En route pour l’outback
Après notre première semaine le long de l’Océan Indien de Perth à Carnarvon au nord-ouest, nous nous dirigeons vers le parc national de Karijini. Nous avons quitté le climat méditerranéen de Perth, traversé le climat tropical de la ville de Carnarvon et ses plantations luxuriantes pour maintenant se diriger vers un climat semi-tropical désertique !
Avant de prendre la route pour l’arrière-pays aride « l’outback », petite pause-snack à Carnarvon, l’occasion de manger autre chose que nos salades ou riz/légumes ou pâtes/ légumes ! Nous optons en bons australiens pour une pizza et un hamburger! Nous avons oublié que les portions australiennes sont gigantesques … proportionnelles à la taille du pays ?! Et je m’interroge toujours comment une mâchoire peut engloutir une bouchée d’un tel hamburger ! En tout cas, la mienne n’est pas dimensionnée pour !!
Même le PETIT café fait 40 cl! Nous nous le partageons !
« On the road again » Carnarvon -Natutarra Roadhouse 380 km
Nous sommes toujours accompagnés de vent mais il est très chaud maintenant et chargé d’une certaine humidité. La route traverse carrément des lits de rivières: comme il n’y a pas de relief, l’eau stagne lors des fortes pluies.
Des panneaux indiquant le risque d’inondation et des poteaux servant de gauge sont gradués jusqu’à 2 m! Cela doit être impressionnant et les routes se retrouvent évidement coupées, bien qu’il s’agisse d’HighWay, c’est à dire d’axes routiers principaux du pays.
Ces derniers jours, un cyclone est passé et on trouve encore des flaques d’eau dans certains endroits, le temps que le sol complètement fissuré par cette chaleur intense absorbe tout. A certains endroits, la route est recouverte de sable rouge .
A Carnarvon, nous avions vérifié les routes au Visitor center et certaines étaient effectivement toujours coupées suite aux inondations. Donc nous n’avons pas d’autres choix que de rejoindre le parc Karijini, 2 ° parc national d’Australie par la North West Coastal highway (vitesse maxi 110km/h) et non par d’autres petites routes moins fréquentées, comme on aurait préféré.
Les « Road Train »
Très peu de circulation de voitures mais nous croisons surtout les road trains, ou trains routiers: des camions dont leur longueur peut aller jusqu’à 53 m: ils tirent généralement 3 voire 4 remorques soit 170 tonnes! Donc prudence, car dépasser un tel engin lancé à 110 km/h peut prendre beaucoup de temps ! De toute façon, ils tracent et il vaut mieux garder ses distances car en cas de freinage soudain, il leur faut 500 mètres pour s’arrêter !
Ces mastodontes sont voraces et consomment environ 100 litres /100 km ! Ils ne s’arrêtent pour personne et avec leur gros pare-buffle, ils tamponnent tout kangourou qui viendrait malheureusement traverser la route. Ils passent cet obstacle comme une banale voiture sur un lapin. D’ailleurs de nombreux cadavres témoignent de cette dure réalité.
Nous croisons aussi pas mal de convois exceptionnels.
Certaines cabines de camions rappellent ceux de l’ouest américain avec un gros capot et d’autres ont le nez plat.
Et c’est reparti, bien contents d’être dans le van climatisé !
380 km de routes toutes droites qui s’étalent à l’infini, se confondent avec la ligne d’horizon… de part et d’autre, le bush également à perte de vue avec des termitières qui pointent de temps à autre. Au fur et à mesure que nous nous éloignons de la côte océanique, des arbres disséminés apparaissent. Ils signalent la présence d’une rivière dont le lit à sec n’est pas vraiment délimité. À certains endroits, très surprenant, des touffes d’herbe d’un vert éclatant surgissent … pour combien de temps survivront-elles dans ce climat pseudo-désertique!
Après 300 km apparaissent des monts, nos premières « montagnes « depuis Perth … 200 m d’altitude au maximum ! La terre est d’autant plus rouge sang que le soleil tend à disparaître à l’horizon.
De temps en temps des carcasses de voitures ayant terminé leur course dans le bush … peut être en voulant éviter un animal la nuit ? Et également quelques croix en bois avec des fleurs en plastique marquent la fin de vie terrestre de certains automobilistes…
Et si on tombait en panne ?
C’est vrai qu’on ne rencontre pas foule et qu’il n’y a pas de réseau téléphonique sur ces routes. Que faire si nous tombons en panne au milieu de nulle part ?
Éviter la panne séche
Première règle, faire le plein dès qu’on voit une station-service, pour « ne pas se faire prendre au dépourvu quand la panne sèche sera venue! » .
