Alice Springs, accueillis par les mini mouches du bush

C’est la mort dans l’âme que nous quittons Joujou et sa famille à Perth. Cela fait déjà un mois déjà que nous étions arrivés chez eux …Et en plus un jour plutôt que ce qu’on leur avait annoncé en octobre 2019!  Ils avaient du se débrouiller très rapidement  pour nous chercher à l’aéroport, quand on leur a envoyé un sms pour leur dire qu’on venait d’arriver! Et nous n’avions même pas conscience du malentendu ! 

Aujourd’hui notre vol étant à 6h du matin, Nous quittons la maison très très  tôt …Joujou nous conduit à l’aéroport à 3h du matin… vive les amis qui ne vous ménagent pas ! Nous ne croisons personne sur la route sur 45 km ..


Alice spring au cœur du « Red Center »  dans les territoires du nord

2500 km à survoler: très rapidement nous quittons les collines boisées de la rivière Margaret pour traverser les grandes plaines céréalières déboisées par les colons à la sueur de leur front dans les années 50. Puis les puits des mines d’or et cuivre à ciel ouvert laissent apparaître leurs plaies béantes -. Le super Pit (plus grande mine d’or d’Australie) que nous avions vu au sol lors de notre road trip est vraiment impressionnant car on dirait que la ville de Kalgoorlie va finir par être engloutie dans la mine. Les habitations sont effectivement en bordure de la fosse. Puis place au désert rouge et ses fractures géographiques : gorges, montagnes … nous avons roulé sur ce genre de routes toutes droites et vues du ciel, ces longues lignes ne semblent jamais se terminer!

4h de vol pour 2500 km?

Il nous a fallut du temps pour comprendre pourquoi notre vol Perth- Alice Springs durait 4h alors qu’il n’y avait que 2000km… nous avançons aussi dans le temps et ici nous avons traversé 2 fuseaux horaires, il y en a effectivement 3 en Australie.

A peine les pieds sur le tarmac …déjà 4 mouches sur le visage,  elles nous ont reconnues … et nous suivent même à l’intérieur de l’aéroport!

Même les fruits en Australie subissent la loi de la quarantaine ! Que faire de notre pomme qui faisait partie de notre pack-déjeuner donné par la compagnie Quantas ? Nous l’avions gardée pour pallier à notre frugale déjeuner à 2h30 du matin!

En terre aborigène…

Dès l’arrivée à l’aéroport, les motifs de la  moquette font le lien avec la forte culture aborigène du centre rouge que nous allons essayer d’approcher pour mieux la comprendre.

 


Alice Springs, ville de 30000 habitants au centre de l’Australie

Un paysage désertique de montagnes rouges: les somptueuses Macdonnels Ranges entourent  Alice Spring. Un air très  chaud souffle, cela nous rappelle la « Vallée de la mort » de l’Ouest américain. Dans la navette qui nous conduit au loueur Apollo , on aperçoit des dromadaires … Ils avaient été introduits par les britanniques au 19° siècle. Et maintenant  ils représentent un réel fléau pour l’environnement car ils sont plus d’un million de dromadaires sauvages! 

Nous avons changé d’Etat, nous sommes au cœur du Territoire du Nord qui compte 225 000 personnes. Alice Springs, troisième ville en population, se trouve à mi-chemin sur la Stuart Way entre Darwin et Adélaïde, toutes deux à 1500 km!  Autant dire que Alice Springs est une ville assez isolée au cœur de terres relativement inhospitalières. Elle est aussi très proche du centre géographique de l’Australie.
Cette terre est celle des aborigènes Arrernte, qui représentent 17 % de la population de la ville et 29 % du Territoire du Nord. Au centre ville d’Alice Springs,  nous en croisons donc  beaucoup, pieds nus pour la plupart, certains faisant la sieste sur la pelouse des parcs.


À Alice Springs, on peut entendre différentes langues car plusieurs tribus aborigènes vivent toujours ici. C’est aussi un centre artistique avec énormément de galeries d’art aborigène.

Motel ou camping car ?

Nous avions hésité entre louer une petite voiture et dormir dans un motel ou opter pour la formule du premier road trip avec un campervan. La première solution procurait l’avantage d’avoir une chambre climatisée pour se reposer… je rappelle que nous sommes en été et que ça chauffe, le désert n’est pas loin! 45 degrés en journée et la nuit, le thermomètre stagne autour des 30 degrés ! Mais le prix des chambres de 150 et 200 aud la nuit ( 90- 120€) est super élevé pour un confort basique. Et surtout, cela réduirait nos choix de découvertes car il y a peu d’endroits où loger en motel et bien sur pas de possibilité dans les communautés aborigènes. Comme notre intention est d’essayer d’en apprendre davantage sur les aspects de cette culture, nous voulons nous sentir libres de pouvoir aller sur n’importe quel terrain de camping. Nous verrons si notre choix se révèle judicieux.

Après pas mal de tentatives, nous réussissons à régler la caution de 8000 dollars en utilisant 3 cartes bancaires différentes … nous avions pourtant régler cette même caution il y a un mois chez le même loueur Apollo avec une seule carte mais manifestement aujourd’hui pas moyen de dépasser un certain montant sur les cartes . Des touristes allemands rencontrent le même problème !

Cette fois ci, nous expérimentons le véhicule 4*4 avec une tente qui se déplie sur le toit. Nous aurions préféré avoir le même modèle que lors de notre premier road trip dans le Western Australia mais il n’y avait plus rien de dispo … il faut dire qu’on s’y est pris moins d’une semaine à l’avance pour réserver!  Donc pas de refuge possible pour manger à l’abri des mouches, tout se fera à l’extérieur!  Bien sur,  nous pouvons encore nous isoler dans le véhicule…bof! Nous allons donc ressortir notre filet à mouches !
Le 4*4 est dimensionné pour 4 personnes mais nous avons du mal à imaginer comment le matériel de couchage (couverture, draps) qui prend toute la banquette arrière pourrait se ranger s’il y avait 2 adultes supplémentaires à asseoir.

