Rencontre avec les écoliers papous de Yenbuba

A côté de notre homestay, un jeune couple franco-américain a créé un centre de plongée Soul Scuba Diver, il y a 18 mois. Carry, la cogestionnaire du centre de plongée situé au sud de Kri souhaite vraiment qu’ils soient intégrés à la communauté locale papoue et que le fruit de leur activité profite également aux familles locales. Elle s’investit énormément au niveau de l’école en donnant bénévolement des cours d’anglais 2 fois par semaine.


« Be a trash Heroe »

Carry et Thibault ont mis en place l’opération « Be à Trash hero » (« Soit un héros des poubelles!»). Chaque vendredi après midi, ils mettent leur bateau de plongée à disposition pour transporter les enfants de l’école pour aller nettoyer une des plages des îles voisines . Nous nous sommes joints à eux pour les aider à ramasser les déchets aux abords des homestays. En fait, il s’agit pour la plupart de déchets apportés par la mer et qui peuvent provenir de très loin en raison des courants marins, mais aussi de déchets liés à l’accueil des touristes. Beaucoup de bouteilles et gobelets plastiques, bouteilles en verre et cannettes métal. En principe, les locaux produisent très peu de déchets … sauf les emballages de bonbons ou chips …Les déchets sont brûlés généralement sur des îlots déserts à proximité pour éviter de respirer les fumées toxiques.
Il n’existe pas de collecte de déchets. Ce que les enfants ont ramassé sera transféré à Wasai puis Sorong où ils seront vendus à des grossistes. Ils prendront la direction de Jakarta où ils pourront être recyclés.

Avant tout l’objectif est de sensibiliser, éduquer les populations locales. Il y a encore 3 générations, tous les déchets au niveau des Raja Ampat étaient biodégradables. Pour les habitants, faire la différence entre un déchet compostable ou non est très difficile, par manque d’éducation. Même à l’école, l’environnement ne fait pas encore partie des programmes. Au centre de plongée, Carry et Thibault apprennent aux enfants à utiliser un masque et tuba pour qu’ils se rendent compte de la beauté de leurs fonds marins, rien de plus efficace pour donner du sens à la protection de l’environnement.

Carry m’a alors proposée de l’accompagner à l’école pour rencontrer les élèves papous et partager la vidéo des écoliers de Schaffhouse, comme je le fais depuis le départ dés que l’occasion se présente.

 

Sur l’île à Yenbuba, les horaires de l’école sont les suivants: 7h30 -12h avec une pause à 9h30. Les élèves assistent au lever du drapeau indonésien chaque lundi matin. Il est alors hissé pour la semaine.

A Sorong, ville plus importante en Papouasie occidentale où nous avions atterrit, les horaires de l’école étaient différents: 7h30-13h. Je ne sais pas si chaque école adapte son rythme ? D’ailleurs, le jour où nous sommes allées à l’école de Yenbunba, les élèves ont terminé leur matinée à 11h!

Les  élèves portent un uniforme, j’adore leur chemise et chemisier colorés avec les motifs des oiseaux de paradis, espèce endémique des îles papous.

Voici quelques éléments glanés lors de ma discussion avec la directrice de l’école Sarah.

L’école est obligatoire à partir de 4 ans jusqu’à 18 ans mais ceci n’est pas toujours respecté dans les faits. L’école du petit village insulaire regroupe 80 élèves répartis en 6 classes. Ensuite les enfants doivent prendre le bateau pour se rendre à la Highschool et au « Collège » sur l’île de Waisai à 1h de navigation. Tous ne poursuivent pas leurs études après l’école primaire.

L’aîné de la famille du homestay voisin, âgé de 12 ans part chaque jour en bateau seul. Au passage, il dépose sa petite sœur à l’école voisine (10 min de bateau) puis se rend à l’école à Wasai. Cela nous semble si incroyable…un enfant de 12 ans en mer seul …avec notre éducation, nous imaginons toujours le pire pour nos enfants alors que les conditions locales ne laissent pas d’alternative. Ici…la maman ou le papa ne peuvent pas passer des heures à attendre que leur enfant ait terminé sa journée d’école… et il y a tellement d’îles, qu’un sytème de ramassage ne semble pas adapté! Déja en Mongolie, nous avions pu observer ces mêmes enfants de 12 ans à cheval partir à l’école ou rassembler leur troupeau à la nuit tombante.