On ne sait pas toujours quand sera la prochaine pompe! A la sortie de Carnarvon, il est indiqué que il n’y aura plus rien pour les 400 km à venir !
Le PLB, Sytème de localisation GPS…pour notre sécurité
Lorsque nous avons loué le campervan, Apollo, la société de location nous a remis un précieux objet, un PLB « Personal Location Beacon ». Il s’agit d’une balise GPS déclenchable à tout moment pour être localisés… à n’utiliser bien sur qu’en cas d’urgence absolue !
La personne a bien insisté pour qu’on l’emporte toujours avec nous, surtout dans les randos… c’est rassurant de savoir qu’on peut déclencher des secours de n’importe où, quand le réseau téléphonique n’existe pas … par exemple en cas de morsure de serpent…ou autre malheureux accident…Enfin nous espérons ne jamais avoir besoin de nous en servir!
Campement insolite digne des « guidochons »!
Notre application WIKI pour rechercher les aires autorisées de campement, bugue et du coup on finit par s’arrêter sur une aire de parking à 100m de la route….Il est trop tard pour atteindre la prochaine aire.Vive l’emplacement le plus moche certainement de notre road trip… à côté des poubelles sur du bitume! Chaleur incroyable, intensifiée par la réverbération du goudron: comme un sèche-cheveux qui souffle un vent violent incroyablement chaud….nous transpirons sans rien faire! Et il fait plutôt très chaud dans la cabine du camping car pour s’endormir !
Le seul avantage de cet emplacement est de se situer près d’une antenne qui nous procure du réseau pour la soirée ! De quoi organiser notre future visite du parc Karijini !
Vers 23 h, arrive sur le parking un de ces roads trains (camion avec 3 remorques) tout illuminé … en fait il s’installe pour la nuit et le comble, laisse son moteur en marche pour bénéficier de la clim dans sa cabine! Pas d’égard pour l’environnement … en même temps le type bosse et n’est pas en vacances… il relie certainement Broome (au Nord) à Perth soit plus de 2000 km en 2 jours! Toute la nuit, nous serons bercés par le ronronnement du moteur .. la scène est coquace quand on sait que nous sommes au milieu de nulle part, dans une immensité désertique et qu’il n’y a quasiment pas de circulation hormis les camions ! Il faut faire avec, pas question de rouler la nuit, trop risqué avec les animaux !
Douche épique
Douche système D avec un pot de yaourt vide en guide de récipient pour se rafraîchir en Utilisant l’eau des jerricans. Notre douche solaire est malheureusement déjà cassée, le pochon rempli d’eau n’a pas résisté à son poids donc plus moyen de la suspendre … dommage ! Sous un ciel étoilé scintillant traversée par la voie lactée, je me retrouve à me doucher en tenue d’Ève, dissimulée à l’arrière de notre campervan… on a quand même un camion voisin à 200 m!!
Heureusement la température de 33 degrés encore à 22h descend de quelques degrés la nuit … 25 ° peut être ce qui nous permet finalement de s’endormir!
J10 Natutarra Roadhouse- Tom Price, aux portes du parc Karijini 400 km
Réveil à 7h pour profiter de la relative fraîcheur pour prendre notre petit dej. Le vent a disparu et notre camion géant également ! Par contre les mouches arrivent en renfort… nous avons sorti notre artillerie ! Mais pas simple de boire son café et manger ses céréales avec le filet anti-mouches !
Rivière Beasley
Alimentée par les derniers orages , notre première rivière avec de l’eau … les arbres peuvent « se refaire une santé » les pieds dans l’eau!
Nous prenons l’option de quitter la route asphaltée pour se rendre à Tom Price qui se trouve à 70 km. Cette piste est réservée aux 4*4, profitons en donc !
En fait elle s’avère en bon état, un passage dans un lit de rivière avec un peu d’eau … et nous ne croisons que des véhicules travaillant pour les mines Rio Tinto…ils tracent ! Ici tout est rouge !
Les paysages sont sublimes avec ces paquets de nuages qui semblent suspendus par un fil invisible à la limite d’atterrir sur les collines rouges !
Au loin, l’entrée du site d’une mine à ciel ouvert avec d’énormes trucks !
Et un long convoyeur qui s’enfile dans le bush. La montagne profondément entaillée permet d’extraire des quantités importantes de fer. Sa présence explique cette couleur rouge des sols.Les aborigènes ont toujours considéré d’un mauvais œil cette atteinte à leur environnement sacré. La nature doit être respectée et cette activité minière va complètement à contresens.