Nous faisons le plein de courses au supermarché local Coles. On sent déjà que nous sommes au cœur de territoires aborigènes. Nous en rencontrons beaucoup, les enfants sont pied nus dans le magasin .. L’attitude de tous dénote avec celle des australiens blancs  Sur le parking, il y a de la mendicité, cela change de Perth, ville très « épurée ».


Au visitor Center (Centre d’informations touristiques), je trouve enfin des albums pour enfants sur la culture aborigène. Aussi curieux que cela puisse paraître, j’avais déjà fait deux librairies à Perth et le choix s’était réduit à un album… constat qui reflète bien à mon sens la place qui est faite à cette culture en Australie contemporaine.

La plus grande salle de classe du monde : L’école des airs « Alice spring school of the air »


Avant de prendre la route pour le nord-est, nous allons découvrir ce qu’est l’école de Télé-enseignement gouvernementale créée en 1951, première initiative du genre au monde. Cette immense salle de classe virtuelle couvre un territoire équivalent à 2 fois la France et concernent actuellement 120 élèves entre 4 ans et 11 ans. Cela permet aux enfants qui vivent dans des endroits reculés de pouvoir suivre une scolarité normale.

 

Les élèves les plus proches habitent à 80 km d’Alice Springs tandis que les plus éloignés à 1000 km. Ils habitent au cœur de fermes d’élevage bovin, installations touristiques, parcs nationaux, bases militaires ou ont des parents voyageurs, et quelques enfants de communautés aborigènes. En effet, la plupart des communautés aborigènes du bush ont une école gouvernementale avec un enseignant. Mais certains élèves qui ont du mal avec la langue anglaise (langue non parlée à la maison) peuvent bénéficier de soutien scolaire dans ce par l’Ecole des Airs.

Quelques aspects pratiques de cette école des airs

Chaque élève a un tuteur qui est généralement le parent. Il doit pouvoir surveiller le travail et le noter pour renseigner l’enseignant.

La maîtresse ou le maître se rend une fois par an chez chaque élève. Et l’école organise à Alice Springs 3 à 4 activités annuelles qui s’étalent sur une semaine: semaine sportive, natation, école, rencontres, langues. Les familles accompagnent leurs enfants et en profitent pour faire leur shopping à Alice Springs car elles en habitent tellement loin!  Pour certaines,  c’est aussi le moment des rendez-vous médicaux. On nous explique le cas d’une famille de 4 enfants qui avaient mis 27 h pour venir à l’école en saison des pluies. Des routes avaient été coupées les obligeant à un grand détour et tout cela uniquement sur des pistes ! La couleur de la voiture témoigne du voyage !

 

Depuis 2003,  l’école des airs utilise l’enseignement interactif à distance, ce qui a apporté une plus grande souplesse dans le fonctionnement. Quand il s’agissait de leçons radiophoniques, les élèves étaient physiquement présents toute la journée devant le micro et toutes les ressources pédagogiques étaient envoyées par une expédition spéciale.

Aujourd’hui, l’enseignant envoie moins de documents papiers et l’évolution des technologies permet à l’enfant de rester en ligne 1h avec l’enseignant et ensuite le reste de la journée, il s’organise avec le tuteur. L’évaluation se fait par des devoirs envoyés par courrier, les  semaines en ville, des leçons en direct, du soutien individuel et visite à domicile.

Visite intéressante: comme c’était un samedi, on n’a pas pu voir les enseignants enseigner mais la vidéo illustrait bien le fonctionnement de la classe ! Leur salle de classe virtuelle ressemble à un studio de télévision!

La rentrée des enseignants doit être sympa… en voiture, à parcourir des centaines de km pour rendre visite à tous ces élèves ! Et je me dis que l’enseignant n’a pas à gérer la discipline de sa classe, cela repose sur le tuteur ! Moins fatiguant !!!

A la recherche d’une école dans une communauté aborigène

Depuis le début de notre voyage, dans chaque pays, j’essaie de rencontrer une classe . Mais ce n’est pas toujours évident. En janvier c’étaient les grandes vacances australiennes et l’école a repris le 3 février, il y a tout juste une semaine. Le directeur de l’école des enfants de nos amis , près de Perth, ne pouvait donc pas m’accueillir. J’ai alors tenté dans les écoles de communautés aborigènes de l’état du Territoire du nord autour d’Alice Springs, puisque c’était notre prochaine destination. J’ai appelé plusieurs communautés mais à chaque fois, on m’expliquait qu’une autorisation administrative était nécessaire pour être en contact avec des enfants à l’école et la procédure était longue.. Miracle, enfin un appel fructueux à Wallace Rockhole, l’enseignante est d’accord pour que je passe un après midi dans sa classe. Peu procédurière,  elle me fait confiance. Et c’est ainsi que nous avons décidé de mettre le cap sur cette communauté, qui se situe à 2h d’Alice Springs .

Direction Wallace Rockhole à 100 km d’Alice Springs

100 km pendant lesquels on a croisé une seule voiture. Le paysage diffère de notre dernier road trip. Des collines, du bush avec de l’herbe bien verte … il a plu la semaine passée. Nous quittons la route principale pour s’engager sur la piste qui dessert Wallace Rockhole.


Beaucoup de bouteilles cassées dans le bas-côté qui témoignent du problème d’alcoolisme, même si la pancarte indique que la communauté est fière d’avoir été  élue «Ville la plus propre du territoire en 1995… »

Attention à la route ! Mode 4*4 en fonction!

Cette communauté se situe à 1 h de piste de la route principale. Nous y arrivons vers 18 h mais tout est fermé, personne au camping … J’avais pris contact il y a 3 jours, on devait me rappeler mais pas de nouvelles depuis. Une voisine nous dit de s’installer et demain la boutique sera ouverte pour payer notre emplacement ( 5€/ nuit).

Le camping pour nous tous seuls!

Nous sommes les seuls et encore une fois les premiers à camper depuis 3 mois ! Nous avons tout le camping pour nous !! Toilettes et douches impeccables, par contre peu d’ombre. Et des mouches bien sûr !

