Retrouvailles à l’aéroport de Manille avec notre fils

Nous avons retrouvé notre fils à l’aéroport au son des gospels, une chorale qui accueille les voyageurs pour les inciter à faire un don pour aider les victimes du typhon qui vient de traverser certains parties des Philippines.

 

Des airs de Noël à l’aéroport de Manille


Direction le port Batangas pour rejoindre Abra de Ilog en pleine nuit sur l’île de Mindoro, au sud de Manille. A nouveau contrôle sérieux des bagages avec chien.


Notre ferry a l’air bien rouillé et dire que c’est aux Philippines qu’ont lieu le plus de naufrages de vieux rafiots…mais bon, nous sommes rassurés par le panneau « Safety first» (sécurité d’abord)!


En fait nous avons réservé  nos billets depuis quelques temps et nous venons d’apprendre que notre bateau est annulé en raison d’une mer agitée à venir. Du coup, tous les passagers sont reportés sur un autre ferry qui partira à 1h du matin…explication assez bizarre d’autant plus que la mer sera calme ???


Nous essayons de dormir quelques heures comme on peut,  sur les sièges bien rigides du pont. Puis on se glisse sur les sièges plus moelleux du bus pour Sablayan sur la côte ouest. Notre nuit se poursuit pendant 4 h. Un tricycle  (genre de moto side-car) nous permet de rejoindre le port pour la traversée pour l’île de Pandang en 20 min

L’île de Pandang

Notre petit resort  pour petit budget, le seul de l’île. Bienvenu pour récupérer des 48h de voyage pour notre fils et particulièrement de cette dernière nuit hachée!

Récif corallien d’Apo Reef

Nous avons organisé une visite du récif corallien à Apo Reef avec le service d’information touristique de Sablayan. Le parc naturel de Apo Reef est un récif de corail à environ 30 km de l’île de Pandang. Par chance un couple de deux jeunes suisses qui séjourne dans une chambre voisine sont intéressés pour se joindre à nous, ce qui est plus sympa et permet de partager les coûts: location du bateau, coût du capitaine, de son « équipage », et du guide-cuisinier.

 


A 6h du matin, le bateau Princess accoste sur l’île de Pandang pour nous faire monter à bord. L’embarcation est plus grosse que ce qu’on avait imaginé, avec une partie couverte pour nous créer de l’ombre, des flotteurs de bambous qui stabilisent le tout. Insolite, Il y a même des toilettes à bord!

Direction Apo reef à 2 h de navigation

Notre frêle embarcation croise d’imposants cargos … nous nous en approchons dangereusement mais le bon sens du capitaine lui concédera la priorité ! En fait nous traversons l’autoroute des cargos gaziers, pétroliers… en tout genre et plus ou moins en bon état …

 

Notre guide Rudi très  dévoué et prévenant


La mer au bleu profond nous berce avec ses petites vagues à la limite du mal de mer ! Un groupe d’une vingtaine de dauphins accompagne le bateau sur quelques centaines de mètres. Le capitaine va à leur rencontre et ils tournent autour de nous en se montrant à chaque saut.


Puis nous traversons plusieurs ceintures bleue émeraude. Notre bateau « Princesse » ralentit pour éviter toute rencontre inopinée avec des récifs.

 

Apo Reef en vue, îlot inhabité

Sur Apo Reef, seuls 4 rangers résident en permanence. Ils veillent au respect des règles et patrouillent la nuit en mer pour débusquer les éventuels pêches illégales … lls se font alors accompagner de militaires armés, plus intimidants pour se faire respecter selon eux. Car parfois les braconniers ne se laissent pas faire et des échanges de tirs peuvent se produire.

Comme des Robinsons sur notre île déserte

Nous sommes seuls sur l’île que nous avons atteinte après 2h de bateau au large de Siblayan.

Royal ! Après avoir réglé les droits d’entrée du parc (10€/p), nous installons nos tentes. Le cadre est fabuleux, vue sur mer imprenable pour notre petit groupe!  La période touristique a pourtant démarré. Rudi nous explique qu’il peut y avoir facilement 10 tentes d’installées sur l’île,  mais mais ce jour-là, il n’y aura que nous! Génial, car l’ambiance serait différente!
Le seul  bémol sera notre tente qualifiée pour 4 places (louée au l’office du tourisme) que l’on devra se partager à 3 alors qu’au mieux elle ne peut abriter que 2 adultes!!

