Train Céleste pour le Tibet

En route pour le Tibet 

Quand on visualisait à la maison sur notre carte du monde le trajet pour rejoindre le Tibet , cela nous semblait incroyable et maintenant le vivre, est invraisemblable.

Premier tronçon du voyage Chengdu-Xining au cœur du Qinghai : 1400 km pour 40€

Petit aparté à propos des toilettes de la vieille gare Est de Chengdu

Il s’agit en fait d’une sorte de canal inox en pente douce qui traverse les différentes cabines wc, avec une chasse d’eau unique qui coule en permanence en amont! Un peu le même principe que les étables !!!

Et toujours la présence d’une corbeille à côté pour y jeter le papier wc usagé…pas très glamour…mais c’est un classique de la Chine, du Népal et Mongolie, pour éviter de boucher les canalisations !

Surprise aussi quand je suis « tombée » sur des wc collectifs femmes au Centre de protection des Pandas Géants à Chengdu, pourtant très moderne : un ensemble de trous côte à côtes sans intimité… je me suis réfugiée dans les wc pour handicapés !

Adaptabilité

Vous pensez peut être que je parle souvent des toilettes, mais je trouve qu’ils font partie à part entière de la culture de chaque pays. Et c’est certainement un des endroits, en tant que voyageuse, qui demande le plus d’adaptabilité!

Reprenons notre voyage en train…

Une fois à bord, quelle surprise de découvrir que la classe « hard sleeper » c’est à dire « couchettes dures »correspond à des couchettes de 6 lits en pseudo compartiments sans porte, ouverts sur le couloir .

2 colonnes de 3 lits superposés! Il ne faut pas avoir le vertige tout la haut et il y fait froid, car on est juste en dessous des bouches de la clim !  Après une nuit plus ou moins reposante, nous descendons à Xining, le temps de sortir sur à place de la gare récemment rénovée, un espace gigantesque qui nous impressionne toujours. Le temps d’une pause repas dans un food court où nous pouvons tester différents plats très bon et très économiques.

PAYSAGES TRÈS VERTS, TERRES AGRICOLES, CULTURES JUSQU’À XINING, CAPITALE DU QINGHAI.

Xining : petite ville de 2 millions d’habitants. On y voit pour la première fois des minarets se dresser dans la ville. Xining était une ville importante sur la route de la Soie et ici aux portes du Tibet se côtoient musulmans, tibétains et boudhistes.Le ciel a une belle couleur bleue, cela change du gris de Chengdu! Puis le relief commence à se former avec des montagnes brunes, rouges , beaucoup d’énormes ponts qui enjambent des cours d’eau plutôt secs en cette saison.

Aux abords des villes ultra modernes, toujours un déluge de tours d’une trentaine d’étages posées côte à côte et beaucoup d’autres en constructions qui poussent comme des champignons! Les vieux quartiers sont généralement détruits ou en cours…

La gare de Xining est gigantesque, avec une place immense … tout est hyper dimensionné, ce qui a pour effet de créer une ambiance assez paisible car on ne se retrouve pas agglutiné ! 

Deuxième tronçon Xining- Lhassa : 1960 km pour 90€

Le plus haut chemin de fer au monde: 5072 m

Il s’agit de la nouvelle ligne ferroviaire achevée en 2006, qui représente une réelle prouesse d’ingénierie.

86% de la ligne se trouve au dessus de 4000 m et la moitié de la voie est construite sur le permafrost. Les chinois ont installé des circuits de refroidissement dans le sol pour qu’il reste gelé en permanence. Cela évite que les rails ne s’affaissent avec la fonte des neiges en été.

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Quelques échanges avec les autres voyageurs…chinois

On partage le compartiment  avec une famille et leur fils, un jeune adulte et un autre jeune. Aucun ne parle anglais. Pas de réseau pour activer le traducteur …mais on arrive quand même à se comprendre quand la maman voudra faire un selfie avec moi!

Discussion avec une femme du compartiment voisin qui parle anglais : 55 ans, comme moi, elle est avec un groupe d’amis pour aller visiter le Tibet pour 10 j. Elle ne fait pas son âge du tout et au fil des discussions, elle m’apprend qu’elle aussi, a eu un cancer des intestins,  il y a 4 ans. Elle va bien maintenant et est en retraite car en Chine les femmes s’arrêtent à 55 ans et les hommes à 60 ans… cela fait rêver ! Elle a un enfant de 28 ans et elle fait partie de cette génération où ils n’avaient pas le droit d’avoir plus d’un enfant. La loi a changé, il y a 3 ans et 2 voire 3 enfants sont possible et c’est plutôt dans les campagnes qu’on rencontre les familles nombreuses.

Ma question à propos de Hong Kong la met mal à l’aise. Parler politique n’est pas évident; de son point de vue, le plus important est qu’il n’y ait pas de violence, la paix doit être préservée avant tout. notre guide à Pékin m’avait déjà fait le même genre de réponse!