Nous déplions notre maisonnette, cette fois-ci sur le toit de la voiture ! Finlement assez pratique !

Petit tour de notre « poulailler » !


Notre « coin-cuisine »

 

 

Normy, un guide aborigène vient à notre rencontre et nous convenons  avec lui d’un tour guidé pour aller découvrir les peintures rupestres et sa culture ! Parfait, c’est ce que nous voulions! Il m’indique également où habite l’enseignante pour que je prenne contact en allant toquer à sa porte !

Sur les pas de la tribu Arrenthe à Rockhole

Normy nous explique qu’il est métis, son père était irlandais. Il a été éduqué dans un internat durant sa jeunesse et est revenu à Wallace où il vit avec sa femme. Il insiste sur l’importance d’apprendre l’anglais pour leur futur.

Tout en marchant, il nous raconte les traditions de son peuple.

Au fil de nos pas, il nous montre des traces d’animaux au sol,

Laissées par ce genre de reptile !

Il nous explique les vertus médicinales des plantes  et comment ce sentier emprunté par ses ancêtres était sacré. C’était un endroit  de passage pour s’arrêter une nuit, se nourrir car il y a beaucoup d’arbustes avec des baies comme le “banana bush”…ces lieux étant spirituels, nous trouvons des traces de pierres polies: en frottant 2 pierres, les aborigènes obtenaient différentes tonalités d’ocre en poudre, avec lesquelles ils s’enduisaient pour les cérémonies comme les initiations des jeunes.

Plus loin, à différents endroits sur les rochers, des gravures de cercles concentriques, d’empreintes d’animaux sont visibles .


Nous arrivons au trou d’eau sacré qui l’air de rien, est profond selon Normi.

Et en face, nous découvrons toute une surface de roches plates gravées de multiples signes …Les hommes gravaient ces signes pour raconter leur voyage, tout en fumant une herbe particulière du bush qui leur permettait de se connecter spirituellement.


Des pochoirs de mains encore bien visibles ornent les voûtes de la roche. Beaucoup sont effacés par l’érosion naturelle à d’autres endroits de la pierre .

Le chemin continue mais est interdit aux étrangers car dorénavant leurs rituels se poursuivent beaucoup plus loin, dans un lieu secret réservé uniquement à leur tribu. Et dans le passé , attention à ceux qui enfreignaient les codes, les aborigènes jetaient des sorts … cela nous rappelle la magie noire africaine .

L’arbre Mulga permet de fabriquer les boomerangs pour chasser le kangourou, mais aussi des claves pour la musique. La forme du boomerang est choisie selon la forme de la branche, sa fabrication peut prendre plusieurs semaines. Les hommes les utilisent pour chasser le kangourou ou l’émeu pour se nourrir.

Avec les feuilles du spinifex, genre de buisson d’épines, ils produisent une sorte de pâte collante qui leur permet de fixer une flèche par exemple. le spinifex fournit aussi du bois pour la cuisine.

En fait, les aborigènes de cette région survivaient dans ce milieu hyper hostile car ils apprenaient très jeunes comment reconnaître les traces d’animaux,  le mode de vie de ces animaux pour pouvoir les chasser. Même apprentissage avec les baies et fruits issus du bush..Et cette connaissance représentait effectivement la condition impérative de survie ! Ils se déplaçaient en fonction des ressources de leur environnement. Normi explique qu’ils mangeaient peu en réalité, ils pouvaient être amenés à traverser des périodes de végétarisme suivies d’une nourriture basée sur 100% viande en fonction des saisons.

Objet insolite qui appartient à la Terre

Sur le sol sablonneux, je remarque un beau galet bien lisse et rond que je montre à Normy:

Il le retourne et nous découvrons un très joli galet peint.

Ce galet a été peint par des aborigènes probablement pour un rituel, une initiation et les fortes pluies de la semaine précédente l’ont amené sur le chemin. Normy le repose au sol…il appartient à la terre sacrée.

L’avenir des aborigènes ?

Normi est très sombre à ce sujet. Nous partageons son ressenti car depuis que nous sommes arrivés en Australie, tous les aborigènes croisés dans la rue et dans les magasins renvoient beaucoup de tristesse et d’abattement. Beaucoup sont devenus addicts au sucre d’où un taux d’obésité important et pire avec l’alcool et la drogue. Apparemment leur mauvais état de santé s’explique par un radical changement de régime alimentaire en si peu de temps. Normi raconte comment la jeunesse dans sa communauté ne prend pas d’initiatives.  Il cite l’exemple d’une serre qui a été subventionnée par le gouvernement mais personne ne se mobilise pour y cultiver des légumes. Lui-même déplore la génération de ses petits-enfants qui passent leur temps devant les écrans et mangent beaucoup de sucre et n’ont envie de rien faire.


Alimentation traditionnelle des aborigènes dans le bush

Les aborigènes avaient encore très récemment une  alimentation plutôt frugale et sans sucre… la denrée la plus sucrée restait la fourmi à miel. Naomi nous montre une photo, elles sont impressionnantes avec leur grosse poche translucide de miel doré. Pour les consommer, il suffit de les prendre en main et pincer avec ses lèvres la poche pour la manger, et laisser repartir la fourmi qui fera à nouveau une poche !

Nous n’avons pas eu l’occasion de goûter et tant mieux! Ce n’était pas la saison!

Des énormes vers que l’on trouve dans certains arbres sont aussi un de leurs mets favoris! Sur la photo, les ronds de la branche témoignent de la présence de ces gros vers blancs ! A servir crus ou grillés !

Selon la saison, Normi nous explique que sur ce chemin, on trouve des bananes du bush, de la pastèque sauvage, des patates douces, du raisin sauvage, des pommes de plage roses, des prunes « billy goat » (qui contiennent 50 fois plus de vitamine C que les oranges), des airelles, des noix…un vrai « supermarché  à disposition » au cœur de la nature que les enfants adorent cueillir pour les manger!

