Yuli, 6 ans, déjà engagée dans la lutte pour ses droits

Durant notre séjour au sein de  Madre Tierra à San Cristobal, nous avons croisé le chemin de vie de Yuli (surnom pour Yulissa). Comme nous étions en période de Covid, pas d’école, je lui ai donc montré la vidéo des enfants de l’école de Schaffhouse, ce qui l’a fascinée. Du haut de ses 6 ans, cette petite fille d’origine maya totzile a répondu à mes questions dans une vidéo, que j’ai partagée avec les écoliers français.
Les parents de Yuli, Tonio et Brenda sont très engagés dans la lutte pour la défense des droits des communautés.

 

Yuli baigne dans cet engagement et elle nous impressionne par sa grande maturité. Elle- même se décrit comme « promotrice en santé ». Elle sensibilise les gens pour qu’ils ne jettent pas leurs déchets au sol et qu’ils fassent attention à leur santé. A son niveau elle sensibilise ses compagnons d’âge à la « mal bouffe » : Elle les incite à ne pas consommer de coca cola, sucettes , chips, limonade …Elle s’exclame: « Le coca cola est toxique, c’est plein de sucre, c’est comme du venin».

2 litres par jour par personne de Coca Cola

Au Chiapas, région au monde où on consomme le plus de Coca Cola au monde : 821 l /an/ personne , les impacts sont effrayants sur la santé des populations. 70% de la population en surpoids avec un taux de mortalité lié au diabète de 14%. Il est plus facile de trouver du Coca Cola que de l’eau potable. Il faut plus de 6 litres d’eau gazéifiée pour produire un litre de Coca-Cola. Une des énormes usines implantée au Chiapas puise donc l’eau du territoire et cela génère par moment des pénuries…plus d’eau au robinet.

Récemment, elle a accompagné le « Mouvement des Femmes pour un Monde Meilleur pour Toutes et Tous » qui est allé manifester devant l’Usine de Coca Cola.

 

 

Un peps incroyable, extrêmement curieuse…

Yuli est une petite fille qui apprend très vite. En quelques jours, elle pouvait déjà nous dire en français avec un super accent « Bonjour, je m’appelle Yulia ». Après avoir visionné la vidéo, elle expliquait qu’elle voulait apprendre le français pour pouvoir venir un jour visiter la France. Elle accompagne souvent ses parents aux manifestations et elle a déjà pris énormément conscience de la réalité des difficultés de leur condition de grande pauvreté. Les adultes qu’elle côtoie lui expliquent beaucoup de choses de la vie quotidienne et malgré tout son regard d’enfant brille d’optimisme. Il reflète déjà son profond engagement à l’image de ses parents. Ces derniers veillent à la laisser autonome dans ses apprentissages. Ils lui font confiance, la laissent expérimenter. Quel esprit critique déjà pour un si « petit bout de fille»!

Comment sera Yuli dans 15 ans ? Nous l’imaginons être une future femme leader entraînant derrière elle les communautés pour faire valoir leurs droits humains.

 

 

Yulia va à l’école primaire dans une petite ville du Chiapas Comalapa. Au Mexique les enfants portent un uniforme à l’école publique.

Quand Yuli était très petite, elle a vécu l’expulsion de sa maison avec sa famille. Elle se rappelle qu’ils vivaient à San Cristobal dans le quartier San Catarina. Elle avait alors 3 ans, ils étaient heureux mais ensuite ils se sont retrouvés sans rien …ils n’avaient plus rien, explique t’elle. Toutes les familles expulsées ont alors fait un « sitting » devant la mairie de la ville pour savoir où ils allaient aller vivre. l’ONG Madre Tierra les a alors recueillis pour 4 années avant de partir habiter à Comalapa.

Yuli est touchante quand elle explique qu’elle aimerait faire un jour un cadeau à sa maman.  Mais elle sait qu’ils sont pauvres et qu’ils n’ont pas d’argent. Et pour elle, ce monde est injuste et pense que tout le monde devrait avoir la même chose.

Elle accompagne ses parents en moto quand ils se rendent dans diverses communautés. Sa maman Brenda est promotrice de la permaculture et son papa Tonio responsable au sein des Organisations Sociales.

 

 

Ses rêves….

«J’aimerais aller où vous habitez, en France. Mais je ne sais pas quand je pourrai y aller!  J’aime aussi un film à la télévision qui me montre différents pays et ça me fait rêver. J’aimerais aller là-bas. »

 

 

 

Contact virtuel avec les écoliers français

Yuli a pu visionner la vidéo envoyée aux élèves de l‘école de Schaffhouse. Ces échanges virtuelles sont des instants magiques !

 

Julio, coiffeur d’un grand jour

Yuli a demandé à couper ses longs cheveux, symbole fort de l’émancipation des femmes qui sont engagées dans la lutte sociale. Probalement inspirée par le choix récent de Gloria qui a fait de même. Julio, son parrain de coeur,  homme à tout faire, s’exécute et devient le coiffeur du jour, sous l’œil complice de ses parents ! Yuli sait qu’elle devra ensuite affronter le regard de ses camarades à l’école. Car le règlement impose une tenue correcte !


Elle ne pourrait d’ailleurs pas aller à l’école à San Cristobal où la coupe :cheveux longs pour les filles et courts pour les garçons est réglementée ! Mais à Comalapa au pire, elle risque de devoir braver les moqueries d’autres, qui lui diront qu’elle est devenue un garçon ….Mais Yuli est d’un courage sans faille. 

Elle sait déjà inconsciemment que pour faire « bouger les lignes », il faut assumer, une façon de semer des graines de changement pour l’avenir…

 

Interview de Juli

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