Sauvés par le coté prévoyant de notre jeune couple suisse ! Ils nous proposent une moustiquaire qu’ils ont dans leur bagage. Une fois suspendue aux arbres avec un lit en bambou de fortune, notre fils passera une merveilleuse nuit étoilée à l’abri des scorpions, moustiques, fourmis et autres insectes! Bien plus agréable que pour Francis et moi, à l’étroit dans notre petite tente où il y fait très chaud…  avec en prime la peau collante recouverte d’un léger film salé, sensation très unique à sentir poisseux de la tête aux pieds! Et ouvrir la moustiquaire pour gagner un filet d’air frais n’est pas raisonnable dans un pays où la dengue et le moustique tigre font des ravages!

Le sable nous offre son matelas un peu ferme certes, mais bien moins qu’en pleine jungle sur les flancs du volcan… c’est fou comme chaque expérience peut varier du tout au tout, il y a une semaine nous étions transis de froid dans notre tente qui ne fermait plus et à Apo reef nous sommes dégoulinants de sueur sous une tente que l’on ne veut pas ouvrir!

La vie est bien farceuse parfois ! Et le comble sera qu’apparemment des fourmis réussiront à entrer dans notre bunker avant nous, et le lendemain nous nous retrouverons avec des dizaines de piqûres bien plus agressives que celles des moustiques… 3 jours durant, elles nous démangeront!

Dîner et petit déjeuner de princes

Rudi prend en charge les repas avec son Lawrence, 12 ans, le fils de sa femme. Chop suey de légumes, aubergine aux œufs, salade d’aubergines fumées et tomates, nems au légumes, riz, curry de légumes, pennes aux champignons, omelettes, toasts grillés, pastèques, bananes, bananes frites… toutes ces merveilles gastronomiques pour 35€ pour ces 2 jours pour nous trois, fantastique !

Aux Philippines, l’eau n’est pas potable pour les habitants, il existe donc un sytème de jerricane d’eau filtrée et chaque famille achète pour 20 pesos ( 0,35€) son jerricane pour sa consommation et la cuisine. Au moins, même les glaçons proposés pour rafraîchir les boissons sont issus d’une eau potable.

 

Mindoro balayée par le typhon Kammuri début décembre 

Nous avons eu de la chance d’avoir Rudi à la fois guide snorkelling et cuisinier ! Il accompagne également les treks et le reste du temps avec son Habal Habal, il complète ses revenus. Habal habal est le nom local pour ces « tricycles » sorte de motos-taxi side-car . Les philippins utilisent principalement ce moyen de déplacement sur leur île ainsi que pour transporter leurs marchandises.

Il a besoin de travailler et est heureux d’être notre guide. Le typhon Kammuri est passé par Siblayan, il y a à peine 3 semaines et il a vu le toit de sa maison être endommagé par la chute d’un arbre. Un des rangers nous raconte comment son toit s’est complètement envolé. Les rafales de vent atteignaient 200 km/h. De mémoire de philippins, les locaux n’avaient encore jamais vu un typhon d’une telle puissance et pourtant, en moyenne une cinquantaine traverse les Philippines chaque année .


Non seulement beaucoup d’habitations ont été endommagées, mais également beaucoup d’arbres au sol, de bateaux coulés ou abîmés car chahutés sur les récifs par les incroyables vents. Des pans entiers de plage ont disparu, le sable emporté par les flots avec une semaine sans électricité…Les fonds marins ont souffert de ce déchaînement des éléments, beaucoup de coraux cassés, recouverts de sable … il faudra des années pour que la nature locale reprenne ses droits. Rudi mesurait l’étendue des dégâts à nos côtés, c’est la première fois qu’il revenait sur place.

Nettoyage des dégâts à Sablayan

Sur l’île Pandang réputée pour ses tortues, le manager français du resort explique que l’herbier au pied de la plage à complètement été recouvert de sable, coupant l’herbe sous le pied aux tortues … En attendant, elles se sont éloignées pour se nourrir … l’écosystème a été touché aussi bien sur le plan terrien que marin .