L’alcool interdit au sein des communautés

Les jeunes aborigènes sont désœuvrés et vivent grâce à une aide de base minimale, comparable au RSA en France. Très souvent ils roulent sans permis avec des voitures qui relèveraient quasiment d’épaves chez nous. Même si la plupart des communautés sont « dry », c’est à dire avec zéro alcool, certains arrivent à s’en procurer. Dans l’état du Territoire du Nord, la vente d’alcool est formellement interdite aux aborigènes. L’Etat a estimé qu ‘il y avait trop de violence intra-familiale ou  à l’extérieur. Dans les communautés de Wallace Rockhole ou d’Hermannsburg, à 40 km, aucun alcool n’est vendu dans le très petit supermarché local, ceci pour tout le monde blancs ou noirs ! Nous avons souvent vu les aborigènes qui achètent alors beaucoup de Coca Cola ou boissons sucrées, ce qui contribuent à leur surpoids. Sur la grille d’entrée du camping, une pancarte nous rappelle qu’il est strictement interdit d’apporter de l’alcool.

Toutes les communautés ne sont pas forcément accessibles aux visiteurs. Certaines autorisent seulement l’accès à leur boutique, terrain de camping et galeries de peintures, s’il y en a. Des panneaux interdisent les rues desservant les habitations, ce qui permet de préserver l’intimité des peuples aborigenes. Et tant mieux! En fonction des communautés, le niveau de propreté diffère beaucoup. A Hermansburg nous avons pu voir énormément de déchets éparpillés sur le bas-côté, ou dans le bush … on se serait cru dans certains coins d’Asie ….alors qu’à Wallace Rock hole, tout est propre.


Message de Normy… c’est trop tard pour nous, l’homme blanc n’a pas respecté notre environnement et l’a détruit.. Un jour nous disparaîtrons et nous irons vivre sur une autre planète …

Au cœur de l’école de la petite communauté aborigène

J’avais convenu avec la maîtresse de la retrouver à l’école à 13h30 après le repas. Francis m’accompagne. Les locaux de l’école sont bien entretenus, avec de belles aires de jeux.

Il n’a malheureusement pas été possible de filmer ou prendre des photos de cette intervention en classe. Les aborigènes n’aiment pas être pris en photos et de ce fait, c’était interdit.

Aujourd’hui, il n’y a qu’une dizaine d’élèves âgés entre 4 et 10 ans sur les 18 inscrits à ce jour. Certains ne sont pas là et une grande partie n’est pas encore revenue de vacances (la rentrée a eu lieu la semaine dernière !). L’effectif sera d’une trentaine d’ici quelques semaines . J’ai pu voir différentes affiches incitant les familles à scolariser leurs enfants, la scolarisation n’est pas forcément automatique. Les élèves portent un uniforme comme tout écolier australien, qui est fourni gratuitement par l’Etat pour les écoles aborigènes .

 


En classe, la plupart sont pied nus même si les chaussures sont obligatoires pour venir à l’école: ils les retirent à l’entrée ! Les aborigènes vivent souvent sans chaussures, d’autant plus vrai pour les enfants. En fait, il s’agit d’enfants qui sont plus à l’aise au niveau des compétences sportives, tâches manuelles, artistiques. A l’inverse des occidentaux, leur cerveau droit est nettement plus développé que le cerveau rationnel gauche. S’adapter aux exigences du système scolaire australien reste très compliqué; leur capacité d’attention est courte.

Les enseignants qui enseignent dans ces communautés sont des enseignants volontaires recrutés par l’EtaT. Il s’agit souvent d’un choix personnel, le salaire est plus élevé et le logement est fourni. Ils se retrouvent alors généralement très éloignés de grandes villes, sans magasins, cinémas…au milieu de zones désertiques! L’enseignante actuelle est là pour un remplacement d’une année. Elle habite à Melbourne et y a laissé sa famille et son fils de 15 ans pour venir enseigner à Wallace Rockhole à 2300 km! Elle rentre chez elle pour les  vacances scolaires et son vol est heureusement financé par l’Etat..quand on compare à nos « brigades » d’enseignants remplaçants à l’école, le territoire couvert est juste gigantissime !

Je présente aux élèves où  se situe la France, les caractéristiques de notre pays. Ils mémorisent « bonjour » et sont contents de l’apprendre. Ils ont du mal à tenir en place assis sur le tapis. Il faut dire que la rentrée ne date que d’une semaine … Après avoir passé 2 mois de grandes vacances au cœur du bush en toute liberté…il faut du temps pour apprendre ou reprendre les règles de vie d’écoliers.  Quand je leur montre la « traditionnelle vidéo » de mes anciens élèves de Schaffhouse, ils sont de suite fascinés … A chaque expérience, je retrouve ces yeux écarquillés ! Par contre, curieusement ils n’ont pas de chant à chanter: la maîtresse est nouvelle ….elle leur propose de m’apprendre quelques mots en langue arrentha, langue parlée par 25% des habitants d’Alice Springs.

Palya  pour « Bonjour, salut, ok », Kala marda  pour « au revoir », Marda pour « bon », Ondes Marda pour « est-ce que ça va ? »

Puis direction le grand préau à l’ombre pour expérimenter le jeu du béret que les écoliers français présentaient dans leur vidéo. Ils se débrouillent pas mal et à leur tour, ils me montrent également un jeu d’attrape qui ressemble au jeu de l’épervier. A 15h,  la journée d’école s’achève.

Je n’ai donc pas de photos à partager auprès des écoliers français, mais cela n’enlève rien à l’expérience de cette rencontre certes éphémère. L’enseignante titulaire de la classe n’était pas vraiment disponible pour répondre à mes questions, ce que je peux comprendre en période de rentrée.