Les enseignants sont formés sur l’île de Wasai, à 1h de bateau. La directrice Sara est née à Yenbuba et une des enseignantes est de Sorong où elle retourne lors des vacances. Quand Carrie vient faire ses cours d’anglais, les 3 premières classes (4-7 ans) sont regroupées soit 24 élèves. Aujourd’hui ce sont des révisions sur les couleurs, noms de fruits, légumes. Carry utilise des jeux comme le loto bingo, la pêche aux couleurs , « dessine et devine » pour rendre l’apprentissage ludique. Habituellement en Papouasie,  les cours restent frontaux et les élèves apprennent par cœur par répétition. Ils adorent cette façon d’apprendre, tellement différente de ce qu’ils connaissent.

En fin de cycle primaire, les élèves passent un examen incluant l’anglais pour pouvoir continuer leur scolarité.Et le niveau d’anglais n’est pas très élevé car tous les enseignants ne parlent eux-mêmes pas forcément anglais, donc l’apprentissage de la langue reste aléatoire. La langue utilisée à la maison est le papou et ils apprennent l’indonésien à l’école .

Les écoliers de Schaffhouse « parlent «  aux écoliers papous de Yenbuba

Après le cours d’anglais, Carrie me laisse du temps pour m’adresser aux élèves. Je prends mon globe gonflable et nous commençons par essayer de situer la France et les Raja Ampat. Carry parle couramment l’indonésien et peut ainsi traduire car le niveau en anglais est vraiment balbutiant… tout comme mon niveau d’indonésien ou papou !
Je leur présente un petit diaporama de manière à leur expliquer ou se situe la France, nos paysages, nos saisons, spécialités, animaux…


Puis je leur montre la vidéo des écoliers de Schaffhouse qui présente  leur journée d’école. Ils adorent les chants. A chaque rencontre avec les écoliers des pays traversés, le même scénario se répète…le chant est un moyen universel qui transgresse les barrières de la langue …c’est toujours avec autant d’émotion que j’observe leurs yeux fascinés par les élèves français qui chantent, comme si le contenu de la chanson transcendait la langue!

Je remercie vivement Sarah la directrice, la maîtresse et Carrie pour avoir organisé mon accueil dans cette école au bout du monde au cœur d’un paysage fantastique.

En réponse, ils entonnent des chants que j’enregistre. Il s’agit de chants religieux car la communauté est très pratiquante (adventiste).

Nous avons même passé un peu de temps ensuite à parler de la Terre dans le système solaire, sa rotation, les saisons…et j’ai pu me rendre compte que les écoliers papous n’avaient jamais encore eu de leçons à ce sujet. Leurs apprentissages sont axés sur les fondamentaux: lire, écrire et mathématiques, mais pas vraiment de sciences.

Carrie profite de ses cours d’anglais pour les sensibiliser à l’environnement, au fait de ne pas jeter les déchets. Et c’est ainsi qu’ils ont mis en place cette action de nettoyage hebdomadaire avec les enfants « Be a Trash Heroe ». 

Avec plaisir, nous  les avons rejoints en fin de semaine pour les aider à cette opération .

 

L’école de Yenbuba en vidéo, avec l’opération nettoyage de la plage et petit passage dans une autre école à Sorong

Quelques photos d’autres enfants et chiens tout aussi heureux!

Les enfants sont en train de nettoyer le bateau.

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3 Comments

  • Astrid
    Posted 10 janvier 2020

    Hello,
    J’ ai vu le reportage que vous nous avez conseillé . C’était top ! J’ai beaucoup rêvéééééééé..
    très belle année 2020 à ce petit bout du monde et à vous évidemment
    Je vous embrasse bien fort .
    Astrid

  • mylene BROUASSIN
    Posted 22 janvier 2020

    les enfants sont aussi beaux et aussi attachants dans tous les pays ..et tes photos nous le montrent bien .c’est une expérience qui m’aurait bien tentée!!
    bises
    mylene

    • @dmin
      Posted 15 février 2020

      Ne parle pas au passé , tout est encore possible…on peut organiser quelque chose pour futur !

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