Admiratifs devant la résilience des philippins…

Néanmoins quelle résilience de la part de ces locaux qui témoignent de la violence du typhon… chacun avait mis à l’abri sa famille dans les bâtiments prévus à cet effet et les hommes étaient restés dans leur maison. Ils en sourient, pourtant aucune assurance ne leur viendra en aide, la débrouille reste de mise, accompagnée de leur profonde foi chrétienne et de leur force intérieure. La vie continue son chemin jusqu’au prochain typhon ou tremblement de terre ou tsunami…d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement? Impossible d’imaginer de vivre quotidiennement dans la peur … un peu comme avec le cancer qui peut récidiver théoriquement à tout moment …

Transformer nos peurs en une force positive pour savourer chaque moment de la vie

La vie poursuit son chemin et plutôt que de craindre le pire, ils transforment ceci en une force positive pour tout reconstruire et continuer de apprécier chaque moment de la vie.

 

Nos rencontres à Apo Reef


Les tortues nous sont fidèles! À plusieurs reprises,  nous surprenons les tortues de l’espèce Hawsbill en train de s’attaquer au corail avant de prendre la poudre d’escampette tels des oiseaux prenant lourdement leur envol!

Ce matin, rencontre avec un banc de barracudas, des centaines en rangs serrés… l’eau est d’une telle limpidité , tels des guirlandes de Noël, ils scintillent dans les rayons du soleil. Derrière eux, les profondeurs au bleu azur surgissent du néant … Surpris par nos ombres, ils évoluent en une majestueuse chorégraphie et dessinent de jolis motifs…

Eagle Rey

Il nous manquait la raie aigle à notre palmarès de chasse  visuelle …. Rudi hurle « raie, raie » elle évolue à peine 5 m sous nos pieds… elle est énorme , avec son corps noir massif, sa gueule en forme de bec, elle est en train de ratisser le corail au fond, notre présence ne la perturbe pas …puis comme un aigle qui se déploie, elle plane et s’envole entre les récifs. On peut apercevoir sa silhouette ci-dessous…nous regrettons vraiment notre appareil photo «marin » qui aurait permis de saisir tous ces instants …

Plus loin face à face avec un énorme barraccuda solitaire suspendu au courant à quelque mètre de mon masque.

 

Coucher de soleil depuis le phare de l’île

Après une petite balade dans la mangrove au nord de l’île, direction le phare. Il vaut mieux ne pas trop regarder les marches  car elles laissent entrevoir le sol ! Assis, le tangage est moins important ! Plus tranquille pour observer le coucher de soleil et les rochers acérés en contrebas.

Des coraux en péril

De manière générale le récif apparaît endommagé, à la fois par les effets du typhon, mais aussi par les effets du réchauffement climatique. Sur le côté nord de l’île, des rochers du récif commencent à être recouvert d’algues verdâtres. Plus au sud, des coraux sont victimes du blanchiment, phénomène qui s’observe à plusieurs endroits de la planète comme sur la barrière de corail australienne, par exemple. Les coraux sont de petite taille. Le parc a été créé en 1996, ce qui a permis de stopper la pêche à la dynamite qui a laissé ses marques à certains endroits. Nous retrouvons différents types de coraux verts, bleus, aux formes variées comme au Raja Ampat mais en quantité bien moindre et en toute petite taille. Il faudra des années pour que l’écosystème retrouve sa diversité. Par contre, une grande variétés de poissons tropicaux y trouve son compte et la clarté de l’eau rend leurs couleurs encore plus éclatantes.

Apo reef et ses rangers bienveillants

Après le repas, sous une voute étoilée de milliards de galaxies, sillonnée par la Voie lactée , les rangers philippins nous rejoignent pour nous faire découvrir le rhum produit localement! La langue anglaise étant la langue de l’école, il est très facile de bavarder avec eux. Le rhum est très apprécié et la bouteille accompagnera la chaude soirée!  Un des rangers nous explique qu’il a deux métiers entre une semaine paisible sur l’île en tant que ranger …en alternance avec une semaine de fermier à produire du riz.