Je retiendrai le contraste entre une école moderne, équipée, semblable à nos écoles françaises et ces jeunes élèves issus d’un milieu très différent, où la vie à l’extérieur prime avant tout: aller chasser les varans, se régaler de baies sauvages, se baigner dans la riviere locale, y pêcher, partir le week end dans le bush avec leur famille pour y dormir à la belle étoile, écouter les histoires du temps du rêve racontées par les personnes âgées de la communauté … Drôle de sentiment intérieur et je reste avec mes interrogations. L’accès à l’école est bien évidemment une bonne chose pour envisager un futur possible d’insertion dans la société australienne,  mais parallèlement , l’école concourt indirectement à la disparition de leur culture. Elle impose de parler anglais, ce qui va entraîner à terme la disparition de leur  langue d’origine. Les enfants aborigènes sont contraints de rentrer dans ce cadre de fonctionnement où leurs capacités intuitives et sensorielles ne sont pas mises en valeur, où le « Temps du rêve » disparaît au profit malheureusement de « rêves économiques »…

Palm Springs – Mpulungkinya, un oasis au cœur du parc national Finke Gorge

Nous quittons la communauté de Wallace Rockhole pour aller découvrir l’oasis de Palm Strings à 2h de route dont 1h30 de piste:  20 km uniquement autorisé aux 4*4 .

Nous traversons à plusieurs reprises la rivière Finke, que les aborigènes décrivent comme une des plus vieilles rivières du monde: certaines de ses zones remontent à plus de 350 millions d’années. Cet endroit revêt une grande importance sacrée pour les aborigènes de la tribu Arrenthe.

Et comme il a plu la semaine précédente, il y a de bonnes flaques d’eau mais cela reste encore praticable pour notre 4*4!

Nous nous enfonçons entre des murs de roches rouges aux formes diverses pour déboucher sur ce fameux oasis.

Camping au bord de la rivière avec des grands arbres pour l’ombre et belle surprise, il y a des douches. Un tank fait office de réservoir et est chauffé par le soleil mais en cette saison, on recherche plutôt l’eau froide. Et comme l’eau est précieuse on ne peut pas faire la vaisselle, ça tombe bien!

Les rangers avertissent les campeurs pour qu’ils ne laissent pas de nourriture dans les poubelles à l’extérieur afin de ne pas nourrir les dingos et oiseaux. Il y a également une affiche qui répertorie tous les serpents du coin…. si jamais on avait oublié que l’Australie est le pays avec la plus grande quantité d’espèces vénéneuses.
Nous ne rencontrerons que des lézards cette fois-ci !

Moins dangereux, les mouches !

Il y a énormément de mouches, comme d’habitude …pour ceux qui suivent notre périple australien depuis quelques semaines. Mais cette fois-ci, nous atteignons le paroxysme au moment de manger. Des centaines de mini-mouches s’abattent sur nos assiettes alors que d’habitude elles les ignorent! Est-ce la qualité de la sauce tomate qui les attire? Toute une gymnastique se met en place: prendre une fourchette de pâtes sans embarquer les mouches qui ont tendance à s’enliser dans la sauce tomate… glisser la fourchette sous le filet et essayer de chasser de l’autre main les mouches de l’assiette ! C’est actuellement le repas le plus envahi depuis notre arrivée en Australie ! Au crépuscule, subitement elles disparaissent tous … incroyable nous pouvons retirer notre chapeau qui tient chaud ! Et pas de moustiques … profitons de se répit sur nos fauteuils, c’est tellement rare !

A se demander où toutes ces mouches dorment ?!

Une brise se lève, peut être de quoi empêcher les moustiques d’atterrir ?!  Très peu de moustiques à mon sens, je reste à l’extérieur pour trier mes photos car la température est plus agréable. Francis préfère fuir les piqûres en se réfugiant dans notre maisonnette perchée mais les moustiquaires ont l’inconvénient d’empêcher la brise de passer.Puis les croassements des grenouilles démarrent.. nous dormons à côté de là rivière, ce sera notre berceuse! Les rangers nous ont mis en garde contre les serpents qui sortent le soir pour se nourrir de grenouilles! Nous ne nous écarterons pas de notre véhicule. Ce sera notre première nuit australienne durant laquelle on aura si chaud ! Heureusement ce camping est équipé de douches et toilettes pour se rafraîchir !

 

Les mouches en vidéo

L’oasis

Tôt le matin, nous partons explorer le fond de la vallée Palm Springs, un véritable oasis. La particularité de cet endroit réside dans la présence d‘espèces rares dont le « palmier chou d’Australie centrale livistina» et le « MacDonnell range Cycad», vestiges botaniques vieux de plusieurs millions d’années, lorsque la région était recouverte de forêts tropicales.

Ces mêmes espèces ne se retrouvent qu’à 1000 km de cet oasis. Soit les graines ont été véhiculées par les aborigènes qui se déplaçaient beaucoup à pied, soit par l’intermédiaire des pélicans.

Nous comprenons vite l’intérêt cette fois-ci d’un 4*4 léger qui est plus haut que le précédent. A plusieurs reprises, je joue la copilote et descend pour évaluer le terrain ! Ce n’est pas le moment de rester coincés au fond de cette vallée. Nous nous surprenons à passer sur des énormes roches, traverser à plusieurs reprises la rivière, rouler dans le sable … après ces 5 km vraiment tout terrain, nous pourrions valider un stage de prise en main 4*4!

Nous arrêtons notre engin. Francis fait la pause à l’ombre pendant que je vais explorer l’oasis en suivant une courte balade d’une heure. Il fait déjà très chaud à 10 h du matin, certainement pas loin des 42 degrés et il n’y a pas d’ombre ! Chapeau et eau impératif! Il y a assez de panneau pour rappeler que la chaleur tue !

Marcher seule dans cet environnement me connecte à mes lectures de biographies se déroulant au cœur de ces espaces désertiques. J’essaie de m’imaginer à marcher comme Marlo Morgan, cette femme qui s’est retrouvée initiée dans une tribu aborigène.  Elle raconte l’enfer des mouches, la chaleur infernale durant son expérience d’une cinquantaine de jours …Ou encore Eddie Mittelette qui parcourt à vélo 10000 km en solitaire à la rencontre des aborigènes … Sarah Marquis qui traverse l’Australie à pied !
Rien de comparable en ce qui me concerne, je sais que je vais retrouver la clim du véhicule et la douche du camping pour me rafraîchir !


