Préparatifs en pointillés….
Nous avons repris nos billets d’avion qui avaient été initialement achetés pour se rendre au Togo en juillet 2020. Cela aurait du être l’étape ultime de notre tour du monde mais le Covid en avait décidé autrement. Cette fois-ci, nous partons accompagnés de Monique, la maman de Catherine et de Sarah, une amie rencontrée en Australie, lors de notre voyage au long cours. Nous sommes heureux de leur faire partager cette nouvelle aventure…
Coup de massue !
Coup de massue ou presque à l’annonce du gouvernement français qui interdit à ses concitoyens de sortir de l’espace européen…ceci moins de 6 jours avant notre départ prévu le 14 février…Nous restons zen et positifs, convaincus que si notre chemin est d’y assister, alors l’Univers nous ouvrira les portes…
Les Guidot n’ont pas dit leur dernier mot…
Changement de plan, nous réussissons à contourner les règles. Nous modifions notre vol avec Royal Air Maroc et partons de Genève ! Monique et Sarah nous rejoignent à Strasbourg et le 14 Février 2021, jour de la St Valentin, tests PCR en poche, notre fils nous dépose directement à l’aéroport. Finalement cette solution s’avère bien plus confortable ! Avec nos 200 kg de bagages, quelle galère cela aurait été de nous rendre en Tgv à Paris la veille du départ, y trouver un logement, se déplacer dans le métro…Comme quoi tout changement ou contretemps amène toujours quelque chose de mieux, démonstration faite encore une fois. Enorme bonus en prime, la possibilité de retrouver à l’aéroport notre amie Hélène du Mexique, venue rendre visite à sa famille à Genève! Quel plaisir de se serrer dans les bras quasiment un an jour pour jour…L’apparition de la pandémie nous avait « contraints » à prolonger notre séjour initial de 2 semaines en plus de 2 mois…une immersion très enrichissante au coeur de leur ONG Madre Tierra au Chiapas.
« Bonne Arrivée »
Deux ans et demi plus tard …le Togo nous accueille à nouveau par un « Bonne Arrivée » à chaque nouvelle rencontre. Les togolais ont effectivement la réputation d’être un peuple chaleureux . Ce tout petit pays d’Afrique de l’Ouest, de la surface de notre région du Grand Est, est devenu notre pays de coeur. 20 années se sont exactement écoulées depuis nos premiers pas sur cette bande de terre qui s’étire tout en longueur, coincée entre le Ghana à l’Ouest et le Bénin à l’Est.
Le tracé des frontières reflète déjà les premiers impacts de la colonisation: le découpage a quasiment été tiré à la règle. A l’indépendance en 1960, le pays a été rogné à l’Ouest d’un tiers de sa surface et son littoral bien réduit à l’Est au profit du Bénin.
Petit feed-back à propos de ce lien de coeur avec le Togo
En 2001, un premier voyage organisé par une association humanitaire alsacienne nous avait fait découvrir en famille les différents aspects touristiques, culturels, humains du Togo. Nous avions été séduits par la qualité d’accueil légendaire des togolais. Nos enfants avaient échangé leur adresse avec des enfants rencontrés au hasard de nos pérégrinations. C’est ainsi qu’est née la correspondance avec une jeune togolaise Joujou, orpheline vivant dans un camp en tant que réfugiée politique.
Joujou, notre fille de coeur
Malheureusement l’oncle de Joujou, son unique famille est décédé. Et nous l’avons alors soutenue financièrement pour qu’elle puisse passer son bac. Une profonde amitié est née et s’est créé ce lien de coeur avec Joujou et son pays. Les programmes de soutien de l’ONU lui ont permis d’émigrer en Australie. Véritable conte de fée, elle y a trouvé son mari et a maintenant 3 magnifiques enfants.
Mais il nous tenait à coeur de permettre à davantage d’enfants togolais de pouvoir apprendre à l’école dans des conditions décentes. L’éducation scolaire reste effectivement le levier par lequel les enfants pourront devenir acteurs de leur vie et concrétiser un jour leurs rêves.
En 2016, le cancer est venu nous bousculer. La maladie s’est révélée être un déclencheur pour réagir et s’engager concrètement au profit des enfants du Togo. Nous sommes revenus en 2018 et le village très démuni de Tablao nous a touchés: pas d’électricité, pas d’accès à l’eau, des paillotes en guise d’école, pas de toilettes, pas de livres et très peu de matériel scolaire….et la suite vous la connaissez…(Si vous voulez en savoir davantage, cliquez sur ce lien pour lire l’article à ce propos).