Nous sommes sur le fief de notre ami Gamel lorsque il travaillait dans les mines de Tom Price, il y a quelques années. La Compagnie Rio Tinto acheminait ses employés par avion de Perth à Tom Price . Il raconte comment il vérifiait toujours en fin de journée en rentrant dans son bungalow qu’aucun serpent ne s’était caché sous son paillasson ou qui serait au frais dans les toilettes !
La terre est rouge !
Pause pique-nique sur une aire joliment aménagée aux portes de la petite ville minière de Tom Price
Difficile de rivaliser!
Ces engins sont énormes …
Camping Tourist Park à Tom Price
Premier camping avec piscine qui, on doit bien l’avouer, fait du bien sous cette chaleur plus que caniculaire du bush (40-45 degrés). L’occasion de bavarder avec un couple allemand à propos de leur itinéraire en Australie. En fait, ce sont des croqueurs de kilomètres… à peine une journée au parc Karijini de prévue !
Impossible de prendre notre repas à l’extérieur et pourtant il fait bien meilleur que dans la cabine non climatisée, mais les mouches et l’invasion de papillons ont raison de nous ! Même avec le filet anti-mouches , c’est infernal, ils s’engouffrent partout !
Plus sympa, le terrain de camping est rempli de cacaotés qui ne sont vraiment pas sauvages.
J11 Au cœur du parc Karijini
Nuit agitée à chasser de minuscules moustiques qui ont fini par réussir à passer les mailles des moustiquaires … et dans une belle chaleur …Francis a passé la nuit a les chasser! Mais on se réveille malgré tout avec pas mal de piqures en souvenir !
7h petit dej à l’extérieur avec des insectes probablement en train de faire la grasse mat! Des cacaotés galah nous tiennent compagnie ! Le soleil émergeant irradie en rouge le mont Nameless ou Jarndunmunha au pied duquel nous sommes installés : mont qui culmine à 1128 m. C’est appréciable, nous revivons!
Parc national Karijini
Le parc Karijini est réputé pour être une des plus belles curiosités d’Australie Occidentale! Il est le 2° grand parc d’Australie par sa superficie. Massifs rochers rouges et gorges profondes, étroits défilés, cascades et bassins cachés pour se rafraîchir. La saison d’été, par contre peut voir les températures atteindre les 45 à 50 degrés au fond des gorges. Nous allons nous y adapter en se levant très tôt !
L’avantage en cette basse saison, c’est que nous n’avons pas besoin de réserver nos campements ! D’ailleurs il y en a un qui est même fermé dans le parc! Et on est sûr d’avoir de l’eau dans les bassins au fond des gorges pour se rafraîchir! Nous sommes chanceux, la météo inquiétante des jours précédents (cyclone et très fortes pluies avec des zones d’inondation dans certains coins) est passée! Selon le ranger du parc, les sentiers à l’ouest du parc fermés au public jusqu’ici pour des raisons de sécurité devraient réouvrir au plus tard d’ici 24h.
Les gorges de Dales
Nous commençons par un trek dans les gorges de Dales. Un sentier escarpé descend jusqu’aux chutes. L’emplacement suggère la forme d’un amphithéâtre avec des roches en forme de marches.
Nous nous rafraîchissons dans la « Fern Pool », très joli petit bassin plein de petits poissons; certains mordillent même les pieds de Francis!
Fern Pool est un endroit sacré pour les aborigènes. Une pancarte invite les visiteurs à respecter les lieux en ne sautant pas dans l’eau, en y entrant en utilisant l’échelle et en ne créant pas de nuisances sonores. Incroyable havre de paix dans cette « piscine naturelle privée »…aucun touriste!
Sur le chemin on croise un genre d’iguane ou petit varan ? Il est assez gros , 80 cm, ne semble pas du tout impressionné, nous observe, sa langue s’enroulant et se déroulant!
Le sentier de 2 km longe le fond de la gorge et permet de se rafraîchir dans une autre piscine naturelle « circular pool » alimentée par une petite cascade…encore une fois rien que pour nous! Qu’est ce que cela fait du bien de se rafraîchir dans une eau à peine fraîche !
Pause pique nique au fond de la gorge à l’ombre… les mouches sont toujours là pour nous titiller ! Vive notre filet anti-mouches même s’il ne faut pas l’oublier en mangeant… l’œil s’habitue au filet et cela est arrivé à chacun de nous: croquer notre sandwich à travers ! Pas top!
Penser que ce site à nos pieds a 2,5 milliards d’années donne le vertige…ces roches sont en réalité un millefeuille de silicates et oxyde de fer compressé par des sédiments qui offre un paysage unique!
