction du crachat de ce mélange, car le risque est de se voir tapissé d’un mélange brunâtre peu ragoûtant!

 



Atelier  traditionnel de forgerons

Fabrication á la sueur de leurs fronts de couteaux, coupe coupe, ciseaux… à partir de récupération de fer sur les carcasses d’automobiles.


Atelier de tissage de la fibre de fleur de lotus et soie

Nous comprenons vite pourquoi une écharpe en fibre de lotus est bien plus chère que celles en soie. L’ opération reste très délicate pour extraire les fibres situées à l’intérieur de la tige, les entremêler pour leur donner épaisseur et solidité …20 jours sont nécessaires pour fabriquer une petite écharpe!

 

Orfèvres aux doigts d’or

Ateliers d’orfèvrerie pour comprendre comment les artisans extraient l’argent et le transforment pour en faire des bijoux…de l’extraction manuelle de l’argent du minerai, à la fonte jusqu’à la fabrication de petits objets en argent.


Ombrelles en papier shan

Atelier de production d’ombrelles avec la fabrication de la pâte à papier à partir du pozapin, une sorte de mûrier sauvage. Des fleurs sont ajoutées avant le séchage et ce papier est utilisé pour fabriquer des ombrelles, lanternes…

Cela me rappelle nos ateliers fabrication de papier recyclé au printemps avec les enfants du centre Clémenceau…voici de nouvelles idées pour transformer les productions des élèves!



« Femmes-girafes » ou « Femmes au long cou », qu’en penser?

Nous avions vu un reportage en France sur les femmes-girafes du nord de la Thaïlande. Des jeunes filles issues de l’ethnie Padaung qui vivent au nord de la Birmanie se sont réfugiées en Thaïlande. Elles portent depuis leur plus jeune âge une sorte de collier-spirale en laiton, métal très lourd, qui leur allonge le cou. Maintenant elles le font principalement pour le tourisme et de ce fait, ne sont pas scolarisées, mais plutôt exhibées comme dans un zoo humain pour les touristes.Cette activité permet un revenu intéressant pour la communauté, ce qui pose un réel problème d’éthique.

En Birmanie, que penser de cette grand-mère tisseuse accompagnée de 2 jeunes filles d’une quinzaine d’années, issues également de l’ethnie Padaung?

J’ai pu discuter avec l’une des jeunes filles qui parlait plutôt bien l’anglais. Elle m’a expliqué qu’elle avait fait le choix de porter ces colliers car elle est très attachée à la tradition, elle les trouve très beaux et en est fière. Elle aime être photographiée avec les touristes. Elle me confirme qu’elle a quitté l’école à 12 ans et elle a commencé à porter ces lourds colliers, ce qui n’est pas vraiment compatible avec une vie de lycéenne…C’est vrai, qu’en Birmanie, beaucoup de jeunes filles et garçons dans les campagnes arrêtent également l’école en fin de primaire, faute de moyens pour continuer et de toute façon, il y a toujours du travail à la ferme…Ce qui est plutôt à craindre pour ces jeunes « filles-girafes » serait le développement de cette pratique à plus grande échelle, la Birmanie s’ouvrant seulement au tourisme.
Peut être qu’aller découvrir par un trek cette ethnie au nord du pays dans leur village représenterait une démarche plus saine???

La fabrique de Churros: cigares

Les cigares et cigarettes sont roulés manuellement par des femmes à une vitesse impressionnante: 500 à 800 par jour.

 

In Dein et ses stupas 

Au sud est du lac, notre bateau suit une rivière pendant 20 min avant d’atteindre le village de In Dein.

Depuis le débarcadère, passage couvert de 700 m de long qui mène à la pagode Shwe Inn Tain. De part et d’autre de ce passage, des centaines de stupas du 17°-18° en ruines au milieu des herbes folles … un air majestueux s’en dégage … 1054 monuments ont été répertoriés. Déambuler tels des Indiana’s Jones au cœur de cette  «forêt» de stupas élancés vers le ciel pour certains, ou s’écroulants pour d’autres est vraiment fascinant! Le passage se termine par un escalier pour accéder à la pagode Shwe Inn Tain, entourée de stupas plus récents aux différentes couleurs…blancs, dorés, en briques, gris…

 

Monastère Nga Phe Chaun tout en bois construit sur pilotis du 19°


Phaung -Daw U Pagoda, la plus vénérée du pays Shan

Pagode du 12°,  mais elle a été tellement agrandie et rénovée, qu’elle présente un aspect plutôt moderne et clinquant…Construite sur pilotis, c’est l’édifice le plus fréquenté. C’est un défilé incessant de barques à moteurs de birmans qui viennent s’y recueillir. Les fidèles et les moines achètent des fleurs de lotus pour les offrir à Bouddha. A l’intérieur de la pagode se trouvent les statues des 5 petits bouddhas, dont 4 sont transportées dans une barge royale en procession chaque année, lors de la fête des Inthas (en octobre).

Si vous regardez bien la photo ci-dessous, il est plutôt difficile de deviner la silhouette de ces petits bouddhas tellement ils sont recouverts généreusement de feuilles d’or, collées par les fidèles !

Balade au fil des habitations sur pilotis et des jardins maraîchers

Ce lac regorge de merveilles!

Quelle journée ! Nous avons eu tellement d’informations en si peu de temps…laissons-nous le temps d’assimiler! Le lac Inle et ses environs regorge de tellement de traditions qu’il ne faut pas hésiter à y passer du temps; nous avons passé 7 jours dans cette région mais nous aurions encore pu nous y attarder.
Dans un tour du monde, chaque jour apporte son lot de nouveautés, de surprises, d’anecdotes …parfois de déconvenues (rares en ce qui nous concerne jusqu’à ce jour)…L’expérience est fabuleuse …

Infos pratiques:

Coût de la journée de location de la pirogue en amoureux : 30€ …habituellement 25€ mais en raison du festival à Taunggyit , les prix sont à la hausse !

SIN YAW, notre restaurant préféré depuis le début de notre tour du monde!

Restaurant familial à Nyaung Shwe, qui propose un choix impressionnant de spécialités végétariennes birmanes cuisinées avec finesse! Nous nous régalons et en faisons notre cantine locale. Les pancake banane-chocolat (avec du vrai chocolat!) sont excellentes …Il y avait longtemps qu’on ne s’était pas accordé de dessert!  Non pas par mesure de régime mais tout simplement parce qu’il n’y en a généralement pas!

 

 

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1 Comment

  • Brouassin mylene
    Posted 18 décembre 2019

    tout simplement superbe..un mélange d’inde , de vietnam, de sri lanka …ca donne envie de voyager mais je n’aurais pas votre courage !!se lever à 5 h du mat!!Dur , dur!! heureusement qu ‘il y a les pancake banane chocolat pour tenir le coup!! ha! ha!

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