Kings Canyon …que nous ne verrons pas …

Avant de partir en direction de Kings  Canyon, n’oublions pas de faire le plein à la petite station service de Hermannsburg. Et pensons bien à faire le plein d’eau également en outre de 10 litres au petit supermarché local. Nous achètons le permis nécessaire pour emprunter la Merenee Loop , piste de 170 km pour rejoindre Kings canyon en 4*4. Ce chemin travers les territoires aborigènes, le permis de 6 dollars leur permet de savoir qui traverse leur territoire. 160 km où il vaut mieux ne pas tomber en panne car comme partout, zéro réseau.  Seul notre «beacon » (balise GPS) nous permettrait d’appeler de l’aide ou des secours … car on ne croise personne en cette période de basse saison … et les asiatiques en voyage utilisent plutôt les systèmes de tours opérateurs organisés par des bus et ne viennent pas dans ce coin d’Alice Springs.

Comme d’habitude, nous sommes toujours un peu hors des sentiers battus !

Nous roulons plutôt bien sur cette piste pas trop défoncée , rien à voir avec celle du matin de l’oasis de Palm Springs !

Le paysage défile avec des spinofex à perte de vue, clairsemés sur un sol toujours toujours aussi désertique! La poussière rouge s’envole derrière le 4*4 et de temps à autre toute notre carlingue, conserves , bols, verres, couverts et assiettes tressautent dans les tiroirs de rangement! Tout est bien conçu, on ne perd rien. Néanmoins les velcros des sangles qui tiennent notre tente repliée sur le toit se défont et viennent claquer contre les vitres, nous obligeant à les refixer régulièrement.

Cela fait déjà 1h30 que nous roulons et le conducteur de la première voiture que nous croisons nous fait de grands signes. Le temps de comprendre, ralentir, faire marche arrière et ce couple allemand vous explique qu’à 15 km, la route est inondée sur 300 m, impossible de passer. Ils ont essayé mais l’eau commençait à rentrer dans leur 4*4 et une autre voiture également a fait de même, en vain!

Demi-tour …Lâcher prise et accepter les kilomètres !

Obligés de repartir sur nos pas pour un total de 660 km contre 460 km initialement prévus. Impossible de gagner Kings Canyon ce soir et nous devons faire une croix sur cette destination sinon nous n’aurons pas suffisamment de temps pour profiter de Uluru avec ce détour !


Nous repassons par Alice Springs où nous passons une nuit dans un parc de la ville, la première fois avec tant de verdure. Ce parc municipal ferme la nuit, ce qui peut apparaître plus rassurant! À Alice Springs, il y a des campings où la nuit les aborigènes viennent , traversent et éventuellement cherchent à voler des objets électroniques … même quand les gens dorment dans leur tente perchoir … j’ai lu cela sur l’application camping WikiCamp que nous utilisons pour repérer nos arrêts! Nous allons éviter les tentations!

Le parc est immense, une seule caravane y est installée et pourtant une femme viendra garer sa voiture à 2 pas de nous, en soirée ! Elle dort dans la partie arrière de son coffre.  Peut être se sent- elle rassurée à notre proximité !!!

Direction le rocher sacré d’Uluru

Nous profitons de ce passage par Alice Springs pour se rendre dans une galerie d’art aborigène avec de très belles toiles de toutes les tailles.

Généralement, le propriétaire de la gallerie est en lien avec différents artistes aborigènes auxquels il achète les productions. La peinture aborigène sur toile est relativement récente. Dans les années 70. Le professeur d’art G Bardon encouragea les habitants aborigènes de Papunuya (environs Alice Springs) à transposer sur toile leurs mythes sur le «Temps du rêve »  dessinés traditionnellement sur le sable. Le style utilisé finit par devenir cette peinture « à points », la plus connue. Clifford Possum Tjapaltjarri et Jonny Warangkula sont les 2 artistes les plus célèbres de ce mouvement. Aujourd’hui, les aborigènes utilisent des codes couleurs plus vifs et leur créativité expérimente de nouvelles formes d’expressions, qui s’éloignent des motifs traditionnels, mais racontent toujours le Temps du rêve.Nos yeux se sont nourris de belles œuvres et nous ressortons avec l’achat de quelques petites toiles en souvenir  !


Nous reprenons notre chemin pour le parc d’Uluru- Kata Tjuta …

Encore un trou de météorite sur notre route

Pause près du cratère d’Henbury, beaucoup plus impressionnant que celui près de Cue dans le Western Australia: 180 m de diamètre. En fait, il y a 12 impacts de météorite mais avec le temps -4000 ans- certains sont recouverts de sédiments liés à l’érosion.

Nous avons pris le raccourci pour 4*4, la piste est bonne ! Quelques collines surgissent de ce plateau de spinifex aux couleurs plutôt oranges par ici …

Toujours des chemins désespérément droits, zéro voiture sauf des épaves et des dizaines de pneus éclatés . La piste dessert de temps à autre des communautés aborigènes à l’accès réglementé.

Énorme monolithe face à nous: Uluru ou bien ?

A 100 km de notre destination finale surgit un immense rocher massif sur notre gauche . Curieusement aucun panneau ! S’agit -il d’Uluru? Pourtant sa silhouette semble différente..mais il est si gros que ce serait étonnant qu’il y ait dans les parages un autre rocher ??

Nous apprendrons qu’il s’agit du Mont Conner,  un autre rocher sacré pour les aborigènes encore plus massif que le célèbre monolithe d’Uluru. Il est destiné aux rituels des femmes et n’est absolument pas accessible sans permis. Une seule agence organise un tour et a le droit de s’en approcher légèrement mais les aborigènes ne souhaitent pas que ce qui s’est produit avec le site sacré à Uluru se répète ici.


Uluru, rocher sacré mythique pour les aborigènes

 

Au centre de l’Australie, Uluru se dresse enfin face à nous très imposant. Ce bloc de grès massif aux teintes rouges qui s’élève à 348 m pour un périmètre de 9 km dégage une certaine puissance. On parle même d’inselberg, montagne-île c’est à dire un plateau rocheux préservé de l’érosion, vieux de plusieurs millions d’années, qui s’enfonce dans le sol. Il était connu sous le nom de Ayers Rock, nom donné par les colons en l’hommage à Henry Ayers premier Ministre de l’Australie au 19 °. Dans les années 80, les aborigènes lui ont redonné son nom originel d’Uluru.