Retour à notre campervan par un sentier qui remonte pour longer les bords de la gorge sur les hauteurs. Il est 15h , le soleil tape fort .. Au moins 40 degrés…
Tôle ondulée pour tester le 4*4
Nous terminons la journée par des points de vue sur d’autres gorges à l’est du parc. Heureusement que nous sommes équipés d’un 4*4 car la piste de 45 km est très rude, beaucoup de tôle ondulée, des nids de poule formés suite à ces grosses pluies d’orage. Comme des gamins, nous nous éclatons à traverser les flaques d’eau rouge qui giclent de part et d’autre! Notre 4-*4 est baptisé !
Joffre lookout
Très belle cascade en amphithéâtre, un peu dans l’ombre
Knox lookout
Beau point de vue sur la gorge Knox
Camping Dales
Le seul camping accessible propose des emplacements spacieux, des toilettes sèches incroyablement propres avec toujours du papier toilette. Bien sur pas d’eau dans le parc si ce n’est celle du fond des gorges ! Ombre modeste car les arbres ne sont pas très hauts ! Quelques campeurs de passage sur cette grande étendue … peut être 5 véhicules au maximum … vraiment pas incommodés par nos voisins !
Les mouches … horreur toujours!
Pas moyen de manger à l’extérieur! Francis bataille dur pour faire bouillir l’eau et préparer des légumes … Nous finissons par renoncer à manger dehors car notre repas risque fort d’être agrémenté de mouches et autres insectes comme des taons qui piquent ! Il y en a partout ! Et même en cuisinant avec le chapeau et le filet, pas top ! Le comble car il fait super chaud à l’intérieur du van… au moins 35 degrés…sensation de confinement dans quelques mètres carré! La brise de l’extérieur aurait été bien plus agréable… face au soleil couchant, je fais quand même quelques incursions à l’extérieur pour prendre des photos!
Douche avec notre bol en plastique en tenue d’Adam et Ève toujours sous cette incroyable voûte céleste .. l’eau du jerrican est même très chaude … nous ne nous attardons pas car les mouches sont là !! Soirée écourtée! 20h au lit …comme les poules! Et pas question de lire car la moindre lumière attire les moustiques à travers les mailles de la moustiquaire. Il n’y a plus qu’à essayer de s’endormir sans aucun mouvement, tellement il fait encore chaud à l’intérieur ! On savait qu’il allait faire chaud en cette saison dans l’outback mais on n’avait pas imaginé l’assaut des mouches ! D’ailleurs souvent citées dans les blogs par les voyageurs.
Les mouches m’inspirent…elles commencent à rendre fou Francis!
Mouche’s attack dans le bush
Peuple du bush
Petites, sveltes, précises
De vraies petites fusées
Surfent sur les bourrasques de vent
Tournent, virevoltent
Finissent par atterrir sur le visage
Curieusement elles ignorent le pot de yaourt
Premier contact de chatouilles
A la commissure des lèvres
Dans le coin de l’œil
Elles insistent, déambulent
cherchent les portes d’entrée
Bouche, nez, narines, oreilles
Leur terrain de prédilection
Tenter de les chasser
Elles reviennent encore plus vite
Plus rapides pour s’agripper
Délicat bourdonnement dans les oreilles
En apnée au risque de les inspirer
Bouche fermée au risque de les avaler
Jusqu’où iront-elles?
A nous rendre fous!
1 Comment
yolande trinite
Merci pour ce récit de road trip audacieux! Merveilleux paysages, réactivation de souvenirs émus (les varans,jusque dans les campings où nous avons séjourné Côte Est aussi, les cacatoès les adorables rosalbins en particulier) ET pendant notre mini-croisière au Nord Est de Sydney , nous avons connu aussi l’épisode « mouches » à rendre dingues -il paraît que c’est une question de saison et on étaient (comme vous) tombés sur les mauvaises 3 semaines 🙁 .Au fait pendant qu’on est dans les aléas pas hyper plaisants du continent, j’espère qu’on vous a dit d’enlever tous les bijoux de doigts ou de poignet en cas de morsure ou de piqûre suspecte (cf gonflement sur bague par exemple pas top )
Ceci dit continuez bien à batailler contre des bestioles visibles en parcourant votre route des rêves (un peu comme les aborigènes en fait 🙂
Ici on se prépare plutôt à éviter le virus covid-19… défilé du carnaval et divers concerts annulés en Alsace par ex!
En espérant qu’il sera éradiqué à votre arrivée dans les pays que vous allez encore trip-trotter je vous embrasse fort
Yo