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Arrivés en pleine nuit à 1h30 à l’aéroport de Lomé, bien fatigués, nous devons nous soumettre à un nouveau test PCR à 40 OOO francs CFA (60€)…en file indienne, nous pouvons apercevoir l’infirmier manipuler assez brutalement l’écouvillon…notre tour approche, nous commençons à appréhender…ce test n’est déjà pas agréable mais on craint le pire…entre chaque patient, l’homme s’allonge sur une table tellement il est épuisé de sommeil…Au radar il se relève pour me tester …persuadée qu’il s’agit d’un test nasal, moi-même, à moitié réveillée, je ne réalise pas très bien lorsqu’il me demande d’ouvrir la bouche…il a du mal à faire le prélèvement et j’ai failli m’en étrangler! Au Togo il s’avère qu’on pratique les tests prélevés dans l’arrière gorge! Finalement c’’est mieux ainsi, car je n’ose pas imaginer la « brutalité » de son geste pour un test PCR classique!
Une chaleur humide nous accueille à la sortie de l’aéroport Eyadema Gnassimbe…Quel delta de température , passer de -10° C ce matin à Genève à + 30°C en pleine nuit à Lomé ! Nos corps fatigués accusent le coup …2 taxis nous sont nécessaires avec notre montagne de bagages (pas moins de 12!) pour gagner le centre d’hébergement marianiste où nous accueille notre ami de très longue date Moise, frère marianiste. Epuisés par ce long voyage de près de 20h, nous nous effondrons de sommeil! Sans avoir oublié de démarrer la Clim!
Le gouvernement togolais impose d’attendre les résultats du test Covid à Lomé. Nous mettons à profit ces quelques jours pour visiter la capitale, sa cathédrale, son grand marché toujours en effervescence, succomber au charme des pagnes, tissus magnifiques en couleurs. La capitale Lomé et ses 850 000 habitants (1,8 million avec l’agglomération) est encombrée de traffic entre motos, scooters et voitures . Peu de routes sont goudronnées ou pavées, la plupart des rues sont encore des pistes. Atmosphère tranquille dès que l’on quitte la zone du centre et du Grand Marché, et sentiment de grande sécurité.
Les retrouvailles
Nous retrouvons Tata Comfort, une collègue maîtresse que j’avais formée en 2018 au CISL, établissement scolaire privé (pour en savoir plus, lire l’article « Expérience de formation à Lomé au CISL » ).
Elle nous guide auprès de son tailleur, qui en quelques coups de ciseaux, coups de pédales et d’aiguilles avec sa vieille machine à coudre en sort de magnifiques vêtements, une façon de nous «fondre » dans le paysage…enfin presque car nos peaux blanches ne manqueront pas de nous trahir!
Et la situation Covid au Togo?
Après une année de pandémie, le Togo dénombre moins d’une centaine de décès …Le pays a adopté les mêmes règles de confinement que la France en mars 2020 et les frontières aériennes se sont ouvertes à nouveau depuis quelques mois. Partout des affiches rappellent les gestes barrières. Porter le « cache-nez ou bavette » dans les transports (moto-bus-voiture) est obligatoire. A l’entrée des magasins type supermarchés, les restaurants, le lavage des mains avec du gel ou à défaut du savon et un gros bidon d’eau est proposé. Dans le reste des activités informelles, les togolais portent tous un masque qui se révèle être plutôt un cache-mention que cache-nez…dans le meilleur des cas, il cache uniquement la bouche. Nous comprenons vite que la chaleur avec ses 40° rend difficilement supportable le masque…impression d’étouffer…
A chaque barrage de police, le chauffeur rappelle à l’ordre ses passagers « cache-nez, cache-nez! »…ici tout manquement à la règle peut permettre au policier de soudoyer un billet pour éviter une contravention officielle ….D’ailleurs nous en ferons l’expérience lors d’un de nos déplacements. L’état togolais a effectivement restreint le nombre de passagers à 4 (chauffeur inclus) dans une voiture. Avec notre ami Moïse, nous étions alors 5. Le militaire a fait le tour du véhicule et a fini par trouver un vice de forme dans les papiers pour sanctionner notre ami…mais ici tout peut s’arranger et l’amende s’est transformée en un petit don de 3000 francs CFA (4,50€).
Journée tourisme dans la région maritime de Lomé
Change express d’argent dans la rue
Facile d’échanger ses euros contre des francs CFA au marché noir de Lomé: 1€ pour 650 Francs CFA…cela fait vite beaucoup de zéros en poche….100 000 francs pour 150€ !!! La calculatrice est là pour ne pas se perdre avec tous ces zéros! Nous voici revenus au temps des anciens francs de nos grand-parents!