Pour les peuples aborigènes Pitjantjatjara et Yankkunytjatjara, pas facile à prononcer !, ce lieu est sacré et régulièrement des rituels y sont pratiqués. les aborigènes y réalisent également des peintures rupestres. Ils considèrent que toutes les sources qui coulent à travers le rocher sont l’œuvre de Tjukurpa (Temps du rêve en langue anangu), ère qui précède la création de la terre, quand tout n’était que spirituel et immatériel.

 


Visite du centre d’information très bien fait, construit en partenariat entre australiens et aborigènes. Il retrace l’histoire du site: les relations avec les blancs australiens pour récupérer enfin leur terres est bien relatée. Parfois nous trouvons que les explications concernant la concertation entre les deux peuples paraissent trop idylliques ! Nous commençons à percevoir toutes ces tensions entre ces deux peuples, le premier s’étant vraiment accaparé les territoires aborigènes et a rendu Uluru touristique à partir des années 50.


Enfin l’interdiction définitive de grimper sur Uluru

Uluru est devenu l’emblème de l’Australie. Ouvert aux touristes depuis 1950, des milliers de visiteurs ont foulé le rocher et beaucoup entreprenaient l’escalade d’Uluru malgré les panneaux installés par les aborigènes pour inciter les visiteurs à ne pas le faire, à la fois dans un souci de respecter leur culture et aussi d’assurer la sécurité des touristes. Au moins 35 personnes sont mortes lors de l’ascension depuis son ouverture. Les semaines précédents l’officialisation de l’interdiction, des milliers de touristes se sont précipités pour pouvoir encore grimper sur le rocher…

Nous n’arrivons pas à comprendre ce genre de tourisme qui n’a aucune considération, qui n’éprouve aucune empathie pour ces peuples qui vénèrent ce lieu depuis des dizaines de milliers d’années. Ils voyagent sans tenir compte de leur environnement et font preuve d‘un comportement extrêmement égoïste.


Coucher de soleil sur Uluru

Uluru est connu pour sa capacité à changer de couleur en fonction du jour et de l’heure. Le coucher de soleil lui confère une magnifique couleur rouille. Quel sentiment d’humilité face à ce géant qui dégage une formidable énergie. Rapidement, il passe d’un orange vif au beige plus austère. Ce rocher est fascinant par ses formes. Ses plissements, ses ouvertures béantes semblent lui donner vie…une créature qui a surgit au milieu de cette étendue désertique en plein centre de l’Australie.

Tous les touristes logent à Ayers Rock, le nom du Resort qui regroupe camping, hôtel et petits logements  qui se situe juste à la limite du parc national. A l’intérieur du parc, il n’existe aucune possibilité de logement et il est formellement interdit d’y passer la nuit.  Bien sur, nous partageons ce spectacle du coucher de soleil en direct avec tous les autres touristes …mais le parking est loin d’être rempli!
Atmosphère de sérénité voire de recueillement plane au pied …Les écouteurs sur les oreilles, la musique me transporte dans les mystères de ces milliers d’années qui nous contemplent….

Le camping d’Ayers Rock

 

 

Lever de soleil sur Uluru

Comme il se doit, après le coucher de soleil, nous allons accompagner le soleil levant! A 5h du matin,  nous grimpons dans un petit bus avec 8 autres touristes … la nuit était à nouveau très chaude mais ce matin la température est juste agréable et les mouches dorment encore … quel bonheur! Nous roulons face à cette imposante silhouette sombre éclairée faiblement par les premières lueurs du soleil …j’adore ces levers …progressivement Uluru apparaît dans cette magie matinale.

Nous débutons notre trek autour d’Uluru à 6h et la guide coréenne … et oui on avait imaginé un guide aborigène mais il y a eu mutation! Elle nous rappelle les consignes: 10 km de balade facile à plat mais qui peuvent se révéler difficiles à cause de la forte chaleur de l’été … des morts chaque année dans cette balade, généralement en rentrant à l’hôtel, au retour par crise cardiaque associée à une forte déshydratation… Nous sommes prévenus, au moins nous profiterons de la balade et in chala!!!  Impératif de boire tous les 15 min, au moins 1 litre par heure et bien sûr,  un chapeau … on ne risque pas de l’oublier car les mouches sont de retour avec le soleil !

Être si près du rocher est impressionnant surtout quand la roche se teinte de rouge avec les premiers rayons de soleil, sous un beau ciel bleu azur immaculé ….juste grandiose !! La guide nous raconte les histoires, le temps du rêve de la création selon la tribu Anangu. Pour eux, la création a commencé sur Uluru …


A certains endroits, se cachent des grottes de petite taille: on peut encore voir quelques peintures rupestres … Ces représentations jouent en quelque sorte le rôle de l’école avec les grands- mères qui enseignent à leurs petits-enfants comment survivre dans le désert, comment chasser, que manger …et qui se servent des dessins pour images les explications.

Le site est sacré et à de nombreux points du parcours, les photos sont interdites.  Il s’agit toujours des faces où on peut observer de gros trous, fissures, ouvertures sur les flancs de la roche. Même la guide n’a pas d’explications sur le sens de ces endroits sacrés car les aborigènes conservent leurs rêves bien secrets.


Kata Tjuta, 3 rochers spirituellement actifs

Uluru est toujours un lieu utilisé pour les cérémonies aborigènes où femmes, hommes et enfants sont accueillis. A la différence des Kata Tjuta réservées uniquement aux rituels des hommes.


Ce sont 5 massifs de grès qui sont traversés par des gorges et seulement 2 sentiers assez courts sont ouverts au public. Le site est très grand et est le lieu des initiations des garçons. Quand au Mont Corner, qu’on avait aperçu en premier au point de le confondre avec Uluru est strictement dédié aux rituels des femmes. Aujourd’hui encore, les histoires du temps du rêves continuent à être secrètement transmises .