Elle me parle de la facilité d’avoir un visa pour voyager: elle a, par exemple, un visa pour l’Angleterre pour 2 ans. Quand elle était encore en activité (propriétaire d’une entreprise vendant des microscopes) elle a beaucoup voyagé en France et Italie. Donc elle se sent libre de pouvoir  aller où elle veut.Je réaliserai plus tard que c’est compliqué pour les chinois d’exprimer leur opinion en public car on ne sait jamais si,dans les parages, il ne traîne pas une caméra policière en civil… 

Dans le train, il n’y a quasiment que des chinois: le gouvernement chinois a pour objectif de faire du Tibet la première destination touristique de chine (10M de visiteurs par an). 

Plateau repas pris dans le train, en éliminant la viande ( il y en avait peu de toute façon! )

Un début de mal des montagnes

De mon côté, premier mal de tête assez fort qu’un doliprane n’arrive pas à faire disparaître. Nous ne sommes pourtant qu’à 3000 m.Mais les troubles liés à l’altitude peuvent déjà commencer, cela dépend des individus…et ce n’est pas parce que nous avons déjà marché dans le passé à de telles altitudes (5 200m) que c’est acquis pour la vie! Du coup, je prends un comprimé de Diamox, conseillé par notre médecin et nous démarrons également un traitement que prennent les chinois et tibétains à base de plantes: Hongjin Tian. Je commencerai à me sentir mieux le lendemain matin.

Passage du Col de Taggula à 5012 mt…les buses d’oxygène soufflent…

22h, extinction automatique des lumières dans les compartiments… les buses d’oxygène se mettent à souffler en permanence au dessus de la tête de chaque voyageur pour aider à supporter l’effet de l’altitude.

On règle notre réveil à 4h, l’heure à laquelle on devrait passer le col Taggula à 5012 m d’altitude … le contrôleur a dit qu’on ne s’y arrêtait pas mais juste pour essayer d’entre- apercevoir le paysage … A 4 h du mat, il fait une nuit d’encre avec des étoiles qui dessinent des constellations que l’on a bien du mal à reconnaître. La lune presque pleine, cachée derrière les hautes montagnes éclaire un paysage à relief désertique …ah une route avec des phares au loin …finalement on se recouche en attendant le lever du soleil … 6h30 toujours pas debout … c’est dingue ici, le soleil fait la grasse mat ! Sur la Muraille il y a longtemps qu’il s’était montré…Mais 2000 km nous séparent maintenant.

7h15, apparaissent les premières lueurs avec un imposant nuage gris jaunâtre qui semble suivre le train et derrière les monts émerge une lumière jaune orangée, accompagnée de petits nuages oranges striés suspendus sur un beau ciel bleu.

Troupeaux de yaks et moutons s’activent, l’impression de quitter la Chine nous gagne, d’autant plus qu’on peut apercevoir les habitants qui portent des vêtements traditionnels très différents.

On longe la Tibet Highway, il est 7h40 quand le soleil se montre enfin! Ça valait le coup de se lever à 4h ! Et comme on n’accède à plus rien avec le téléphone ! On ne pouvait pas le deviner !

Régulièrement le long des voies, il y a un garde à côté d’une cabane qui se met au garde à vous lorsque le train passe ?!

Des cimes enneigées apparaissent, un glacier au loin…Les chaînes himalayennes ne sont pas très loin.

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Arrivée à Lhassa, plus de 15 000 km en train depuis Helsinki !

Ca y est, fin d’un long périple en train de 15000 km depuis Helsinki, soit 11 nuits passées dans une couchette ou assis!

On descend avec le contingent de militaires qui voyageait avec nous et on assiste à la remise de l’écharpe blanche, signe de bienvenue au Tibet.

Nouveau contrôle de police à la sortie du train, on nous prend nos passeports. Tous les étrangers doivent suivre un policier qui nous conduit dans une pièce.Vérifier sur l’ordi que notre permis du Bureau de Tourisme Tibétain (BBT) est bien valide prend un bon moment. Nous retrouvons enfin notre passeport, et le précieux sésame: le permis tibétain.

On peut entrer au Tibet! Enfin pas seuls !

Le Tibet n’a rien à voir avec la Chine, c’est une Région Autonome avec des règles strictes mises en place par la Chine.Il reste une région difficile d’accès!

Guide obligatoire pour découvrir le Tibet, certains endroits ne peuvent se visiter qu’avec un guide, comme le Potala ou le temple du Jokhang à Lhassa et certains monastères . 

Des permis de circulation sont nécessaires pour quitter Lhassa: Impossible de se rendre dans les autres régions comme le Camp de Base de l’Everest, ou Shigatsé, sans guide.

Et pour le Mont Kailash à l’ouest du pays où nous irons faire un trek, il faut un permis militaire, voire un permis des Affaires étrangères, car il s’ agit d’une région frontalière sensible.

Pas d’autre solution que de passer par une agenc, dés lors que le touriste n’est pas chinois! Ce qui rend le voyage coûteux ! Toutes les agences proposent les mêmes circuits au même prix ou presque!