Marché des féticheurs
Nous nous rendons au marché des féticheurs à Akodessewa ( un des quartiers de Lomé). Nous sommes déçus par son organisation devenue très touristique avec obligation de prendre les services payants d’un guide sur place…guide qui s’avérera léger dans sa maitrise de la langue française et ses connaissances culturelles ! Un vrai supermarché pour les sorciers et guérisseurs qui ne peut que surprendre: pieds d’éléphants, plumes de paon, peau de serpent, queue de lézards, gueules de crocodiles, animaux séchés, caméléons ….amulettes, poupées vaudou qui ne demandent qu’à être maraboutées….Devenir « féticheur » demande de passer de nombreuses années dans la forêt sacrée pour s’initier (17 ans selon le guide).
A Togo, comme dans les autres pays de la région ouest de l’Afrique, le vaudou est largement répandu. Cette religion est originaire de l’ancien Royaume du Dahomey (Afrique de l’Ouest). Cette religion d’ordre cosmique est issue des cultes animistes africains, toujours largement répandue au Bénin et Togo. Au 17° siècle, le culte vaudou s’est répandu aux Caraïbes et en Amérique avec la traite négrière. Il s’agit d’une pratique qui utilise divers objets, des fétiches qui ont une utilité spécifique. Par exemple, la tête d’un chien permettra de protéger la maison des voleurs…
Togo, ancienne colonie allemande
Depuis le guerre de 1870, le Togo, tout comme l’Alsace était devenue une colonie allemande. Nombreux bâtiments coloniaux actuellement en décrépitude à Lomé témoignent de cette époque. A la fin de la 1° guerre mondiale, la France et le Royaume Uni se sont partagés le gâteau et le Togo est passé sous mandat français. Le Togo a accédé à l’indépendance en 1960. A Baguida, un élégant monument symbolise l’amitié germano-togolaise.Il présente deux femmes côte à côte dont l’une togolaise et l’autre allemande.
Traversée du lac Togoville en pirogue
Togoville est une ville située sur les rives du lac Togo. A la fois empreinte de mysticisme comme en témoignent les nombreux fétiches et également lieu sacré pour les chrétiens depuis l’apparition de la Vierge en 1973. On peut y accéder par pirogue en 30 min.
arbre fétiche
Tragédie humaine à Agbodrafo
Immersion dans la douloureuse histoire de l’esclavage par la visite de la Maison des esclaves appelée localement, la maison de Wood, du nom du négrier anglais. Edmond, un «vieux sage » nous guide par ses explications au coeur de ce bâtiment.
Cette maison d’environ 200 m2, construite en 1835, comporte 6 chambres et un grand salon destinés à l’hébergement des négriers. Elle a été construite pour opérer illégalement un commerce d’esclaves en dépit de l’abolition de la traite atlantique (1807). Une centaine d’esclaves était enfermée dans la cave où il était impossible de se tenir debout. En empruntant la trappe qui se trouve dans la pièce centrale, on peut accéder à ce sous-sol de 1,5 m de hauteur et on mesure alors les traitement inhumains infligés aux esclaves entassés avec la chaleur moite.
Aného, ancienne capitale coloniale
Aného, longtemps connue sous le nom de Petit-Popo se situe sur une bande de sable enserrée entre golfe du Bénin et la lagune du fleuve Mono. Cette ville était le centre historique de la Traite des noirs et a été par deux fois la capitale du Togo (1886-97 et 1914-19).
Initiation au batik avec Esso
A peine arrivés à Lomé, nous avons passé 2 journées à réaliser chacun notre batik. Pause bienvenue après ce long voyage. Esso est un artiste batikeur adorable. Extrêmement généreux, il nous a accueillis chez lui et nous a même préparé un couscous-légumes à midi. Grâce à ses précieux conseils, il nous a guidés …pas facile de poser la cire et peindre sans débords…mais nous sommes fiers de nos productions en tant qu’amateurs ! Quelle belle rencontre humaine!
Pour en savoir plus sur la technique du batik, courte vidéo avec Esso.
Pause resto à Aného
Découverte de l’atcheké, à base de semoule de manioc. Ici les enfants font la sieste à même le sol !
Le SICHEM, centre de formation agro-écologique
Notre association Terr@dialoog est en lien avec L’ONG TOGO DEBOUT belge qui a son antenne basée à Lomé. Nous rencontrons Riet, une infirmière belge, venue il y a une trentaine d’années mettre en place un dispensaire de santé. Depuis, de nombreux projets ont poussé et le SICHEM est devenu un très grand centre de formation en techniques de cultures biologiques, construction en matériaux naturels, techniques de petits élevages, d’apprentissage en couture…Le restaurant propose sur place une cuisine goûteuse à partir des légumes bios.