 

Soleil couchant

Passage d’un dingo …

Un dingo de passage …


S’initier à l’art aborigène

Nous participons à un atelier de 1h30 pour mieux comprendre la peinture aux points. Une animatrice australienne qui va servir d’interprète, est accompagnée par Valérie, artiste aborigène de la tribu Anangu.

Elle nous montre dans un premier temps des objets utilisés dans leur culture. Nous retrouvons le bâton à fouiller les terriers, le boomerang utilisé par les hommes, un sorte de plat fabriqué dans une écorce qui sert à transporter les baies cueillies dans le bush. Valérie nous montre comment elle porte sur la tête comme les africains…cela surprend toujours de voir à quel point des peuples éloignés de milliers de kilomètres partagent certaines pratiques, connaissent les mêmes plantes et leurs vertus médicinales…

 


Représentations de l’homme et la femme:

Puis Valerie se met à dessiner dans le sable des signes qu’elle nous explique dans sa langue. Elle trace le symbole d’une femme en dessinant  un U avec un trait sur le côté, qui représente le grand bâton qui sert à fouiller le sol pour aller chasser les lézards, petits varans.

L’homme est toujours dessiné avec son boomerang et sa lance pour chasser l’émeu et le kangourou


Quand les personnes se rassemblent autour d’un point d’eau, Valérie les symbolisent avec des cercles concentriques qui peuvent décrire  un point d’eau ou un feu .


Au fur et à mesure qu’elle raconte une histoire du temps du rêve, son doigt dessine sur le sable les symboles pour illustrer son propos. Il en résulte un plan aérien du rêve … Il faut bien avoir conscience qu’il s’agit d’une tradition orale sans écrits, si ce ne sont les peintures rupestres .

 

Du sol à la toile..

Comme je l’avais déjà mentionné, le mouvement artistique  pointillisme ou « dot-painting » s’est développé récemment dans les années 1970, à l’initiative d’un professeur anglais qui proposa à ses élèves de reproduire des motifs du Temps du Rêve sur des murs puis des toiles.

 

 

Exemple de symboles Aborigenes 

Notre temps du rêve

A notre tour, confortablement installés à l’ombre avec une vaporisation de fines gouttelettes d’eau pour nous rafraîchir sous ces 40-45 degrés, notre filet anti-mouches, un bâton en guise de pinceau, une toile, nous laissons exprimer notre créativité. Nous nous inspirons des symboles aborigènes pour raconter notre rêve. Francis choisit de représenter les différents éléments rencontrés dans la culture aborigène. De mon côté j’essaie de raconter notre tour du monde…l’échange qui suit entre les participants est très intéressant. Nous avons passé un super moment, un moyen d’approcher cette culture si riche d’enseignement, si respectueuse de son environnement.

Uluru  m’inspire

Uluru

Majestueux

Énigmatique pour les non-anangu…

Sculptures hors du temps

Temps de la création

Sur les pas de l’émeu

Rocher tortueux

Cicatrices béantes

Habité par tous ces êtres

Lion, Dingo, serpent

Formes multiples

Plissé en pachyderme

Connection avec la terre

Mystérieux signes

Piti trou d’eau sacré

Envoûtant

On te dirait vivant

Mystères d’une culture inconnue

Tjukurpa résonne ici-bas

Visite médicale au pied d’Uluru, au cœur du désert

 

Nous venons d’apprendre (12 février) qu’un certificat de non-contagion par le corona-virus est obligatoire pour pouvoir embarquer pour la Polynésie française. Ceci est exigé pour tous les passagers qui ont séjourné dans certains pays d’Asie comme les Philippines depuis le 1° janvier.  Heureusement, au cœur de nulle part, il y a un dispensaire avec une permanence médicale. Des médecins différents se relaient tous les 15 jours.
Résultat: 100 dollars australiens (60€) chacun pour une attestation…même la médecin a bien souri, car nous pouvons très bien être porteurs et ne pas avoir encore de symptômes !

 

6 semaines en Australie, île reine de l’Océanie !

Notre séjour s’achève sur cette île, la plus grande du monde , tellement immense que nous n’en avons aperçu qu’une infime partie. Cette terre lointaine aux routes et pistes infinies  nous a montré de très beaux trésors aussi bien sur le plan paysages que culturel et humain.
Et chose très importante, car c’est l’une de principales raisons pour le choix de ce pays: nos retrouvailles avec Joujou et sa famille qui ont été extraordinaires. Et pour Francis, il s’agissait de la première rencontre. Nous avons pu partager d’excellents moments ensemble, une parenthèse togolaise au cœur de l’Australie Occidentale.

Nos yeux ont été comblés par ces paysages grandioses, sauvages et désertiques.  Mais en parallèle, notre cœur a été touché par la détresse de ces peuples aborigènes, « réduits » à vivre en communauté, coupés brutalement de leurs racines, il y a 2 siècles. Aujourd’hui encore, ils n’ont pas retrouvé tous leurs droits, le gouvernement australien continue «violer »  leurs espaces sacrés en autorisant les extractions de minerais à tout va, laissant d’immenses balafres sur leurs terres. Les jeunes générations restent pour la plupart désœuvrées et la délinquance devient un fléau. Nous avons entendu à plusieurs reprises des propos racistes à leur égard. Difficile de concevoir 2 mondes qui se côtoient avec autant de contraste…nous avions parfois l’impression d’avoir un pied en Afrique et un autre en Australie tellement le mode de vie diffère. L’enseignement de la colonisation avec son impact, les massacres sont généralement passés sous silence à l’école…il est temps que les « australiens blancs » se réapproprient leur passé pour pouvoir agir avec empathie sur le futur de TOUS ses citoyens. Dans cette courte vidéo,   en quelque minutes, un portrait de la situation des aborigènes par le média en ligne BRUT.

Nous garderons au plus profond de notre cœur la balade avec le guide aborigène Normy qui nous a plongé dans sa culture, son histoire…et nous sommes encore interloqués d’avoir eu une guide coréenne autour d’Uluru…nous n’avons rien contre les coréens mais nous avions imaginé que le guide aurait pu être aborigène voire australien…

 

 

   Envoyer l'article en PDF