Nous apprenons qu’il y a encore des enfants habitants dans des villages reculés au centre des îles Philippines qui ne sont pas scolarisés . Le salaire moyen oscille entre 150€ ( job sans qualification) à 300€ dans l’administration.

A la recherche de tortues « pondeuses »

A notre demande, notre ranger nous accompagne vers 22h sur la plage à la recherche de traces de tortues sur le sable. Ces dernières viennent effectivement la nuit pondre sur la plage d’Apo reef. Quelques consignes, ne pas éclairer les tortues lors de leur venue sur la plage et dans leur nid pour ne pas les effrayer. Nous arpentons la plage côté est, sud et ouest … en vain … deux traces témoignent néanmoins du passage d’une tortue en direction du rivage et son retour vers la mer … le ranger nous montre l’emplacement du nid fait au milieu de plantes types liserons. Tout y a été nettoyé mais nous l’avons loupée de peu … la tortue n’est plus là, elle y a abandonné ses 50 à 100 œufs enfouis dans le sable … les rejetons tortues regagneront la mer …..

Clémence, futur capitaine ?

Le fils du capitaine, Clemence,  un garçonnet de 6 ans fait partie de l’équipage. Il nous accompagne  à chaque sortie de snorkelling , équipé du gilet de sauvetage, de la bouée tractée par son grand frère. Il apprend à utiliser le masque! Il est vraiment mignon!

Pandang island resort

Petit resort a l’ambiance familiale qui propose des chambres pour les petits budgets. Les moustiquaires rouges apportent tout leur cachet !!! Le proprio français a créé cela avec d’autres associés, il y a une trentaine d’années. Il doit être originaire du sud avec son pastis et boules de pétanque. L’habitat est traditionnel en feuilles de bambous tressées pour les parois et un toit en feuilles de palmes . Le bungalow rassemble 5 chambres côte à côte qui débouchent sur un patio avec la mer à 50 m … la vue est magnifique,  paradisiaque avec cocotiers et yuccas gigantesques . 



Au pied de la plage, l’ancien herbier où les tortues viennent se nourrir ! Des hamacs suspendus entre les arbres n’attendent que les vacanciers pour se relaxer !


Le resort a aussi souffert du  typhon qui vient de balayer Apo reef et Mindanao: arbres cassés et bateau de plongée endommagé. Après une semaine, avec notre fils, nous serons quand même comblés par notre exploration: les tortues sont de retour, nous les observons fascinés par leur habileté à gratouiller le sol pour y dégager les herbes enfouies sous le sable. Elles utilisent leurs « pattes avant » pour balayer le sol et pincer les touffes vertes. Ce sont des tortues de mer vertes, leur gueule est arrondie à la différence de celles d’Apo Reef à la forme d’un « bec »

 

Superbes couchers de soleil

Douceur des Massages philippins

Nous profitons de notre dernier jour pour solliciter les services de Rosa, masseuse de 57 ans qui travaille pour le resort. Elle combine plusieurs techniques entre les massages thaï, ayurvédiques, shiatsu … un massage complet d’une heure trente au calme dans une maisonnette en bambou ouverte sur la mer, qui procure une vraie détente!

Elle est merveilleuse et m’explique qu’elle remercie Dieu de lui avoir donné ce talent, sur les pas de sa grand-mère, masseuse également, décédée à 105 ans!
Suite au typhon, il n’y a que son job qui va permettre d’aider financièrement sa famille et notamment son fils qui a perdu toute sa maison. Heureusement la haute saison arrive. Le manager de Pandang Resort devrait sensibiliser les touristes de passage aux besoins de la population et les encourager à utiliser leurs services pour contribuer à la réparation de leurs biens . Déjà ainsi, je trouve que notre position de vacancier peut paraître indécente à côté de la population dans le besoin, suite à cette catastrophe…mais en même temps, il est vital que l’activité touristique continue puisque c’est leur travail qui en dépend.

Retour sur la cote à Sablayan pour rejoindre le reste de la troupe

Dans 2 jours Romain, Océane et David atterriront sur l’île de Coron. Nous quittons l’île de Pandang pour San José, une petite ville au sud de l’île de Mindoro où nous prendrons un ferry pour changer d’île.

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