Maison de l’artémésia
Lucile Cornet-Vernet relate dans son livre ( « Artemisia, une plante pour éradiquer le paludisme ») son aventure pour faire connaître et développer la culture de l’artémésia, plante aux vertus antipaludéennes à titre préventif et curatif. Son expérience et détermination m’ont passionnée et interpellée. Moi même, ayant déjà attrapé à 2 reprises le palu falciparum (Mali 1990 et Togo en 2018 lors de mon dernier voyage), je suis très intéressée par une solution alternative à base de plantes. Les crises de palu falciparum ne sont effectivement pas anodines, une forte montée en température peut créer un coma qui potentiellement peut conduire à la mort. En tant qu’étranger, notre organisme n’a pas les mêmes résistances que les locaux. Pour information, le palu reste la première cause de mortalité en Afrique, avec un enfant sur cinq qui décède avant l’âge de 5 ans, faute de soins. Lucile rêve d’un monde où chaque famille cultiverait dans son jardin l’artémésia, plante qui se développe facilement et pourrait ainsi soigner. Son combat qu’elle relate n’est pas simple avec la pression des groupes pharmaceutiques. Ils considèrent d’un mauvais œil cette plante qui pourrait mettre à mal leurs ventes d’antipaludéens, qui pourtant par ailleurs, génèrent de plus en plus de résistance auprès du parasite, véhiculé par les moustiques.
Le Sichem a contribué à la connaissance et maîtrise de cette culture. L’Artémésia se consomme soit en tisane à raison d’une tasse quotidienne en préventif ou sous forme de gélules, plus facile à prendre. Pour ce nouveau séjour en 2021, je combinerai antipaludéens à la Doxycycline aux gélules d’artémésia !
A ma grande surprise, nous sommes en saison sèche et le nombre de moustiques est bien réduit comparativement à la saison des pluies. Mais restons vigilants, il suffit d’une piqûre pour être infecté ! Nous avons enduit nos pantalons et chemises d’insecticide résistants au lavage et bien sur, nous nous vaporisons d’anti-moustique le soir! Nous prenons également un anti paludéen quotidien (Malarone ou doxycycline). Mais par expérience en 2018, cela ne m’avait pas empêchée d’attraper le palu ….
récolte artémésia Artémésia
En route pour la région de la Kara
8 h de bus sont nécessaire pour relier Lomé à Kara, 2° ville du pays au nord, avec ses 110000 habitants. Nous voyageons avec la compagnie d’état LK qui dispose de bus de qualité, confortables avec clim. Par contre, la télé y diffuse des séries genre « Plus belle la vie » en version africaine avec un volume sonore démentiel! Et la clim réglée à fond nous glace. Du coup, on est habillé comme en hiver avec boules quies pour ceux qui en ont ! Cela reste nénmoins préférable aux bus hyperbondés dont la révision des freins n’est pas garantie!
Quelques arrêts pour « se soulager » … pas vraiment d’intimité, sur le bord de la brousse, dans le caniveau qui borde la route…les femmes écartent juste les jambes sous le pagne …bref on se retient! A Aktapamé, pause plus longue de 15 min, le temps d’acheter quelques beignets, bananes, biscuits, mangues, avocats , œufs cuits durs pour se restaurer. Une danse de paniers, bassines remplies de fruits, eau, boissons fraîches, poisson séché, pain….s’active autour du bus. Nous sommes accaparés par toutes ces vendeuses qui espèrent une vente à 100 francs (0,65 ct €) ou plus ! Magnifique ballet coloré avec les bébés qui suivent le rythme, bien accrochés au dos de leur maman. Ensuite la route traverse la région des Plateaux par une montée sinueuse qui se révèle toujours périlleuse, en raison de nombreux camions hyper chargés qui peinent. Certains sont stoppés par leur mécanique qui n’a pas résisté ! Le bus doit alors slalomer entre ces véhicules à l’arrêt et ceux qui arrivent en face ! Et régulièrement, aux barrages militaires, l’officier armé jusqu’aux dents vérifie les papiers du véhicule et que l’on porte tous le masque…Le chauffeur a de toute façon prévenu les passagers à l’approche du contrôle!
Accueillis par nos partenaires de l’ONG A3E
Eugène, chargé de projets de sein de notre ONG partenaire nous accueille à Kara où nous allons nous installer dans une des chambres chez les sœurs de la Providence de Saint- Paul ….ce sera uniquement pour une nuit car les chambres disponibles sont trop petites et impossible d’y ouvrir toutes nos valises. Avec seulement un ventilateur, la température nocturne ne descendra pas en dessous des 30°!
L’équipe du bureau de l’ONG A3E nous attend…le plaisir de retrouver des personnes rencontrées en 2018 et de faire connaissance avec de nouvelles!!
Le programme qui nous attend pour les prochaines semaines s’annonce très chargé!